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boire ou manger ensemble, ni même fe parler. Ils AN.1275. aigriffoient le mal par de faux raports & des jugemenstemeraires; & excitoient la curiofité du peuPach. c. 24.. ple fur des matieres au-deffus de fa portée. On propofa plufieurs fujets pour remplir le fiege de C. P..

hift. C. P.p.193.

tant d'entre les moines que des autres; & d'abord Ducang. fur la plupart des fuffrages furent pour Theodofe de Ville Hard. 234. Ville Hardouin, fils de Geofroi prince d'Achaïe, & petit neveu du maréchal de Champagne. On le nommoit le Prince à caufe de fon origine. Il avoit quitté le rite Latin pour embraffer celui des Grecs, & étant forti de fon pays il s'enferma dans un monaftere de la montagne Noire en Natolie, où ayant pris le nom de Theodofe, il s'inftruifit & s'exerça à une obfervance très-exacte. Quelques années. après s'étant fait connoître de l'empereur, il fut fait archimandrite du Pantocrator à C. P. puis envoyé en ambaffade vers les Tartares, & à fon retour il s'enferma dans une cellule du monaftere des Hodeges; c'eft de cette retraite qu'on le vouloit tirer pour le mettre fur le fiege de C. P..

LVIII.

Mais quelques évêques crurent que Jean VecJean Veccus pa- cus y convenoit mieux, étant déja cartophylax & scerophylax de cette églife, & homme de grande reputation Quand on eut fait le rapport à l'empereur des differens fuffrages, il jugea Veccus le plus digne, le croyant propre à faire ceffer le schisme, tant par la doctrine que par la longue experience Menelexs. Jul. des affaires ecclefiaftiques. Il fut donc élû patriarche de C: P. dans l'affemblée des évêques à fainte

Sophie le dimanche vingt-fixiéme de Mai,jour auquel les Grecs faifoient la fefte des peres du concile AN. 1275. deNicée, qu'ils font à prefent le feiziéme de Juillet. Veccus fut ordonné le dimanche fuivant, qui étoit celui de la Pentecôte fecond jour de Juin 1275.

L'empereur crut fe pouvoir décharger fur lui du soin des affaires ecclefiaftiques, & lui premit fon fecours en tout ce qui feroit neceffaire, esperant qu'il en uferoit de même à fon égard. Il lui donna auffi la liberté de lui recommander ceux qu'il jugeroit à propos, perfuadé qu'il n'en abuferoit pas : mais il y fut trompé, & Veccus trop ardent en ses follicitations vouloit abfolument emporter tout ce qu'il demandoit. Un jour il intercedoit pour un homme, qu'il favoit être injuftement condamné; mais contre lequel l'empereur étoit prévenu. Après une vive & longue converfation, le patriarche dit: Quoi donc n'aurés-vous pas plus d'égard pour les évêques que pour vos cuifiniers ou vos palefreniers, qui font neceffairement foûmis à toutes vos volontés? Aïant ainfi parlé il jetta aux piés de l'empereur, le bafton qu'il portoit pour marque de fa dignité, & fortit au plus vifte. L'empereur prenant ce procedé pour un affront, le fit rappeller: mais le patriarche n'écouta rien & alla s'enfermer dans le prochain monastere. Une autre fois le jour de faint George, l'empereur à la fin de la meffe fe prefentant à la communion & étendant déja les mains pour la recevoir, le patriarche qui tenoit à fa main droite la particule du pain facré, lui de

AN.1275.

Pach. c. 25.

LIX.

Union des évê

ce & de Die.

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manda une grace pour un affligé. L'empereur dit
que ce
ce n'étoit pas là le tems, le prélat foûtint qu'il
n'y en avoit pas de plus convenable pour imiter la
bonté du fauveur; & l'empereur en colere fe retira
fans avoir communié. Enfin pour n'être pas tous
les jours expofé à de pareils affronts & moderer
l'empreffement du patriarche,il réduifit les audian-
ces qu'il lui donnoit à un jour de la semaine, qui
fut le mardi, & il n'y manquoit jamais.

De Beaucaire le pape Gregoire s'achemina vers chez de Valen- Laufane, où devoit être fon entrevûe avec l'empereur Rodolfe. Etant à Vienne en Daufiné, il fit l'union de l'évêché de Die à celui de Valence defirée depuis long-tems; & il avoit une affection particuliere pour l'églife de Valence, où il avoit fervi dans fa jeuneffe. Dès l'année 1274. Rain. 1275. n. Gui de Montlaur chanoine du Pui en Velai, avoit été élu évêque de Valence, & confirmé par le pape Gregoire, à la fuite duquel il étoit à Beaucaire mais il mourut incontinent après à Tarafcon, & le pape donna l'évêché de ValenGall. chr. to. 2. ce à Amedée de Rouffillon. C'étoit un gentilhomme de Daufiné, qui dès fon enfance avoit été moine à faint Claude en Franche-comté, puis abbé de Savigni. Le pape le facra lui-même à Vienne, nonobftant fa répugnance & fes larmes; car il fe croïoit indigne de l'épiscopat : mais le papelui difoit pour le confoler: Ne craignez point, c'est par vous que cette églife dépouillée fera rétablie. Amedée garda dans l'épifcopat l'habit monasti

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que, la nourriture & le reste de l'observance autant que fon état le permettoit.

Ce fut en fa perfonne que le pape Gregoire unit à l'évêché deValence celui de Die, poffedé alors par Amedée de Geneve oncle maternel d'Amedée de Rouffillon. Le pape explique les caufes de cette union dans fa bulle donnée à Vienne le vingt-cinquiéme de Septembre 1275. où il parle ainfi : L'églife de Valence & celle de Die font depuis longtems opprimées par une tyrannie violente & continuelle des nobles & des peuples de ces diocefes, qui en ont fouvent pillé les biens & exilé les évêques. Les plaintes en ont été portées au pape Gregoire IX. & on l'a fuplié d'unir ces églises, afin que leurs forces étant raffemblées fous un feul chef, puffent refifter plus facilement auxinfultes des perfecuteurs. Le pape touché de ces plaintes, donna des commiffaires pour informer de la neceffité & de l'utilité de cette union, & pour la faire par fon autorité, s'ils la jugeoient avantageuse à ces églifes. La mort de Gregoire IX. & d'autres incidents ont empêché que cette commiffion ne fut exécutée; & la vexation de ces églises a duré jufques à nôtre tems, comme nous l'avons vû nous-mêmes étant dans un moindre état, principalement à l'égard de l'églife de Valence; & comme l'ont auffi vù, & pour ainfi dire, touché de leurs mains nos freres les cardinaux étant avec nous fur les lieux.

C'est pourquoi vû l'utilité évidente de ces

AN. 1275.

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deux églifes & leur proximité qui rend les dioceses AN. 1275 contigus & fitués dans la même province de Vienaprès en avoir déliberé avec nos freres, de leur avis & de la plenitude de notre puiffance, nous les uniffons par ces prefentes, ordonnant que l'état des évêques qui les gouvernent maintenant demeurant en fon fentier, lorfque l'un ou l'autre viendra à ceder, ou à mourir, le furvivant fera évêque de Valence & de Die, & elles feront gouvernées à perpetuité par un même prelat. Il fera élu alternativement dans les deux églifes, à commencer par celle de Valence; & les chanoines de l'une & de l'autre fe raffembleront en cette occafion, pour avoir également voix comme s'ils n'étoient qu'un feul corps: mais dans tout le refte les deux chapitres demeureront divifés : le tout fans porter aucun préjudice à l'archevêque de Vienne métropolitain de ces deux églifes. L'union fut executée dès l'année fuivante 1276. par le decés de l'évêque de Die, & elle a fubfifté 412. ans, jufques à notre tems que les deux évêchés ont été feparés de nouveau en 1687.

fane.

LX.

"Ann. Colm. Rain. n. 37

Le pape arriva à Laufane le fixiéme d'Octobre, Entrevue de & Rodolfe roi des Romains le vint trouver le jour Gregoire & de Rodolfe à Lau- de faint Luc dix-huitième du même mois, accompagné de la reine fon épouse & de prefque tous fes enfans. Deux jours après il prêta ferment au pape de conferver tous les biens & les droits de l'églife Romaine, & de l'aider au recouvrement de ceux dont elle n'étoit pas en poffeffion, comme auffi à la

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