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logne & fes entrailles à Ratifbonne. A fes funeAN. 1280. railles affifterent l'archevêque Sifrid, les chanoines de la cathedrale & des collegiales, beaucoup de nobleffe & une grande foule de peuple. Le pape Gregoire XV, le declara bienheureux en

1622.

Le nombre de fes écrits eft fi grand, que le recueil eft de vingt-un volumes in-folio; dont le premier ne contient que les commentaires fur la logique d'Ariftote. Le second, le cinquiéme & le sixiéme, contiennent la physique, le troisiéme la métaphifique, le quatriéme la morale & la politique, le tout fuivant Ariftote Il y a cinq volumes de commentaires fur l'écriture, un de fermons, des commentaires fur le prétendu faint Denis & fur le maître des fentences, une fomme de theologie & quelques autres traitez de doctrine & de pieté. Je laiffe à ceux qui ont lû plus exactement cet auteur à nous montrer ce qui lui a fait meriter le nom de grand. Voici le peu que j'y ai remarqué. Dans les trois volumes de phyfique, il cite toujours Aristote & les Arabes qui l'ont commenté. Il s'arrête à refuter les anciens phyficiens qu'Ariftote a combattus, dont les écrits font perdus & les opinions oubliées. Il fuppofe toujours les quatre élemens &

les

quatre qualitez, le chaud, le froid, le fec & l'humide; & met fouvent pour principe des propofitions qui ne font ni évidentes par elles-mêTo. xx. lib. 2. de mes, ni prouvées d'ailleurs. Parlant du ciel, il sæl. tract. 3. c. s. fait voir peu de connoiffance à l'aftronomie : il fuppofe

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to. 4. p. 346.

fuppofe les influences des aftres, & parle de l'aftro- AN. 1280. logie judiciaire comme d'une vraïe fcience, fans la blâmer: ailleurs même il la mêle à la politique. A l'occafion des méteores, il fait voir fon peu de Ibid. 4. p. 217. B. connoiffance de la geographie; & ailleurs il met Byzance en Italie avec Tarente. Parlant des mine

raux,

il attribuë aux pierreries des vertus femblables à celle de l'aiman, fe fondant fur des experiences qu'il ne prouve point; & cherche enfuite les caufes de ces vertus. Il donne fouvent des étymologies abfurdes, voulant expliquer les noms Grecs fans fçavoir la langue : ce qui lui eft commun avec la plupart des docteurs du même temps.

L. Seditionà Viterbe

Ric. Malefp.c.

207.

Rain. 1281. n. 12.

Le faint fiege vacquoit depuis près de fix mois par la méfintelligence des cardinaux affemblez à Viterbe. Le roi de Sicile Charles s'y rendit fi-tôt qu'il eut appris la mort de Nicolas III. qui fut une agréable fouvelle pour lui, parce que ce pape lui avoit toujours été contraire, & il vou-, Îoit en faire élire un qui lui fût favorable. Les cardinaux étoient divifez en deux factions, celle des Urfins parens du dernier pape, & celle du roi Charles, à la tête de laquelle étoit Richard Annibaldi, dont la famille étoit la plus puiffante de Rome. Richard avoit ôté le gouvernement de Viterbe à Urfo des Urfins neveu du pape Nicolas: Platina in Nicol. Ceft pourquoi les deux cardinaux de cette famille Matthieu Roffo & Jourdain empêchoient l'élection du pape jufques à ce qu'Urfo fût rétabli. Mais Richard foutenu par le roi Charles fit foulever le peuple de Viterbe: on fonna la cloche, Tome XVIII.

Zz

:

ils prirent les armes & coururent au palais épiscoAN. 1281. pal, où les cardinaux étoient affemblez pour l'élection, & faifant de grands cris, ils en tirerent de force les deux cardinaux Urfins tous deux diacres, Matthieu du titre de fainte Marie au portique, & Jourdain du titre de faint Eustache ils les maltraiterent & les emprisonnerent dans une chambre du même palais, dont ils boucherent les portes & les fenêtres, & repoufferent rudement les autres cardinaux qui s'oppofoient à cette violence. Ils relâcherent enfuite Jourdain fous certaines conditions, mais ils retinrent Matthieu plufieurs jours, & durant quelques-uns ne lui donnerent pour nourriture que du pain & de l'eau.

LI.

Les autres cardinaux s'accorderent enfin à élire Martin IV. pape. un pape le jour de la chaire de faint Pierre vingtFordan. ap. Pa deuxième de Février 1281. & ils élurent Simon

pebr.conat.

cardinal prêtre du titre de fainte Cecile. Il étoit François, né à Montpincé en Brie, mais il avoit demeuré long-temps à Tours étant chanoine & tréforier de l'église de faint Martin : ce qui faifoit croire aux Italiens qu'il étoit Tourangeau. Le pape Urbain IV. auffi François, le fit cardinal au mois de Decembre 1261. & il fut deux fois légat en France, comme nous avons vû : la preSup. liv.Lxx miere fous Urbain IV. la feconde fous Gregoire X. Il résista à son élection jufques à faire déchirer fon manteau quand on le voulut revêtir de celui de pape. Enfin aïant accepté, il prit le nom de Martin, en l'honneur du faint qu'il avoit fervi à Tours: mais quoiqu'il fut le fecond pape

2. 21.

Rain n...

de ce nom, on le nomme Martin IV. confondant
apparemment les deux Marins avec les Martins. La
ville de Viterbe aïant été mise en ïnterdit, à cause
de la violence faite aux cardinaux, il fe retira à
Orviete, ne jugeant pas encore à propos d'aller à
Rome,trop divifée
par les factions des Annibaldes

& des Urfins.

A N. 1281.

LII.

Le pape fenateur

me.

Mais il y envoïa deux cardinaux, Latin évêque d'Oftie, & Godefroi diacre du titre de S. George au voile dor, qui ne trouverent point de meilleur moïen de rétablir la paix à Rome, que d'en faire Rain. n. 14. 15. donner le gouvernement au pape, même à titre de fenateur; & pour cet effet le pape Martin révoqua la conftitution de Nicolas fon prédeceffeur, qui défendoit de faire fenateur de Rome aucune personne constituée en dignité. Après quoi le peuple nomma pour fenateurs deux citoïens, à l'effet d'élire le pape à cette charge: ce qu'ils firent acte public conçû en ces termes :

par un

L'an 1281. le lundi dixième jour de Mars, le peuple Romain étant assemblé au fon de la cloche & à cri public, fuivant la coutume, devant devant le palais du capitole, les nobles feigneurs Pierre de Conti & Gentil des Urfins fenateurs & électeurs nommez par le peuple, confiderant les vertus de notre faint pere le pape Martin IV. & fon affection pour la ville & le peuple de Rome; & efperant que par sa sagesse il en pourra rétablir le bon état, ont commis audit feigneur pape, non à raifon de fa dignité pontificale, mais de fa perfonne

iffuë de noble race, le gouvernement du senat de AN. 1281. Rome & de fon territoire pendant tout le temps de fa vie. Ils lui ont donné plein-pouvoir d'exercer ce gouvernement par lui ou par autre, & d'inftituer un ou plufieurs fenateurs, pour tel temps & avec tel falaire qu'il lui plaira. Il pourra auffi difpofer des revenus appartenans à la ville ou à la communauté du peuple Romain, & en attribuer ce qu'il jugera à propos au fenateur & aux autres officiers de la ville. Il pourra reprimer les rebelles ou défobéiffans par telles peines & autres voïes qu'il lui plaira. Ce que deffus ne diminuera ni n'augmentera en rien le droit du peuple ou de l'églife Romaine pour l'élection du fenateur après la vie du pape Martin: mais chacun confervera fon droit entier. Enfuite les deux électeurs lurent pu. bliquement cet acte au peuple, qui l'accepta & le

confirma.

Comme les papes depuis deux ficcles au moins Le prétendoient feigneurs temporels de Rome: j'admire comment Martin IV. fe foumit à cette élection: car je ne fçache point d'exemple que jamais un prince fouverain ait reçû de fes fujets une fimple magiftrature dans fa ville capitale. Au refte, la nobleffe ici attribuée au pape eft contredite par Ricordano Malefpini auteur du temps, qui dit qu'il étoit de baffe naiffance, & toutefois de 6. 207. grand courage, & très-défintereffé tant pour lui que pour les fiens; & que fon frere l'étant venu voir depuis qu'il fut pape, il le renvoïa auffi-tôt en

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