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sè, amarè, comiter, remissè, Jubtiliter, blandè, leniter, dulciter, breviter, urbanè, non ubique fimilis, fed ubique par fibi. Je parle beaucoup ici pour la variété dans le ftyle hiftorique, le Lecteur trouvera peut-être que j'en ai parlé fans intérêt.

Il me reste à parler d'un article auquel j'ai certainement intérêt, c'eft celui des harangues directes, j'en ai mis plufieurs dans cette Hiftoire, non parce que les grands Hiftoriens de l'Antiquité en mettoient dans les leurs, (cet exemple peut autorifer & ne doit point déterminer), mais parce qu'elles me paroiffent un ornement naturel de l'Hiftoire. Le P. Rapin qui les condamne, avoüe cependant qu'elles font infpirées par la nature, & qu'on ne fait guè res de récit, fans s'interrompre

foi-même naturellement pour faire parler les Acteurs. Les modernes n'ont point aussi univerfellement abandonné l'usage de ces harangues qu'on paroît le croire; M. de Thou, Guichardin, Strada, Mariana en font pleins; Mezeray même en a beaucoup dans fa grande Hiftoire. Nous n'examinons pas fi toutes ces harangues font bien faites & bien placées, fi elles produisent tout leur effet, fi elles ne produisent pas même quelquefois un effet ridicule, ce fe. roit la faute des Hiftoriens, & cela ne prouveroit rien contre l'ufage des Harangues.

Cette question n'est pas nouvelle, elle a été tant agitée que le parti qu'on prend à cet égard n'eft plus qu'une affaire de goût & d'opinion; ceux qui voudront pefer les raifons favorables aux

Harangues, les trouveront bien expofées dans la Préface latine de Tite-Live, donnée en 1735 & dans la Préface de la traduction françoife de Guichardin. J'ajouterai ici peu de choses. L'objection la plus forte contre les Harangues, fe fire de la petite infidélité qui fe trouve à mettre dans la bouche d'un des perfonnages un difcours qu'il n'a certainement pas fait, du moins tel qu'on le rapporte.

Je répons: que je ne puis voir une infidélité réelle, où d'un côté perfonne ne veut tromper, & où d'un autre côté perfonne ne peut être trompé. Certainement nul n'attribue ces Harangues au perfonnage, le Lecteur ne s'y méprend point & l'Hiftorien feroit fâché qu'on s'y méprît ; il y a fur cela entre l'Hiftorien & le Lecteur une convention tacite

qui diffipe jufqu'à l'ombre de l'infidélité.

Si pourtant quelque Hiftorien a jamais pû laiffer la moindre équivoque à cet égard, du moins il n'en reftera point ici car je déclare, s'il le faut, que toutes les Harangues qu'on trouvera dans cette Hiftoire, bonnes ou mauvaises, font de moi, quant à la forme ; mais je déclare auffi avec la même vérité que j'en ai toujours pris fidélement le fonds dans des Mémoires autentiques, & j'ai eû foin d'indiquer mes fources.

Parmi les Détracteurs des Harangues, les uns les profcrivent toutes indiftinctement, les autres permettent les Harangues indirectes & ne condamnent que les directes.

On peut répondre aux premiers qu'ils réduisent l'Hiftoire

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à la féchereffe d'une Chronique, en interdisant à l'Hiftorien un moyen naturel de développer les causes des actions & les motifs des Agens; de montrer l'origine, la marche, le terme des événemens dans les paffions, dans les foibleffes, dans les erreurs, dans' les lumières, dans les vertus des hommes, comme Ciceron (1), Tacite (2), & fur-tout la raifon l'éxigent. Qu'on preffe bien le motif fcrupuleux qui fait profcrire jufqu'aux Harangues indirectes, on verra qu'il n'a point de bornes, & qu'il va

(1) Rerum ratio vult, ut quoniam in rebus magnis confilia primùm, deindè alta,. pofteà eventus expectantur, in rebus geftis declarari non folum quid actum aut dictum fit; fed quomodò, & cùm de eventu dicatur, ut caufa explicentur omnes. Cic. Lib. 2. de Ora

tore.

(2) Ut non modò cafus eventusque rerum .. fed ratio etiam caufæque nofcantur. Tacit, Annal. Lib. 14.

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