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la galere impériale au port de Prénete près de Nicomédie, d'où il fe CONSTANTIN rendit à Nicée, & delà au mont- Ann, 959. Olympe. On dit que l'abbé du Mo

VII.

naftere, qui n'étoit rien moins que

courtifan, lui mit fous les yeux un

diplôme de fon pere Léon, qui déclaroit qu'étant venu en ce lieu pour obtenir un fils par les prieres des faints Religieux, l'abbé Pierre lui avoit prédit que fes vœux feroient exaucés, & que le fils qui devoit naître viendroit lui-même au montOlympe fur la fin de fa vie. On ajoute que Conftantin ayant reconnu l'écriture de fon pere, loin d'être allarmé de cette prédiction, répondit avec courage, qu'il en fentoit la vérité. Après avoir vifité par des fentiers rudes & difficiles les cellules des Anachoretes, difperfées dans les retraites les plus escarpées de la montagne, il defcendit à Prufe, où il fe baigna dans des fources d'eaux chaudes, qui paffoient pour fort falutaires. Mais elles ne purent le guérir d'une douleur d'inteftins & d'une fievre ardente qui le confumoit. Sentant fa fin

VII.

Ann. 959.

approcher, il retourna une feconde CONSTANTIN fois au Monaftere, mangea avec les Moines, fe recommanda à leurs prieres & regagna fon vaisseau. Son mal qu'il avoit caché avec foin, ne pouvant plus fe déguifer, il fe vit dans ce retour environné des larmes & des fanglots de fes domeftiques, qui le pleuroient déja comme mort. Il ne lui reftoit qu'un fouffle de vie, lorsqu'il rentra dans Conftantinople. Il eut cependant affez de force, pour recommander à fon fils le foin de l'Empire, & à Jofeph Bringas fon principal miniftre, celui de la perfonne de fon fils. Il expira le 15 Novembre 959 au milieu des pleurs de fa famille, & ceux-mêmes qui lui donnoient la mort, fe diftinguerent fans doute par des démonftrations de douleur: car on foupçonna fon fils d'avoir achevé par une feconde dofe de poifon le crime que la premiere avoit commencé. La mort de ce Prince, tout médiocre qu'il étoit fut amérement pleurée de fes fujets, le peuple par une forte de fympathie aimant à s'attendrir en faveur d'un

VII.

Prince foible, quand fa foibleffe ne lui eft point onéreufe. Le récit des CONSTANTIN hiftoriens nous apprend quelques par- Ann. 959. ticularités des cérémonies funebres alors en ufage à l'égard des Empereurs. Le corps fut d'abord expofé, la face découverte, dans la falle qu'on nommoit des dix-neuf lits, où le faifoit le feftin de la fête de Noël. Après y avoir chanté des pleaumes, on le transporta dans le veftibule du palais, nommé Chalcé. Là le Patriar che fuivi du Clergé, les grands Officiers de l'Empire, les Patrices & tout le Sénat, vinrent lui faire la révérence, & lui donnerent le baifer. Ce qui étant achevé, le Maître des cérémonies cria à haute voix, Sortés Empereur; le Roi des Rois, le Seigneur des Seigneurs vous appelle. Il prononça par trois fois ces paroles, qui furent à chaque fois fuivies des cris lamentables de tous les affiftans. On leva enfuite le corps, qui fut porté en grande pompe à l'églife des faints Apótres, où le chambellan Bafile l'ayant de fes propres mains enveloppé d'un fuaire, le dépofa dans le

tombeau de fon pere Léon. Il étoit

CONSTANTIN âgé de cinquante-cinq ans ; il en VII. avoit regné quarante-huit; treize Ann. 959. mois avec fon oncle Alexandre, fept

ans fous la tutelle de fa mere Zoé, vingt-cinq ans comme en efclavage fous le régne de Romain, & quinze ans feul, mais toujours gouverné par fa femme & par fes miniftres. Il auroit confervé quelque eftime par fes écrits, s'il n'eût pas été fait pour gouverner les hommes, plûtot que pour les inftruire. Il avoit paru une comete à fa naiffance; il s'en montra une à sa mort, & le rapport de ces deux phénomenes donna grand fujet de difcourir. On rapporte encore que peu de temps avant fa mort, on entendit pendant plufieurs nuits le bruit d'une grêle de pierres, qui tomboient fur l'appartement où il étoit couché ; qu'il fit faire fentinelle autour du palais pour découvrir les auteurs de cette infulte ; que cette grêle continua aux yeux des furveillans, mais qu'ils ne virent perfonne : ce qui fit croire qu'elle partoit d'ailleurs que de la main des hommes. On

peut ici fans témérité nier l'effet ou la cause.

CONSTANTIN
VII.

XXXIX.

Les Bafill

ques.

Giann. hift. Nap. l. 7. c.

2.

Celui des ouvrages de ce Prince, Ann. 959. qui convenoit le mieux à un Souverain, étoit, outre fes Novelles, le recueil des Bafiliques. Il travailla de nouveau fur ce grand carps de loix qu'avoient données fon grand-pere & fon pere. Il le corrigea, y fit des changement confidérables, & ordonna que fa collection fût fubftituée aux premieres Bafiliques, & qu'elle fût feule autorifée en Orient. C'est ce qu'on appelle les Bafiliques poftérieures. En effet elles ont toujours été confidérées comme la bafe de la jurifprudence Grecque, tant que cet Empire à fubfifté. On en fit enfuite un abrégé fommaire, fous le nom de Synopfe, que quelques auteurs attribuent à fon fils Romain.

• Ann. 960

XL.

Ce Prince furnommé le Jeune pour le diftinguer de Romain Lécapene, étoit âgé de vingt-un ans. Le plus Commencegrand avantage de fon régne, fruit mens de Rodéteftable d'un parricide, tut d'étre Cedr. p.642. de courte durée. Il commença par Zon. p. 196. augmenter les pensions des chambel- Mana, paga

main.

644, 645.

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