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AN. 1283. appris depuis, en furent indignés au-delà de ce qu'on peut imaginer, & jugerent dès-lors qu'ils avoient encore à attendre de plus grands maux. Le jour de Pâques tous les Chrétiens fe donnoient le baifer de paix en figne de charité suivant l'ufage de l'églife Greque; & le lendemain lundi, qui cette année 1283. étoit le dix-neuviéme d'Avril, on affembla les évêques & le clergé, & ils se donnerent ce faint baifer: mais cette réconciliation n'avoit rien de ferieux.

v. Cang. gloff.

lat. Ofculum.

I X.

c. 16.

quernes. Evêqu.s

Ce même jour lendemain de Pâques on puConcile aux B'a- blia un édit, par lequel l'empereur déclaroit fon dépofés- pere fpirituel Andronic évêque de Sardis, le Sup. L1xxxv.m.9. même qui aïant autrefois quitté fon fiege, s'étoit fait moine fous le nom d'Athanafe, & porGregoras, lib. vi. .toit auffi le furnom de Chalaza: l'empereur auto

6.5.

c. 17.

rifoit ce qui feroit ordonné par ce prelat dans le concile qui fe tiendroit à Notre Dame de Blaquernes, & où le trouveroit le patriarche Gregoire & MichelStrategopule pour reprefenter la perfonne de l'empereur: ceux qui s'oppoferoient aux decrets de ce concile, feroient jugés comme criminels de lcze-majesté, Les prefidens de ce concile furent donc le patriarche & l'évêque, environnés d'un grand nombre de fchifmatiques, & de l'autre côté étoient affis les officiers de l'empereur prêts à executer leurs ordres. On appelloit les évêques pour les juger; & tout ce qu'on entendoit, c'étoit : Qu'on amene un tel. Il étoit accufé en face. d'avoir violé les canons : quelquefois les accufa teurs étoient des moines, qui fe plaignoient d'a

voir été perfecutez. Auffi-tôt le juge difoit : Qu'on l'emmene, cet impie, ajoûtoient les affiftans: & AN. 1283. les officiers de l'empereur le traînoient dehors honteufement pieds & mains liez. Quelques-uns des moines crioient anathême contr-cux; d'autres leur déchiroient leurs chapes épifcopales, comme les jugeant indignes de les porter. moody mou C'est ce qui fe paffa pendant la femaine de Pâques, fans que perfonne pût éviter cette rigueur. Le patriarche Gregoire ne l'approuvoit pas, & le plus fouvent étoit d'un different avis,mais il étoit entraîné par les autres; & ne feignoit pas de dire en fecret, que ce concile étoit une affemblée de méchans. Ceux qui ne s'y préfentoient pas volontairement, étoient amenez de force par les officiers de l'empereur. Ainfi on envoïa querir Theodore métropolitain de Cyzique, qui s'étoit retiré dans le monaftere du Precurfeur, non tant par la crainte de la dépofition, que des infultes qui l'accompagnoient. Il déclara donc qu'il n'en fortiroit point; & comme on envoïa des gens વે plufieurs fois pour l'enlever, il fe refugia dans le fanctuaire de l'église fous la table facrée, enforte que les officiers furent obligez de revenir fans rien faire; & la journée s'étant paffée en ces conteftations, le juge, j'entends l'évêque de Sardis, fe feva après avoir prefcrit au patriarche la maniere dont il devoit proceder contre les abfens. Ils furent donc condamnez par contumace, & y gagnerent que leur dépofition ne fut point accompagnée d'infultes & d'outrages.

$22.

c 19.

p.

En ce même concile on demanda à l'imperaA N. r183. ttice Theodora mere d'Andronic fa confeffion de v. Not. Po foi, & la renonciation par écrit à la réunion avec le pape. On lui fit auffi promettre que jamais elle ne demanderoit que l'empereur Michel fön époux fût enterré avec les prieres ecclefiaftiques; & pour récompenfe on lui accotda d'être nommée aux prieres publiques avec l'empereur son fils.On voulut auffi exiger d'Athanase patriarche d'Alexandrie, qu'il approuvât la dépofition des évêques, & qu'il renonçât à l'union avec le pape,parce qu'il avoit communiqué avec ceux qui y étoient entrés ; & ce ne fut qu'à cette condition qu'on promit de l'inferet dans les diptyques avec les patriarches, mais il aima mieux n'y être point mis, Quant à Theodofe patriarche d'Antioche furnommé le Prince, quoi qu'il témoignât hautement méprifer ce que faifoit le concile, il ne laiffoit de craindre qu'on ne procedât contre lui; c'est pourquoi il envoïa en Syrie à l'infçû de l'empereur fa démiffion du patriarcat: Car ces deux patriarches d'Alexandrie & d'Antioche refidoient à C. P. & les Latins poffedoient encore Tripoli, Acre & plufieurs places de Syrie. Les Grecs de l'églife d'Antioche aïant reçû la démiffion de Theodofe, élurent tout d'une voix Arfene de faint Simeon homme venerable & eftimé faint, que ceux de C. P. reçûrent à leur communion, & le mirent dans les diptyques.

X.
Suite des proce-

pas

Les cenfures que le pape Martin avoit pronondures contre le roi cées contre Pierre roi d'Arragon & les terres de

d'Arragon.

Rain. 1284

84. n.10.

fon obéiffance, n'y furent d'aucun effet : elles furent méprisées, non feulement par le roi, les fei- A N. 1283. gneurs & les autres laïques, mais par les évêques, le clergé & les religieux de tous les ordres : ils ne fe tinrent point pour excommuniez, & n'obferverent point l'interdit. Le roi Pierre recufa le ju- Indic. Arrag. ti gement du pape Martin, & en appella à un pape 17. non fufpect; & en dérifion de la deffense de pren. dre le titre de roi d'Arragon, il le qualifioit chevalier Arragonois, pere de deux rois & maître de la mer. Le pape l'ayant appris, declara publique! ment le jour de la dedicace de faint Pierre de Rome, c'est-à-dire, le dix-huitiéme de Novembre 1283. que quand il feroit plus certainement informé de leur défobéiffance, il procederoit contre eux de maniere qu'elle ne demeureroit pas impunie, & que leur châtiment retiendroit les autres dans le devoir. Enfuite pour s'affurer du fait, il manda à l'archevêque de Narbonne de s'en in former foigneufement, & lui en faire le rapport. La lettre eft du treiziéme de Janvier 1284.

Comme les peines fpirituelles étoient épuisées, il ne reftoit pour executer ces menaces que la for ce des armes & la guerre ouverte. C'eft auffice moïen qu'emploïa le pape par les follicitations du cardinal Cholet fon légat en Franke. Car learoi Philippe le Hardy tint un grand parlement à Pa

ris vers la fefte de Noël 1283. où en confequence Duchesne to. §. P. de la commiffion donnée au legati accepta le 542. roïaume d'Arragon au profit de Charles fon fecond

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fils Pour en faire la conquefte le pape accorda au AN. 1284 roi la decime des revenus ecclefiaftiques, & le legat prêcha la croifade contre Pierre d'Arragon. Le roi Philippe fe croifa, & à fon exemple plufieurs de fes fujer, nobles & autres. Après le roïaume d'Arragon & le comté de Barcelone, le roi au nom de fon fils Charles, accepta encore le roïaume de VaRain. 1234. n. 5. lence, par acte du vingt-uniéme de Fevrier 1284. & le pape confirma le tout par fa bulle du cinquié nie de Maifuivant, foufcrite par huit cardinaux. En même temps il étendit la legation du cardinal Cholet aux roïaumes de Navarre, d'Arragon, de Valence & de Majorque, & aux provinces ecclefiaftiques de Lion de Befançon, de Vienne, de Tarentaife & d'Embrun;& dans les diocefes de Liege, de Metz, de Verdun & de Toul,

bid. n. 4.

7.2.

J. Villani, lib.v.

6.92.

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Le pape donna: auffi la commiffion de prêcher la croilade contre Pierre d'Arragon, au cardinal Gerard de Parme, legat au roïaume de Sicile:c'està-dire, dans la partie qui obéiffoit encore au roi Charles. La lettre eft du fecond jour de Juin, & le pape s'y plaint que la révolution de Sicile avoit donné occafion aux heretiques de s'y refugier: qu'ils y trouvoient protection contre les inquifireurs, aufquels il n'étoit pas sûr d'entrer dans le pais que les heretiques s'y multiplioient de jour en jour, & pervertiffoient les fimples.

Lo legat Gerard étoit alors auprès de Charles ; Prol. Luc. ap. prince de Salerne, qui commandoit en l'abfence du roi fon pere. Il étoit à Naples où Roger de

Rain. n. 14.
Duchef. p. 543.

Loria

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