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bler ici des réfléxions que j'ai eû occafion de difperfer ailleurs

( 1 ) à propos de quelques hif

toires formées fur le plan chronologique.

pre

La forme des Annales ou la forme chronologique eft la mière qui a dû fe préfenter aux Hiftoriens, c'est la plus fimple, les efprits ordinaires la faififfent d'abord, elle dispense de toute invention, elle a même fur les autres méthodes une forte d'avantage, celui de montrer les événemens dans l'ordre où ils fe font paffés, & d'être par conféquent un tableau plus fidèle de la réalité dans toutes fes circonf

tances.

Mais d'un autre côté rien de plus fatiguant dans une histoire d'une certaine étenduë que cet

(1) Journal des Sçavans, Juillet 1755 å Octobre 1759.

afferviffement fcrupuleux à l'ordre chronologique. Ce plan ne présente jamais un fait, un tableau entier, toujours des portions de faits, des morceaux de tableaux, qui faute de fuite & de contexture ne peuvent le grafe ver dans la tête. C'eft la liaifon des faits, c'est l'unité, c'eft l'in tégrité du tableau qui peuvent s'emparer de l'imagination du Lecteur & y faire une impreffion durable, tantùm feries juncturaque pollent! Dans les Annales l'in térêt n'a jamais le temps de fe former, & s'il fe formoit, ce ne feroit que pour impatienter le Lecteur, qui fe verroit à tout moment enlever à tous les objets de fa curiofité & tranfporter avec une rapidité gênante à des événemens toujours différens, toujours coupés, jamais liés, jamais finis. L'attention

ainfi égarée, entraînée malgré elle vers des objets étrangers les uns aux autres, eft obligée de fe ranimer d'elle-même avec effort, de revenir sur ses pas, de fe demander ce qu'eft devenu l'objet dont elle s'occupoit d'abord & qu'elle ne reverra pas de long-temps, ce que deviendra celui dont elle s'occupe à préfent, & s'il ne difparoîtra pas de même pour ne reparoître que lorfqu'il lui fera devenu indiffé

rent.

L'ordre chronologique laisse au Lecteur la peine de décompofer l'Hiftoire pour retrouver le fil des mêmes faits; il faut qu'il rapproche laborieusement les traits épars, les portions de faits répandues çà & là dans un grand ouvrage & féparées par de longs intervalles. Mais ces rapprochemens, ces combinaisons,

tout cet embarras enfin, n'étoitce pas à l'Auteur à s'en charger? N'est-ce pas lui que regarde le foin d'arracher toutes les épines, de lever tous les obftacles qui peuvent dégoûter de l'inftruction en la rendant plus difficile? Quelle obligation avez-vous à un Maître qui ne veut vous inf truire que felon la méthode qui lui coûte le moins & qui vous coûte le plus ? Le Lecteur s'inf truiroit fans doute avec plus d'agrément & d'utilité dans une hiftoire où tous les faits d'un ordre différent feroient traités à part, & où les événemens d'un même ordre, liés avec art & conduits fans interruption depuis leur origine jufqu'à leur terformeroient un tiffu entier que l'efprit pût embraffer d'un coup d'œil. La chronologie feroit fatisfaite, car cette métho

me,

de redoubleroit en quelque forte l'obligation de marquer exactement l'époque de toutes les portions de faits réunies, comme on marquoit dans l'ordre chronologique l'époque de toutes les portions de faits difperfées. Or, la chronologie n'a rien de plus à prétendre, & ce tribut une fois payé, on a droit de renverfer l'ordre chronologique pour l'intérêt de la narration.

Il eft poffible que ces raifons ne foient pas auffi decifives qu'elles me l'ont paru, en ce cas je n'ai plus rien à dire, il faut reprendre la méthode chronologique.

3°. Le fonds de cet ouvrage étant l'Hiftoire du règne de François I., j'ai placé dans l'introduction tout ce qui précède fon règne. Cette introduction eft divifée en quatre chapitres.

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