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I I. Joachimites.

Gall. chr. to. I.

tom. XI. concil P.2359.

d'or. Mais quelques prelats defaprouvoient fon AN. 1260. élection, entr'autres Andronic de Sardes & Manuel de Theffalonique: le peuple avoit aussi aver- c.17. fion pour Nicephore & fouhaitoit le retour d'Arfene. Nicephore s'appuïoit fur la protection de l'empereur & quitta Nicée pour le fuivre en Thrace où il étoit paffe dans l'efperance de reprendre C. P. Florentin évêque d'Acre en Palestine venoit d'être transferé à l'archevêché d'Arles en Provence, Concile d'Arles. & celebra avec ses fuffragans l'année 1260. ou la fuivante un concile provincial où il publia dix-fept p. 59. canons. Dans la preface il dit : Il s'eft élevé de nôtre tems de faux docteurs, qui mettant pour fondement de leurs extravagances certains Ternaires, veulent établir dans leurs concordances, une doctrine pernicieufe ; & fous pretexte d'honorer le S. Efprit diminuer l'effet de la redemption du Fils de Dieu & le borner à un certain ef pace de tems. Le Pere, difent-ils, a operé depuis le commencement du monde jufques à l'avenement du Fils: d'où vient qu'il dit dans l'évangile : F. v. 17% Mon pere opere jufques à prefent, & j'opere auffi, L'operation du fils a duré jufques à maintenant pendant mil deux cens foixante ans : après lefquels le S. Efprit dira: Jufques ici, le Fils a operé après le Pere: & j'opererai auffi deformais. A quoi ils appliquent les 1 260. jours marquez dans l'Âpocalypfe, & les mille ans après lefquels Satan fera Apoc. xv. z. déchaîné, comme fi dans le cours du fiecle prefent le S. Efprit devoit être envoyé plus glorieufement que quand il fe répandit fur les Apôtres,

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AN. 1260.

Jo. XVI.13.

se rendant sensible par le feu & par le don des lanlangues.

Ces Joachimites fur le fondement des trois perfonnes divines bâtiffent des Ternaires fantastiques fçavoir trois états ou ordres d'hommes, qui doivent fe fucceder felon les tems: le premier eft des gens mariez, qui a regné du tems du Pere éternel fous l'ancien teftament : le fecond des clercs, qui a regné par le Fils du tems de la grace, dans l'état du milieu où nous fommes: le troifiéme des moines, qui regnera du tems de la plus grande grace par le S. Efprit. Ils ajoûtent un autre Ternaire, qui eft celui de la doctrine: fçavoir l'ancien teftamment, le nouveau, puis l'évangile éternel, qu'ils attribuent au S. Efprit. Il divisent auffi la durée du monde en trois tems: dont ils donnent le premier au Pere, où regnoit l'efprit de la loi Mofaique : le fecond au Fils, où regnoit l'efprit de grace; & qui a duré 1 260. ans : il donnent le troifiéme au S. Efprit & le nomment le tems de la plus grande grace & de la verité découverte. A quoi ils raportent ces paroles de l'évangile : Quand il fera venu cet efprit de verité, il vous enfeignera toute verité. Un autre Ternaire consiste en la maniere de vivre : dans le premier tems les hommes vivoient felon la chair, dans le fecond ils ont vecu entre la chair & l'efprit, dans celui qui va fuivre jufqu'à la fin du monde, ils vivront felon l'esprit.

Ainfiles Joachimites anéantiffent la redemption. de J. C. & pretendent que les facremens doivent finir, en difànt, que toutes les figures & tous les

AN. 1260.

fignes cefferont & que la verité paroîtra à découvert. Il eft vrai que depuis peu le S. Siege en nôtre prefence & à notre follicitation a condamné une nouvelle & pernicieufe doctrine qu'on publioit fous le nom d'évangile du S. Efprit: mais on n'a pas affez examiné les fondemens de cette erreur, fçavoir les Concordances & les autres livres de l'Abbé Joachim, qui font demeurez jufques à prefent exempts de cenfure, parce qu'ils font cachez v. Sup.liv LXXVdans des coins & dans des cavernes, chez quelques religieux. Après cette preface fuit le premier canon

en ces termes.

Nous avons confideré &conferé foigneufement ces écrits avec quelques-uns de nos anciens, & nous craignons non fans raifon, qu'ils ne foient occafion de chute à ceux qui viendront après nous: vû principalement que dans les provinces de nôtre dépendance, nous avons appris que plufieurs, même entre les lettrez, font tellement prevenus de ces imaginations, qu'ils ont tranfcrit plufieurs commentaires faits fur ce fujet, fe les donnent de main en main & les font paffer aux nations étrangeres. C'eft pourquoi de l'autorité de notre concile provincial, nous condamnons ces écrits, tels qu'ils font venus entre nos mains; & nous deffendons à ceux qui nous font foumis fous peine d'excommunication de s'en fervir ou les recevoir..

n. 41.

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Dans les autres canons je remarque ce qui fuit. Le facrement de Confirmation doit être admini- Canons uCon ftré & recû à jeun : excepté les enfans à la mammelle. On donnoit donc encore çe facrement aux

cile d'Arles.6.-3.

AN. 1260.

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petits enfans: comme on le pratique même à prefent en plufieurs églifes. La plupart des paroiffes de cette province appartiennent à des prieurez de moines ou d'autres reguliers, dont quelques religieux avoient accoutumé d'y refider continuellement pour gouverner le fpirituel & le temporel, & en rendre compte à leurs fuperieurs mais à present leur residence eft reduite au tems où ils vont recueillir le revenu ; & en quelques lieux ils ne laiffent point de prêtre, en d'autres ils n'en laiffent qu'un mercenaire. C'est pourquoi nous ordonnons qu'en ces paroisses il y ait des curez tirez de la communauté, ou des vicaires perpetuels, avec une portion congruë affignée fur les revenus de la paroiffe. Et faute par les patrons d'en prefenter de capables, le prelat y pourvoira dans le tems reglé par le droit. On celebrera l'office de la fainte Trinité le jour de l'Octave de la Pentecôte; & la fête de faint Trophime par toute la province comme d'un apôtre. L'office de la Trinité n'étoit pas encore univerfellement reçû par toute l'église latine, & quant à faint Trophime premier évêque d'Arles, on le regardoit comme apôtre, fuivant que c'étoit le difciple de faint Paul: dont on s'eft depuis détrompé.

Deffense aux moines & aux chanoines reguliers qui enfeignent de recevoir aucun falaire, foit de leurs écoliers, foit des magiftrats des villes. Deffenfe aux Templiers & aux Hospitaliers d'étendre leurs privileges, en faisant porter certaines marques à ceux qu'ils reconnoiffent pour leurs fa

miliers

AN. 1260.

c. Tuarum x1. de

miliers ou domeftiques ; & permis aux prélats de
les corriger nonobstant ces marques, conformé-
ment à la decretale d'Innocent III. Défenfe aux re-
ligieux de recevoir le peuple à l'office divin dans privil
leurs églifes les dimanches & les grandes fêtes;
ni d'y prêcher aux heures de la meffe de paroiffe;
& cette défense s'étend même aux religieux auf-
quels il est permis de prêcher, c'est à-dire, aux
freres mendians. Le tout pour ne point détour-
ner les laïques de l'inftruction qu'ils doivent rece-
voir dans leurs paroiffes. Les évêques envoyoient
pendant le carême leurs penitenciers par les villes
& les villages, pour abfoudre des cas refervez,
ceux qui ne pouvoient pas commodément venir
aux évêques mêmes. Sous ce pretexte plufieurs
particuliers éludoient le precepte de la confeffion
annuelle à leurs curez; difant qu'ils s'étoient con-
felfez au penitencier. Le concile leur défend d'en-
tendre les confeffions des pechez non refervez, fi-
non par l'ordre de l'évêque & la permission du
curé.

c.

f. I.

16,

Un autre abus encore pire regnoit en Provence, e. 17. non feulement chez les clercs feculiers, mais chez les reguliers & les moines; c'est que lorsqu'il y avoit contestation pour un benefice, au lieu d'aller devant les juges ecclefiaftiques, qui feuls en devoient connoître, les parties prenoient d'abord les armes, s'emparoient des églifes par violence, & s'efforçoient de les conferver de même d'où fuivoient les combats fanglants & quelquefois des homicides; car les laïques parens & amis des Tome XVIII,

B

:

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