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tout à l'édification & l'utilité du peuple, qui écouAN. 1274. toit les fermons avec refpect comme s'ils fuffent venus de Dieu. Il difoit fouvent qu'il ne comprenoit pas comment des religieux pouvoient parler d'autre chofe que de Dieu, & de ce qui fert à l'édification des ames.

XXXV.

Commence

mens de S Pier

re Celeftin.

Boll. t.15.p.sos

p.499. n.

P.422.12.20

Le bruit s'étoit répandu qu'au concile de Lyon on fuprimeroit les nouveaux ordres religieux, ce qui obligea Pierre de Mourron fondateur des Celeftins d'aller trouver le pape Gregoire avant la tenuë du concile. Pierre étoit né l'an 1215. au diocefe d'Ifernia en Pouille: fon pere fe nommoit Angelier, mais on ne lui donne point de furnom : fa mere Marie, gens obfcurs felon le monde, mais vertueux. Ils eurent douze fils, dont ils fouhaitoient que quelqu'un fe donnât au fervice de Dieu : ce qui réüffit à Pierre qui étoit l'onziéme. Il témoigna dès l'enfance tant d'inclination à la vertu,que la mere demeurée veuvele fit étudier; & comme il avoit toûjours fenti un grand attrait pour la folitude, il commença dès l'âge de vingt ans à executer fon deffein, & fe retira premierement àune églife deS.Nicolas près du châ teau de Sangre, puis àun hermitage de la montagne voifine, & enfin à une grote d'une autre montagne, où il trouva une grande roche fous laquelle il creufa un peu,enforte qu'il s'y logea:mais fi à l'étroit,qu'à peine s'y pouvoit-il tenir debout ou s'étendre pour fe coucher : & toutefois il y demeura trois ans.

Comme tout le monde lui confeilloit de fe faire ordonner prêtre, il alla à Rome & y reçût la prê

mone,

trife, puis il vint au mont de Mourron près de Sulville épifcopale de l'Abruzze ulterieure, & y aïant trouvé une grotte à fon gré, il s'y arrêta & y demeura cinq ans. Là il fut tenté de s'abstenir de dire la messe par humilité, mais Dieu lui fit connoître qu'il devoit continuer de la dire. Comme il ne trouva pas ce lieu affez folitaire, parce qu'on avoit défriché les bois d'alentour, il paffa au mont de Magelle près la même ville de Sulmone, où il trouva une grande grotte qui lui plut beaucoup, mais non pas à deux compagnons qu'il avoit,ni à les amis c'est pourquoi il y demeura feul. Toutefois fes compagnons qui l'aimoient vinrent y demeurer quelques jours après, & il lui vint enfuite plufieurs autres difciples. Il refufoit autant qu'il pouvoit de les recevoir, difant qu'il étoit un homme fimple, & que fon inclination étoit de demeurer toûjours feul: mais quelquefois vaincu par la charité il confentoit à leur defir. Et enfuite on bâtit en ce lieu de Magelle un bel oratoire à l'honneur du faint Esprit, & plufieurs y venoient avec grande devotion, même des pays éloignez. C'eft ainfi que Pierre raconte lui-même les commencemens de fa vie; mais avec plufieurs autres circonftances qui font voir qu'il étoit en effet très fimple, & qu'il prenoit aifément fes pensées pour des infpirations, fes fonges pour des revelations, & tout ce qui lui paroiffoit extraordinaire pour des miracles.

Ses disciples enfuite embrafferent la regle de S. Benoît, comme fait voir la confirmation de leur

AN.1274.

inftitut accordé par le pape Urbain IV. en 1263. le AN.1274. premier de Juin & adreffée à Nicolas évêque de Ughell. to. 6. p. Chieti, en faveur des freres du defert du S. Efpric de Magelle fitué dans fon diocese. Mais Pierre leur

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906.

inftituteur aujoûtoit aux obfervances de la regle Boll. p. 454 plufieurs aufteritez. Il étoit reclus dans une cellule particuliere fi bien fermée, que celui qui lui répondoit à la meffe le fervoit par la fenêtre. Pendant certains tems il gardoit abfolument le filence; il couchoit ou fur la terre nue, ou fur des planches, avec une pierre ou un billot de bois pour chevet: il portoit une ceinture chargée de chaines de fer, & une chemise de mailles fur la chair. Iljeûnoit tous les jours hors le dimanche, & les mardis & les vendredis au pain & à l'eau. Il paffoit souvent les nuits à reciter des pleaumes fans dormir ; & pour éviter l'oifiveté, il faifoit de ses mains des cilices -qu'il donnoit,

Ayant donc appris qu'au Concile de Lion on de505 voit fuprimer les nouveaux or dres religieux, il pric avec lui deux de fes freres Jean d'Arri prêtre, & Placide de Morrée laïque, & fe mit en chemin au mois de Novembre 1273. nonobftant la rigueur de la faifon. Etant arrivé à Lion il logea dans une maifon où font à prefent les religieux de fon ordre, & qui étoit alors aux Templiers. Le pape Gregoire le reçut avec honneur tout mal vêtu qu'il étoit & méprifable par fon exterieur; & lui accorda la con7.56. firmation de fon inftitut par une bulle du 22o. de

Mars 1274. adressée au prieur & aux freres du mo

AN. 1273.

XXXVI.

Concile de

feffion.

t.11.conc.p.955

naftere du S. Efprit de Magelle;où le pape les prend fous la protection, & ordonne que l'ordre monaftique,c'est-à-dire,l'obfervance qui y eft établie felon la régle de S. Benoift, y fera gardée inviolablement à perpetuité. Il leur confirme la poffeffion de tous leurs biens, dont il fait le dénombrement & leur donne plufieurs privileges. Pierre de Mourron revint à Magelle au mois de Juin de la même année. Le Concile de Lion fut très nombreux, il s'y trouva 500 évêques, 70. abbez & mille autres prélats. Lion premiere On s'y prépara dès le fecond jour de Mai 1274 par Ptolem. Luc. ap. un jeûne de trois jours, & la premiere feffion fe tint Rain. 1174.n.1. le 7. du même mois, qui étoit le lundi des Rogations dans l'églife métropolitaine de S. Jean. Le papeGregoire defcendit de fa chambre vers l'heure de la meffe, conduit felon la coutume par deux cardinaux diacres, & s'affit fur un fauteuil qui lui étoit préparé dans le cheur. Il dit tierce & fexte parce qu'il étoit jour de jeune; puis un foûdiacre apporta les fandales & le chauffa pendant que fes chapellains difoient autour de lui les pfeaumes ordinaires de la préparation à la meffe. Après qu'il eut lavé fes mains, le diacre & le foudiacre le revêtirent pontificalement d'ornemens blancs à caufe du tems pafcal avec le pallium, comme s'il eût dû celebrer la meffe. Alors precedé de la croix il monta au jubé qui étoit préparé & s'affit dans fon fauteuil, ayant un cardinal pour prêtre afsistant, un pour diacre & quatre autres cardinaux diacres avecquelqueschapellains en furplis. Jacques roi d'Arragon étoit af

AN.1273.

7. Mai.

fis auprès du pape dans le même jubé.

Dans la nefde l'église au milieu & fur des fiéges élevez étoient deux patriarches Latins Pantaleon de C. P. & Opizion d'Antioche. Les cardinaux évêques entre lefquels étoientS. Bonaventure & Pierre de Tarantaife évêque d'Oftie promû depuis peu au cardinalat, & de l'autre côté les cardinaux prêtres: puis les primats, les archevêques, les évêques, les abbez,les prieurs & les autres prélats en grande multitude, qui n'avoient point de differend fur leurs rangs, parce que le pape avoit reglé que la feance ne porteroit point de préjudice à leurs églifes. Plus bas étoit Guillaume maîtrede l'Hôpital, Robert maître du Temple, avec quelques freres de leurs ordres:les ambaffadeurs des rois de France, d'Allemagne, d'Angleterre & de Sicile & de plufieurs autres princes & les deputez des chapitres & des églifes. Le paaffis fit le figne de la croix fur les prélats qu'il avoit en face. On chanta les prieres marquées dans le pontifical pour la celebration d'un concile; puis Luc. XXII. 15. le pape précha fur le texte : J'ai desiré ardemment de manger cette pâque avec vous; & après s'être un peu reposé il expliqua au concile les raisons pour lefquelles il l'avoit affemblé, favoir le fecours de la terre fainte, la réunion des Grecs & la reformation des mœurs. Enfin il indiqua la feconde feffion au lundi fuivant; puis il quitta fes ornemens & dit none; & ainfi il finit la premiere feffion.

pe

Dans l'intervalle avant la feconde, le pape & les Came..957, cardinaux appellerent feparement les archevêques

Conc.p.957.

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