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1.295..

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1299.

1300.

Celeflin & fa prifon. XXXV11. Boniface veut concilier les prin-

ces. XXXVIII. Pamiers évêché. XXXIX. Suite de la vie de Rai-
mond Lulle. XL Promotion de cardinaux. XL1. Mort du pape
Celeftin. XLII. Frideric roi de Sicile. XL111. Bulle Clericis laïcos.
XLIV. Réponse du roi aux prétentions du pape. XLV. Gilles de
Rome archevêque de Bourges. XLVI. Guillaume Duranti évêque
de Mende. XLVII. Differend entre le roi Edouard & l'archevêque
de Cantorberi. XLVIII. Le pape donne le royaume de Sardaigne.
XLIX. Differend du pape avec les Colonnes. L. Ordre de faint An-
toine. LI. Explication de la bulle Clericis laïcos. LII. Canonifa-
tion de faint Louis. LIII. Saint Louis évêque de Touloufe. Liv. Fin
de Pierre-Jean d'olive. LV. Condamnation des Bizoques. LVI.
Ecrits du patriarche Athanafe trouvé à C. P. LVII. Mort de Fean
Veccus. LVIII. Le B. Auguftin de Sicile. LIX. Mort d'Adolfe.
Albert roi des Romains. LX. Promotion de cardinaux. LXI. Sex-
te des Decretales. LXII. Paleftrine ruinée. LXIII. Jacopon frere
Mineur. LXIV. Bulles pour les freres Mandians. LXV. Freres
mendians évêques. LXVI. Chanoines feculiers à Latran. LXVII. Con-
cile de Roien. LXVIII. Eglife de Danemarc. LXIX. Inftitution de
Jubilé.

DISCOURS

हें

I

ལུ

SIXIEME DISCOURS

SUR

L'HISTOIRE ECCLESIASTIQUE.

CROISADES.

I.

Origene des Croilades.

32.

ES Croifades font une partie confiderable de l'hiftoire de l'eglife pendant le douziéme & le tre ziéme fiécle, & font une des principales fources du changement de la difcipline: vous en avez vû la fin; confiderons auffi leur commencement & leur progrez. L'origine des Croisades furent les pelerinages à la terre fainte, devenus frequens depuis le regne de Conftantin, Hift. liur. [x1. no après que la croix fut trouvée, & les lieux faints rétablis. On y venoit de toute la Chrétienté bornée prefque à l'empire Romain, dont la grande étendue rendoit le voyage facile, même de Gaule, d'Ef- 3. difc. nu. 5. pagne & des autres provinces les plus reculées; & cette liberté continua pendant trois cens ans, nonobftant la chûte de l'empire d'Occident; parce que les roiaumes qui fe formerent de fes débris, demeurerent Chrétiens, & peuplez de Romains, quoiqu'affujettis à des barbares. Le grand changement n'arriva qu'au feptiéme fiécle par la conquête des Arabes Mufulmans feparez de nous par la religion, la langue & les mœurs. Toutefois comme ils Lifoient aux Chrétiens leurs fujets le libre exercice de la religion, ils permettoient les pelerinages; & faifoient eux-mêmes celui de Jerufalem, qu'ils nomment la maifon fainte, & l'ont en finguliere veneration.

Les Chrétiens d'Occident continuerent donc fous la domination des Mufulmans à vifiter les faints lieux de la Paleftine, quoiqu'avec. plus de difficulté qu'auparavant; & il nous refte quelques relations de leurs voyages, comme celle d'Arculfe, évêque François, écrite par Alamnan abbé Irlandois fur la fin du feptiéme fiécle. Ces pelerin's voyant la fervitude fous laquelle gemifoient les Chrétiens d'Orient, en faifoient fans doute à leur retour de triftes peintures; relévant l'indignité de voir les lieux faints au pouvoir des ennemis.

Hift. liv. x11. no 10. act.SS Bened

to. 4. p. 502.

Hift. liv. XLII.

n. 14.

Greg. lib. 11. ep.

3 L.

Hift. lui. LXI. n.

12.

du nòm Chrétien; & toutefois plufieurs ficlces fe pafferent avans l'on fit aucune entreprife pour les délivrer.

que

Il est vrai que les empereurs Grecs étoient prefque toûjours en • guerre avec les Mufulmans: mais c'étoit pour la défenfe generale de leurs frontieres, plutôt que pour la conquête particuliere de Jerufalem. Les Goths, les François, les Lombards & les autres peuples qui dominoicnt en Occident furent long-tems occupez des guerres qu'ils avoient entr'eux & contre les Grecs. Enfuite ils fe trouverent engagez à fe défendre contre les Mufulmans, qui peu de tems après leur commencement conquirent l'Espagne, te répandirent bien avant en France, & s'établirent en Sicile: d'où ils faifoient des defcentes en Italie, & jufques aux portes de Rome. On s'eftimoit bien heureux de les repouffer, loin d'aller au delà des mers porter la guerre chez eux. Charlemagne fi puiflant, fi grand guerrier, fi zelé pour la religion, n'employa fes armes contre les Sarrafins que fur les frontieres d'Efpagne; & il fongcoit fi peu à les attaquer en Orient, qu'il entretint toûjours alliance & amitié avec le Calife Aaron, qui lui envoya la clef du faint fepulchre, en figne de la liberté du pelerinage. Le voyage de Charlemagne à la terre fainte eft une fable inventée depuis les Croisades.

Ce ne fut qu'à la fin de l'onziéme fiécle que les Chrétiens d'Occident s'unirent pour former une entreprife commune contre les ennemis de la religion; & le pape Gregoire VII homme courageux & capable de vaftes deffeins en fut le premier auteur. Il étoit fenfiblement touché des triftes relations qu'il recevoit de l'état des Chrétiens Orientaux opprimez par les Infideles, & en particulier par les Turcs Seljouquides, qui venoient de s'établir en Afie: il avoit excité les princes d'Occident à s'armer contre eux, & il étoit déja fûr de cinquante mille hommes, à la tête defquels il pretendoit marcher, comme il le témoigne dans une lettre à l'empereur Henri. Mais des affaires plus prochaines & plus preffantes empecherent Gregoire d'executer ce projet, qui le fut vingt-ans après par Urbian II. Il y avoit eu des preludes à ces entreprifes: les pelerins marchoient à la terre fainte en grandes troupes & biens armez. Un exemple illuftre font les fept mille Allemans qui firent le voyage en 1064. & fe qui défendirent fi vaillamment contre les voleurs Arabes une telle caravane étoit une petite armée, & les croifez ne furent que des pelerins

affemblez.

Outre les principaux motifs d'ouvrir le chemin aux pelerinages, & de fecourir les Chrétiens d'Orient, je ne doute pas que Gregoire & Urbain n'euffent en vue de mettre pour toujours l'Italie à convert des infultes des Sarrafins, & de les affoiblir en Espagne, où leur puiflance en effet a toûjours diminué depuis les Croitades. EnT. 10. Conc.pag. fin le pape Urbain fait entrevoir dans un de fes fermons un autre motif important; c'cft d'éteindre les guerres particulieres qui re

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28.41.

gnoient en Occident depuis plus de deux cens ans, & qui tenoient les Hift. liv. LIX. m.
feigneurs continuellement armez les uns contre les autres. La Croifa-
de fut plus utile pour cet effet que n'avoit été la trêve de Dieu, établie
par plufieurs Conciles vers l'an 1040. pour fufpendre pendant cer-
tains jours de la femaine les Acte, d hoftilité. La Croifade tourna con-
tre les Infideles, les forces que les Chrétiens emploioient à fe detruire
eux-mêmes: elle affoiblit la nob'effe, l'engageant à des dépenfes im-
menfes; & les fouverains cependant prirent les deflus, & rétablirent
peu à peu leur autorité.

Je ne voi point que l'on ait mis alors en queftion, fi cette guerre étoit jufte : tous les Chrétiens d'Orient & d'Occident le fupoloient

également. Toutefois la difference de la religion n'eft pas une caufe 2.2. q. 10. 4.8,
fuffifante de guerre ; & faint Thomas écrivant dans le treiziéme fiecle,
lorfque les Croifades étoient encore frequentes, dit qu'on ne doit
pas contraindre les Infideles à embraffer la foi, mais feulement que
les fideles doivent, quand ils le peuvent, employer la force pour
les empêcher de nuire a la religion, foit par leurs perfuafions, foit
par leurs perfecutions ouvertes. Et c'eft pour cela, continue-t-il, que
les Chrétiens font fouvent la guerre aux infi leles; non pour les con-
traindre à croire, mais pour les contraindre à ne pas mettre d'obftacle à
la foi. Sur ce fondement les princes Chrétiens ont crû de tout tems
être en droit de proteger les Chrétiens étrangers opprimez par leurs fou-
verains. Ainfi Theodofe le jeune refufa de rendre au roi de Perfe les
Chrétiens Perfans refugiez chez les Romains; & lui déclara la guerre
pour
faire ceffer la perfecution. De ce genre fut l'occafion de la pre-
miere Croifade: l'empereur de C.P. imploroit le fecours des Latins
contre la puiffance formidable des Turcs Seljouquides; & les Chré-
tiens d'Orient le demandoient encore plus inftamment par les lettres la-
mentables du patriarche de Jerufalem, que Pierre l'Ermite apporta au
pape Urbain.

Il faut auffi convenir de bonne foi que l'averfion des Chrétiens pour les Mufulmans eut grande part au deffein de la Croifade. On les regardoit comme une nation maudite, comme des ennemis declarez de la vraie religion, faifant profeffion d'établir la leur en tous lieux par la force des armes. Leurs propres fujets ne pouvoient s'accoûtumer à leur obéir. Saint Jean Damafcene vivant dans la capitale de leur empire un ficcle après leur conquête, adreffe la parole à l'empereur Leon Ifaurien, comme à fon fouverain legitime. Cinquinte ans après les patriarches d'Orient dans leurs lettres au feptiéme Concile general reconnoiffent de même les empereurs Grecs pour leurs maîtres, & traitent les princes Musulmans de tyrans execrables. Enfin les Chrétiens d'Efpagne n'étoient pas encore aprivoisez avec eux au milieu du neuviéme fiecle, comme on voit dans faint Euloge de Cordoue. J'avoue que je ne reconnois plus ici le premier efprit du Chriftianifme, ni cette foûmiffion parfaite aux empereurs Payens

Socra. 11. hift.

.18.
Hift. liv. XXIV.

ጸ.

29

Liv. LXIV. n.31.

Hist. liv. XLII.
ทน. 19.

Damafc. de
mag.or.2 n. 12.
To. VII Conc. p.

170. 175.
Hift liv. XLIV.

22.33•

Evlog, Memor.

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