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Ferdinand II.

Philip. de

En vain le jeune Ferdinand II, fils d'Alphonfe, affembloit à Naples la Nobleffe & le Peuple, déteftoit humblement en leur préfence les vexations de fon Pere & de fon ayeul, & promettoit de fe gouverner par d'autres maximes. On le plaignit & on l'abandonna; il fe retira dans l'Ifle d'Ifchia, ordinaire asyle des Rois de Naples détrônés, & Charles VIII, plus heureux que Céfar, avoit vaincu avant que d'avoir vû.

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L'Europe entiere s'allarma d'un Comin, 1. 8. fuccès fi rapide, toute l'Italie ofa enfin s'armer contre le vainqueur,elle appella même des fecours étrangers une ligue formidable füt formée à Venife contre les François. A cette nouvelle Charles VIH, auffi leger Guicciard, que vaillant, fembla fe dégoûter d'une conquête, qui alloit lui coûter plus à conferver qu'elle n'avoit coûté à faire ; il quitta le Royaume de Naples & reprit précipitamment la route de France; mais il falloit parcourir de nouveau l'Italie entière: fon retour, fut plus traverfé que ne l'avoit été fon arrivée; les Confédé

tiv. 2.

tés tenterent de lui fermer le paffage, la victoire de Fornoue le lui ouvrit. Les Généraux qu'il laiffa dans le Royaume de Naples furent braves, imprudens & malheureux. D'Aubigny gagna la premiere bataille de Seminare, Percy fon Lieutenant tailla en pieces quatre mille Napolitains près d'Eboly; mais la maladie du premier, la préfomption indocile du fecond, firent plus de mal que leur valeur n'avoit fait de bien. Gilbert de Montpenfier, qui, en qualité de Gouverneur du Royaume de Naples, les commandoit tous deux, fut contraint pour fauver l'armée Françoife, qui s'étoit laiffée enfermer dans Atelle, de rendre le Royaume entier par une capitulation honteuse, que Philippe de Comines compare & c. 14. à celle, où le bonheur des Samnites Guicciard, força l'orgueil Romain près les Four- 1. 3. ches Caudines. D'Aubigny refufa de s'y foumettre. Montpenfier n'eut pas la douleur d'y furvivre long-tems, il mourut de la pefte à Pouzzols (1).

(1) Louis de Montpenfier, fon fils aîné, ayane

Phil. d:

Comines, I.

Ferdinand II, toujours cher aux Napolitains, qui ne l'avoient abandonné que par inconftance & par crainte, fut reçu dans toutes fes Places aux acclamations d'un Peuple enyvré de joie, & il ne refta aux François de cette expédition fi brillante, qu'une raison éternelle d'en détefter le fouvenir (1).

Alphonfe voyant ce retour de fortune, voulut quitter fon Cloître & reprendre le Sceptre ; il en fit parler à fon fils. Ferdinand fûr que l'affection des Peuples fe bornoit à fa perfonne & ne remontoit pas jufqu'à fon Pere, répondit qu'il falloit attendre que les affaires fuffent affez folidement rétablies, pour qu'Alphonfe ne fût pas obligé d'abandonner le Royaume une feconde fois. Il eût pu

fuivi quelques années après Louis XII dans l'expédition de Naples, alla prier fur la tombe de Gilbert la folitude, le filence, la trifteffe du lieu, cette efpece de préfence de fon Pere, qui lui en retraçoit tous les malheurs, firent fur fon ame une impreffion fi profonde de tendreffe & de douleur, que la fiévre le faifit, & qu'il mourut à Naples où on le tranfporta.

(1) On verra cette raifon au commencement du premier chap. liv. s. de certe Histoire.

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épargner à fon Pere cette dure ironie.

BATARDE.

Fréderic. 1496

Au refte il jouit peu de fon réta- ARRAGON bliffement, il mourut fans enfans l'année fuivante; Fréderic fon oncle lui fuccéda, & Naples dans l'efpace de trois années avoit vu cinq Rois différens; Ferdinand I, Alphonfe II, Ferdinand II, Charles VIII & Fré.deric.

DE FRANCE.

Louis XII.

1500

Louis XII en exerçant fes droits COURONNE fur le Royaume de Naples, crut devoir partager fa conquête, pour l'affurer davantage, il s'affocia le Roi d'Arragon Ferdinand le Catholique (1). Il lui céda la Pouille & la Calabre, fe réservant Naples, la Terre de Labour & l'Abbruzze: ce traité fut fecret & Fréderic l'ignora. Le Roi d'Arragon affectoit de roître le protecteur de ce Prince, fon proche parent qu'il alloit opprimer le Catholique. Sous prétexte de le fecourir contre les François, il envoya Confalve de

pa

(2) Ferdinand le Catholique étoit fils de Jean Roi d'Arragon, frere d'Alphonfe le Magnanime & fon fucceffeur aux Royaumes d'Arragon & de Sicile, mais non au Royaume de Naples, qu'Alphonfe avoit laiffé à Ferdinand fon bâtard.

ARRAGON LEGITIME,

Ferdinand

Guicciard,

liv. s. Liv. 6.

Cordoue, dit le Grand Capitaine, avec des troupes pour lefquelles il lui demanda quelques Places dans la Ca+ labre.Fréderic ouvrit fans défiance fes Ports & fes Places à Confalve. Le reSon pentir fuivit de près fon erreur. Louis XII fit attaquer le Royaume de Naples par deux armées, l'une de terre, l'autre de mer; en même-tems les Espagnols leverent le mafque, & rendant public leur traité avec la Fram ce, commencerent les hoftilités : le fuccès des alliés fut rapide, Fréderic enveloppé de tous côtés, ne pouvoit que s'indigner de la perfidie de Ferdinand; mais connoiffant la franchife & la bonté de Louis XII, it lui remit fes Places, il fe remit luimême entre fes mains, il paffa en France, où on lui donna une penfion de trente mille écus, qui fut exactement payée, même après que les François eurent été chaffés du Royaume de Naples. Frédéric parut goûter les douceurs d'une condition privée; regretta peu fes grandeurs paffées, & s'il fe livra quelquefois à l'efpérance d'être rétabli, ce fut toujours

il

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