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tant qu'il est besoin, revoquons tous les ordres de mandians inventez après ledit concile, qui n'ont point été confirmez par le faint fiége. Et quant à ceux qu'il a confimez, nous leur défendons de recevoir perfonne à la profeffion, ni d'acquerir aucune nouvelle maifon, ou aliener celles qu'ils ont: attendu que nous les refervons à la difpofition du faint fiége, pour être employées au fecours de la terre fainte ou à d'autres ceuvres pies. Nous deffendons auffi aux religieux de ces ordres de prêcher, d'oüir les confeffions & de donner la fepulture aux étrangers. Mais nous ne prétendons pas que cette conftitution s'étende aux ordres des freres Prêcheurs & des freres Mineurs, à cause de l'utilité évidente qu'en reçoit l'église univerfelle. Quant aux Carmes, & aux Hermites de S. Augustin, dont l'institution a précedé le concile de Latran, nous leur permettons de demeurer en leur état jufques à ce qu'il en foit autrement ordonné. Entre les ordres mandians qui furent fuprimez en vertu de cette conftitution, on compte les Sachets, autrement les freres de la penitence de J. C.

L'autre conftitution publiée dans la même sesfion, ne fe trouve plus. Mais après qu'elle eut été luë, le pape parla au concile & dit, que des trois caufes de fa convocation il y en avoit deux heureusement terminées, fçavoir l'affaire de la terre fainte & la réunion des Grecs: quant à la troifiéme qui étoit la reformation des mœurs, il dit

AN. 1274.

Tho. Valfing.
P. 45.
Cange. Gloß.
Saccip. 655.

Cum facrose

cona p. 961.

17. Fuillet.

que les prélats étoient caufe de la chûte du monde AN. 1274 entier, & qu'il s'étonnoit que quelques-uns qui étoient de mauvaise vie ne fe corrigeoient point, tandis que d'autres, les uns bons les autres mauvais, étoient venus lui demander inftamment la permiffion de quitter. C'est pourquoi il les avertit de fe corriger, parce que s'ils le faifoient, il ne feroit pas neceffaire de faire des conftitutions pour leur reformation; autrement il leur declara qu'il la feroit feverement. Il ajoûta qu'il apporteroit promptement les remedes convenables pour le gouvernement des paroiffes, enforte que l'on y mît des perfonnes capables & qui refidaffent. Il promit aussi de pourvoir à plusieurs autres abus,, ce qu'on n'avoit pû executer dans le concile, à caufe de la multitude des affaires. Enfuite l'on dit les prieres ordinaires & le pape donna la benediction;. ainfi finit le fecond concile de Lion..

Trois mois après le pape fit un recueil des conon. p. 974. ftitutions qu'on y avoit publiées, ordonnant à tout le monde de s'en fervir dans les jugemens & dans les écoles. Ce recueil eft datté du premier de Novembre de la même année 1274. & compofé de trente- un articles, qui furent depuis inferez dans le Sexté des decretales. Le premier eft fur la foi & contient la decifion touchant la proceffion du faint Efprit contre les erreurs des Grecs. J'ai rapporté les autres articles dans les feffions où ils furent publiez.

XLIX. Ordre des Ser

Nonobftant le decret contre les nouveaux or

vites.

dres religieux, le concile de Lion confirma celui des ferviteurs de la Vierge connus fous le nom des Servites, inftitué à Florence trente-cinq ans auparavant. Le premier auteur de cet ordre fut Bonfilio Monaldi marchand, qui avec fix autres de fa profeffion, ayant quitté le negoce fe retira au fauxbourg de Camars le huitiéme de Septembre 1223. & l'année fuivante le dernier jour de Mai veille de l'Afcenfion, ces fept & un prêtre qui s'étoit joint à eux, ayant reçû la benediction d'Arding évêque de Florence, fe retirerent au mont - Senaire à deux lieuës de la ville. En 1239. ils reçûrent de l'évêque la regle de S. Augustin avec un habit noir, au lieu d'un gris qu'ils avoient porté jusques alors: En #251.Bonfilio fimple prieur du mont-Senaire commença d'être nommé General, & l'année fuivante le pape Innocent IV. leur donna pour protecteur Guillaume cardinal diacre du titre de S. Euftache. Bonfilio mourut en odeur de fainteté le premier de Janvier 1262.

AN. 1274.

Chatelain. not.

martyrs, 18.

Ferrarius Catal. 8. Sep.

Bailles eod.

Le cinquième general de cet ordre fut Philippe 23. Aug. Benizi auffi Florentin, qui après avoir étudié en medecine à Paris, étant revenu chez lui, fut reçu dans l'ordre par Bonfilio en qualité de laïque, & paffa quelque tems dans la folitude du montSenaire. Ses fuperieurs l'ayant obligé de se faire ordonner prêtre, il fut élu general auffi malgre lui, au chapitre tenu à Florence en 1267. & en exerça la charge pendant dix-huit ans. Il étendit Fordre, non-feulement en Italie, mais en Alle

magne, & il en eft regardé finon comme le fonAN. 1274. dateur du moins comme le principal promoteur.

L.

la croifade.

2. 37.

Ce fut lui qui vint au concile de Lion cette année 1274. & y obtint l'approbation de fon ordre & la confirmation de ce que fes prédeceffeurs & lui avoient fait pour l'établir. Il mourut le Mercredy vingt-deuxième d'Août 1285. & a été canonifé de notre temps par le pape Clement X. en 1671.

Les premiers foins du pape après la conclufion Decime pour du concile, furent pour la croifade, & qu'il avoit extrêmement à cœur; & ayant fçû que le roi Philippe le Hardi avoit repris la croix, qu'il avoit quictée au retour du voyage de Tunis, il envoya legat en France Simon de Brie cardinal du titre de fainte ap. Rain.n.435. Cecile, & lui écrivoit dès le premier jour d'Août, de profiter de la bonne volonté du roi & de la décime accordée par le concile pour fix ans, & de faire efficacement prêcher la croifade. Par une autre lettredu douzième d'Octobre il lui donne les inftructions fuivantes: Aïez foin que les croifez commencent par purifier leurs confciences, en faisant une confeffion fincere & recevant le facrement de penitence; qu'ils fe précautionnent contre les rechûtes, qu'ils s'abftiennent de charger leurs fujets d'exactions illicites; qu'ils moderent leur dépenfe pour la table & pour les habits; & qu'ils confiderent que le fond destiné aux frais de la croifade, vient des aumônes laiffées aux églifes pour les pechez des morts, & que c'eft autant de retranché à la nourriture des pauvres & aux befoins des miniftres de l'autel.

Le pape écrivit auffi fur ce fujet une lettre circulaire aux archevêques & à leurs fuffragans donc on trouve deux exemplaires, l'un adreffé à l'archevêque d'Yorc, l'autre à l'archevêque de Reims. Il leur dit que dans le concile affemblé principalement pour ce fujet, on a ordonné le fecours de la terre lainte, qui fixera inceffamment le terme du paff ge general, & il leur donne commiffion de prêcher la croifade chacun dans leurs diocetes; aux conditions ordinaires de l'indulgence pleniere, & des autres privileges des croifez. La lettre eft du dix-feptiéme de Septembre.

Un mois après & le vingt-troifiéme d'Octobre il fit une conftitution pour moderer la décime ordonnée par le concile. Il en exempte abfolument les Leproleries & les Hôpitaux: auffi bien que les religieufes dont les revenus font fi modiques qu'elles font obligées de mandier publiquement pour y fupléer; & les clercs feculiers dont le revenu ecclefiaftique n'excede pas fept livres tournois. Mais tous ces preparatifs de la croifade furent fans effet, & il ne fe fit plus aucune entreprise generale pour le fecours de la terre fainte.

Le pape qui ne le prévoïoit pas, s'appliquoit en même temps à lever un des plus grands obftacles à la croifade, favoir la difpute pour l'empire d'Occident. Car Alfonfe roi de Caftille y prétendoit toûjours, foutenant que depuis la mort de Richard d'Angleterre, il n'avoit plus de com

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