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pofitions illufoires.C'eft pourquoi nous ne croions pas qu'il foit de votre dignité d'entrer dans une tel- AN. 1262. le negociation, & encore moins de contracter une alliance fi honteufe, & de vous unir fi étroitement à un ennemi de l'églife dont vous avez toûjours pris la défense avec tant de valeur & de fuccés. La lettre & du vingt-fixiéme Avril 1 262.

Sub. liv.LXXXIV.

Le roi faint Louis avoit auffi traité du mariage de Philippe fon fils aîné avec Ifabelle fille du Du Tillet.p.169. même roi d'Arragon ; & le mariage avoit été accordé de part & d'autre dès l'année 1258. en même tems que les deux rois tranfigerent fur leurs prétentions reciproques. Saint Louis s'étoit même avancé jufques à Clermont en Auvergne cet- ".s3. te année 1262. pour l'accompliffement de ce mariage, quand il apprit celui que le roi d'Arragon vouloit faire entre fon fils & la fille de Mainfroi. Alors le faint roi déclara qu'il ne vouloit point d'alliance avec qui que ce fût qui eût des engagemens fi étroits avec un prince excommunié & ennemi déclaré de l'églife. Ce que le pape ayant appris, il en écrivit à faint Louis une let- ap. Rain. 1262. tre pleine de loüanges & de remerciemens ; mais les deux mariages ne laifferent pas de s'accomplir. Saint Louis fe contenta d'un acte autentique, par lequel le roi d'Arragon déclara, qu'en mariant fon fils avec la fille de Mainfroi, il ne prétendoit s'en- Invendes ch. 4. gager à rien contre les interêts de l'église Romaine; & cette déclaration fut confirmée par le témoignage de plufieurs évêques, & de plusieurs fei

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n. 17.

to. 5. Arrag. La

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1

AN. 1262.

Indic. Arrag.

1.99. Chy Tri

vet to. 8. Spicil.

Dushène. p. 371.

It. p. 869.

Rain. 1262.1.21.

Philippe de France époufa donc à Clermont Ifabelle d'Arragon le jour de la Pentecôte vingt-huitiéme de Mai 1262. & le quinziéme de Juin Pierre d'Arragon époufa Conftance de Sicile à Montpellier, où le roi Jacques s'étoit rendu pour cet effet; preferant aux remontrances du pape l'efperance du royaume de Sicile, qui ne fut pas vaine, comme on verra dans la fuite.

Le pape Urbain offrit ce royaume à faint Louis pour un de fes enfans; mais le faint roi craignit de faire tort à Conradin, qui fembloit en être l'heritier legitime, ou à Edmond d'Angleterre, à qui les papes precedens avoient donné cette couronne. Surquoi le pape Urbain écrivit à Albert de Parme fon notaire & for nonce, qu'il avoit chargé de cette negociation. Dans cette letrre le pape loue extremement la delicateffe de confcience de faint Louis ; mais il charge Albert de le raffurer sur ce fujet, & de lui declarer que le droit du faint fiege a été bien examiné par le pape & les cardinaux, qui ont auffi leur confcience à garder, & font bien éloignez de vouloir faire tort à perfonne. Au refus du roi, Albert étoit chargé d'offrir la couronne de Sicile à fon frere Charles comte d'Anjou & de Provence, à qui il l'avoit déja offerte neuf ans auRain. 1253.n.2; paravant de la part d'Innocent IV.

XIV.

Lettre contteM.
Palcologue.

Rain. 1262.1.39.

Saint Louis témoignoit au nonce Albert un grand defir de fecourir l'empire de C. P. c'est-àdire l'empereur Baudouin & les Latins, qui prétendoient y rentrer, c'est pourquoi le pape Urbain lui écrivit une lettre, où il dit en fubftance: Vous

AN. 1262.

êtes le feul des princes Chrétiens qui compatiffez fincerement aux maux de l'églife, & qui êtes toûjours prêt à la fecourir. Ainfi dans l'extrême affliction que nous a caufé la perte de C. P. nous avons d'abord tourné les yeux vers vous, & nous vous avons envoyé l'évêque d'Agen pour traiter de cette affaire avec vous & avec les prelats de vôtre royaume. Cet évêque étoit Guillaume de Gall. Chr. to. 2. Pontoife auparavant prieur de la Charité, puis Bibl. Clan. p. abbé de Clugni, qui mourut l'année suivante 1263. le dix-feptiéme Novembre, & eft enterré à faint Martin des Champs à Paris. La lettre du pape à Saint Louis continuë ainfi : Mais notre douleur a

été depuis peu cruellement renouvellée par la venuë de l'empereur Baudouin, des ambaffadeurs du duc Rainier Zeno, & de la commune de Venife, & de plufieurs autres Latins de Romanie; voyant cet empereur ainfi chaffé par les Grecs fchifmatiques, à la honte éternelle des Latins.

Nous défirons donc procurer un prompt fecours à cet empire, & par confequent à la terre fainte dont l'intereft s'y trouve joint; d'autant plus que les feigneurs Latins, qui font encore les maîtres des principautez d'Achaïe, de la Morée & des Ifles voisines, sont prêts à s'oppofer fortement par terre aux ufurpateurs avec des troupes confiderables, & les Venitiens par mer avec une flotte magnique de galeres; offrant même le paffage gratuitement à tous ceux qui viendront au fecours. C'eft pourquoi nous vous envoyons André de Spolette archidiacre de Paphos notre chapelain, auquel

P 71.

1665.

AN. 1262.

ap. Rain. n. 24. Vading. 1261.

A. 17.

vous pourrez ajoûter foi fur tout ce qu'il vous dira de vive voix ; vous priant d'étendre votre protection fur l'empire de Romanie, & d'exciter les prelats de votre royaume à contribuer d'un fubfide honorable, comme nous leur avons enjoint d'autres lettres, fuivant qu'ils en feront requis par l'évêque d'Agen. La lettre eft du cinquième de Juin 1262.

par

Vers le même tems le pape donna commiffionau provincial des freres Mineurs en France, de faire prêcher dans tout le royaume par les freres de fon ordre, la croifade contre Michel Paleologue, avec la même indulgence que celle de la terre fainte ; & quarante ou cent jours d'indulgence à ceux qui viendroient aux fermons de la croifade. Paleologue ex- Paleologue cependant n'étoit pas en repos à C. communié par P. Quand le patriarche Arfene apprit qu'il avoit Pachym. n. 11. fait aveugler le jeune empereur Jean, il en fut pe

Arfene.

C. 14.

XV.

netré de douleur, & ne fe poffedant plus, il montoit & defcendoit par toute fa maison, jettant de grands cris, fe frappant la poitrine, prenant à témoins le ciel & la terre, & appellant au fecours toute la nature. Ensuite ayant affemblé les prelats qui fe trouverent auprès de lui, il leur reprefenta que Paleologue s'étoit mocqué de lui & de Dieu en violant fes fermens, & leur demanda ce qu'il falloit faire, afin qu'il ne profitât pas impunement de fon crime. Nous ne pouvons, ajoûta-t'il, nous difpenfer d'agir, quand ce ne feroit que pour ne paroître pas l'autorifer par notre filence. Les prelats témoignerent l'horreur qu'ils avoient de ce qui s'étoit

paffe, & la difpofition où ils étoient de fuivre en tout la conduite du patriarche. Il resolut d'user de toute fon autorité contre l'empereur Michel, & les autres n'oferent s'y oppofer quelque crainte qu'ils euffent de ce qui en pouvoit arriver. Le patriarche Arfene prononça donc l'excommunication contre Michel Paleologue en lui reprochant fon crime; feulement pour ne le pas pouffer à bout & ne pas attirer de plus grands maux, il permit au clergé de chanter des prieres pour lui, & lui-même continua de le nommer dans la liturgie.

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AN. 1262.

Palcologue fouffrit patiemment la cenfure, & fe foumit du moins en apparence; il ne fe plaignit point & fe contenta de s'excuser comme il pût efperant que s'il cedoit pour quelque tems à la juste indignation du patriarche, & témoignoit enfuite du repentir, il obtiendroit bien-tôt l'abfolution. Ainfi pendant plufieurs jours il porta des habits modeftes comme un penitent; & cependant fa confcience ne le laiffant point en repos il Pachy. e. 19. fit parler au patriarche par des perfonnes de pieté & amis du prelat, le priant inftamment de l'abfoudre, vû qu'il fe repentoit de fa faute, & de lui impofer telle fatisfaction qu'il voudroit; puisqu'on ne pouvoit faire que ce qui avoit étéfait ne l'eût pas été. Les mediateurs rapporterent au patriarche ce difcours de l'empereur, y ajoûtant encore du leur, pour faire leur cour au prince. Mais le patriarche fans les écouter leur dit : J'ai reçû dans mon fein une colombe qui s'eft changée en ferpent, & m'a fait une bleffure mortelle. L'empereur crût qu'il

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