CONSTANTIN ville fur un char, dans lequel Apo lafar étoit couché fous les pieds du Ann. 954. Prince. Léon fut magnifiquement récompenfé de cette brillante victoire. XXVIII. battu. Le début de Nicéphore ne fut pas Nicéphore fi heureux. Il avoit affemblé une grande armée compofée de Grecs, de Ruffes & de Bulgares, & s'étoit chargé de combattre Chabdan. La bataille fut fanglante & la victoire long-temps difputée. Enfin elle demeura aux Mufulmans. Conftantin Phocas qui fervoit fous fon frere fut pris & conduit dans Alep. Chabdan ayant fait tous fes efforts pour l'engager à fe faire Mahométan, & le trouvant inébranlable, le fit mourir par le poifon. Cette trifte nouvelle caufa au pere tant de douleur & de colere, qu'il obtint du Prince la permiffion de faire maffacrer tous les parens de Chabdan, qui fe trouvoient à Conftantinople entre les prifonniers. L'Empereur ne fut pas long-temps fans fe repentir de fa cruelle condefcendance. Ayant envoyé après la fin de la campagne un VII. de fes Officiers, nommé Paul Monomaque, pour faire à Chabdan des CONSTANTIN propofitions de paix, l'Emir chaffa Ann. 954. le député de fa préfence, en proteftant qu'il n'entendroit à aucun accommodement, que tous fes parens ne fuffent vengés. Ann. 956. tc. XXIX. Mort de Le patriarche Théophylacte scandalifoit depuis plus de vingt ans l'églife de Conftantinople. Dans une cavalcade, ce qui faifoit fon occupa- Théophylaetion ordinaire, s'étant froiffé rudement contre une muraille, il fut pris d'une violente hémorragie. Après deux ans de maladie, pendant lefquels ils continua fon commerce fimoniaque, il mourut hydropique en 956 le 27 Février. Pour réparer le mal qu'avoit fait ce mauvais prélat, l'Empereur nomma patriarche Polyeucte, né à Conftantinople. Ses parens par un efprit de dévotion fort mal entendu, mais affez ordinaire en ce temps-là, le deftinant à la vie monaftique, l'avoient fait eunuque des l'enfance. La vocation qu'ils lui avoient donnée, fe trouva par bonheur être la fienne. Il fut l'exemple VII. des Monafteres, & devint auffi éclaiCONSTANTIN ré dans la fcience du falut, qu'il étoit Ann. 956. vertueux & détaché de tout intérêt. L'Evêque d'Héraclée, qui devoit facrer le patriarche, étant alors dans la difgrace de l'Empereur, Polyeucte fut ordonné par le Métropolitain de Céfarée, auquel cette fonction appartenoit au défaut de celui d'Héraclée. Cette circonftance commença d'indifpofer contre le nouveau prélat plufieurs Evêques, qui regarderent fon ordination comme irréguliere. Polyeucte augmenta ce mécontentement en inférant dans les diptyques le nom du patriarche Euthymius qui avoit admis à la communion l'Empereur Léon excommunié par Nicolas après fes quatriemes noces. Il fe forma un fchifme, mais qui fut de courte durée par complaifance pour l'Empereur, & qui rendit ces prélats également ridicules par la caufe de leur féparation & par la légéreté de leur réconciliation. Polyeucte moins courtisan qu'Evêque, perdit bientôt lui-même les bonnes graces de l'Empereur par la liberté qu'il prit de lui CONSTANTIN VII. faire des remontrances fur les malverfations de fes proches, qui pilloient l'Eglife & l'Empire. Théodore évê- Ann. 956. de Cyzique, homme puiffant en intrigues, fouleva une partie du clergé, & l'Empereur féduit par ces cabales cherchoit l'occafion de dépofer Polieucte, lorsque la mort fit échouer ce mauvais deffein. Dans ce temps on reçut à Conftantinople avec grande folemnité une relique, qu'on difoit être une main de faint Jean Baptifte. Un diacre nommé Job l'avoit fubtilement enlevée de l'églife d'Antioche. La fuperftition commençoit alors à autorifer ces pieux larcins, & les Eglifes par une fauffe dévotion fe déroboient mutuellement les objets refpectables de leur culte. Les Sarafins Incert. con Conftantin vers la fin de fon ré- XXX. gne remporta plufieurs avantages fur vaincus fur les Sarafins, tant en Orient qu'en mer. Italie & en Sicile. Bafile né à Hexa- tin. p. 282.j mile, qui étoit l'ancienne Cardie à l'entrée de la Cherfonèfe de Thrace, s'étoit élevé de bonne heure par fon mérite à la dignité de patrice. L'Empereur lui avoit donné la préfecture de Cibyre, place importante à cause CONSTANTIN du voisinage de Tarfe dont les Muful VII. mans étoient maîtres. Il avoit fous Ann. 956. fon commandement une petite flotte pour la défenfe des côtes fans ceffe infeftées par les pirateries des Sarafins. Il apprit que les ennemis avoient mis en mer dans le port de Tarfe un grand nombre de navires bien équippés, qui venoient porter le ravage fur les côtes de Pamphylie & de Lycie. Il raffemble auffitôt le peu qu'il avoit de vaiffeaux, vogue au-devant des Sarafins, les attaque, & après un choc violent, voyant fa petite flotte prête à fuccomber fous le nombre, il fe jette au milieu des ennemis s'attache à l'amiral Sarafin, l'embrafe de feu Grégeois, & vomiffant la flamme de toutes les parties de fon bord, qui fembloit être une fournaife ardente, fecondé du refte de fa flotte, il prend, ou brûle, ou coule à fond toute la flotte ennemie. Les Mufulmans les plus diftingués furent épargnés & conduits à Conftantinople, où l'Empereur fe donna encore les honneurs du triomphe, traînant |