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ches d'Orléans & d'Angoulême. L'éclat & le crédit que ces deux alliances avec la Maifon de France donnerent aux Vifcontis, leur firent obtenir de l'Empereur Venceflas, les titres de Ducs de Milan & de Ducs de Lombardie: car tous ces petits Souverains qui s'élevoient alors en Italie, lorfqu'ils vouloient joindre Pauli Jovia les titres à l'autorité, s'adreffoient vice duode toujours ou au Pape ou à l'Empe- mitum, Mereur, fuivant qu'ils étoient ou Guel- diolani Prin phes ou Gibelins.

cim vice co

cipum.

Argumen tum devoluta

Mediolan. ad

Aureliano

On avoit ftipulé dans le contrat de mariage de Valentine de Milan, hæreditatis qu'au défaut d'enfans mâles iffus de Jean Galéas, Pere de Valentine, le rum Princi Duché de Milan, appartiendroit à Valentine & à fa poftérité. Jean Galéas eut deux fils qui fe fuccéderent l'un à l'autre, & moururent fans enfans.

Alors on vit paroître une foule de Prétendans.

L'Empereur Fréderic réclamoit fur Milan les droits furannés de l'Em pire.

Le Duc de Savoye, les Vénitiens,

pum domuma

Grav. antiquit, Ital, ta

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dévoroient dans leur cœur cet Etat fans alléguer d'autres droits que celui de voisinage & de bienséance.

Alphonfe, Roi d'Arragon, raviffeur heureux du Royaume de Naples, efpéra auffi de s'emparer du Duché de Milan, à la faveur d'un teftament par lequel le dernier (1) Visconti, frere de la Ducheffe d'Orléans, l'avoit inftitué fon héritier.

Charles Duc d'Orléans, fils de Valentine, paffa en Italie, pour faire valoir les droits qu'il tenoit de fa mere; mais il ne put obtenir que le Comté d'Aft. Les Milanois amoureux de la liberté, ne vouloient plus de Maîtres, il leur en vint cependant du côté qu'ils en attendoient le moins. Un homme (2) dont la fortune

(1) Il reftoit encore des Vifcontis, mais qui n'étoient point de la branche Ducale, & qui n'avoient ni droits ni prétentions au Duché. On verra quelques-uns de leurs defcendans, figurer en fubalternes dans les troubles du Milanès fous François I.

(2) Il fe nommoit Attendulo ou Jacomuzzo. Les uns le font fils d'un Cordier, les autres d'un Cordonnier, mais Sanfovin & Leodrifius Cribelli lui donnent une origine noble, & Paul Jove dit qu'il étoit d'une honnête famille. C'eft peut-être l'amour du merveilleux qui a fait prévaloir l'opinion qu'il étoit d'une baffe origine.

n'avoit

berti.

Ital.

Defcript.

SFORCE.

n'avoit fait qu'un payfan, & dont Léandre Alelle prit plaifir dans la fuite à faire un Héros, labouroit en paix les champs de Cotignole. Des Soldats Romanula. paffant fous les yeux, cet afpect lui fit éprouver ce que la fable raconte d'Achille, qui, à la vue des armes qu'Ulyffe lui présenta, démentit fon déguisement par un inftinct plus prompt que la réflexion. Attendulo fentit de même qu'il étoit né pour les armes & pour la gloire. Il crut cependant devoir confulter le fort; il jetta le coûtre de fa charrue fur un arbre, réfolu de s'enrôler fi le coûtre. y reftoit, & de s'en tenir à fon état de Laboureur s'il retomboit. Le coûtre refta fur l'arbre: Attendulo partit; il ne fervit pas long-tems fans qu'on s'apperçût qu'il étoit né pour commander; il paffa rapidement par tous les degrés Militaires, & devenu bien-tôt le plus fameux Capitaine de I'Italie, il vit jufqu'à fept mille Volontaires raffemblés fous fes enfeignes; il vendit fes fecours à ces Souverains d'Italie qui faifojent toujours la guerre qu'ils ne fçavoient point Tome I.

E

faire. Ce fut lui qui eut la gloire de délivrer Jeanne feconde, Reine de Naples, affiégée dans un des Châteaux de fa capitale par Alphonfe Roi d'Arragon. Attendulo portoit alors le nom de Sforce, nom de guerre qu'il rendit le plus illuftre de fon Leodif. tems. Une mort malheureuse termivitâ rebufque na cette honorable carriere; fon gettis Sfor- chevalle précipita dans une fondriere où il fut noyé.

Cribelli de

tiæ, &c.

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Il laiffa des fils légitimes que leur médiocrité a replongés dans le néant. Mais François Sforce, fon bâtard, marcha fur fes traces, égala sa gloire & furpaffa fon bonheur. Protecteur & Conquérant du Milanès, il le défendit contre tous les voifins avides qui cherchoient à l'envahir, & le prit pour lui-même. Il n'alla point demander une vaine inveftiture au Pape ni à l'Empereur; il n'étoit ni Guelphe ni Gibelin, il n'étoit que vaillant. L'avare Fréderic lui offrit, dit-on, fon inveftiture pour quelque argent, & il n'en voulut pas (1)."Il

(1) Des Auteurs difent qu'il la demanda, mais

avoit époufé la bâtarde du dernier Duc de Milan du nom de Visconti; ce titre appuyé de fon épée, lui paroiffoit fuffifant ; il n'en avoit pas eu d'autre pour fuccéder aux biens de fon pere, qui confiftoient dans l'armée qu'il commandoit.

monetæ re

Stortiæ Me

Les talens politiques de Sforce éga- Joannis Siloient fes vertus guerrieres. Louis XI, ram geftarum qui fe connoiffoit en hommes habi- Francifci les, le confultoit comme un Sage; di lanenf. ce fut François Sforce qui lui traça Ducis hiftor. le plan qu'il fuivit pour difliper la ligue du bien public; auffi Louis XI ne fouffrit-il jamais que la Maifon d'Orléans qu'il haiffoit, troublat Sforce dans la poffeffion du Milanès. Ce Tyran, fi digne d'ètre un Prince légitime, fit pardonner fon ufurpation par la douceur & la juftice de fon Gouvernement. Il fortifia & embellit fon Etat ; ce fut lui qui fit conftruire le Château de Milan, regardé long-tems comme une fortereffe imprenable.

que Frederic la refafa, parce que. Sforce ne voulut s'engager ni a payer tous les ans un cens confidérable, ni à rendre la Ville de Parme à l'Empire.

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