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ce lieu, on en tira le corps, & on le porta felon la coutume à l'auditoire de la juftice de Bacharac; AN. 1287. & la verité de la chofe aïant été découverte par le témoignage de la fervante Chrétienne, on l'enterra dans une chapelle voifine dédiée à faint Cunibert archevêque de Cologne. Il y eut un grand concours de peuple & il s'y fit plufieurs mira

cles.

Ap. Boil. to. 10.

P. 703.

Une chronique du temps fur l'année fuivante Ann. Colmar. 1288. porte ce qui fuit. On difoit en Alface que les Juifs s'étoient plaints au roi Rodolfe que les Chrétiens en avoient fait mourir honteufement plus de quarante sans sujet ; & les Chrétiens fe plaignirent de leur côté que les Juifs avoient tué fecretement un Chrétien dans une cave le vendredifaint. Les Juifs promirent au roi vingt mille marcs d'argent pour leur faire juftice des habitans de Vefel & de Boparde & délivrer leur rabin qu'il avoit mis en prifon. Le roi les écouta, mit le rabin en liberté & condamna en deux mille marcs d'argent les habitans de Vefel & de Boparde. De plus il obligea l'archevêque de Maïence de précher publiquement que les Chrétiens avoient fait grande injustice aux Juifs; & qu'au lieu d'honorer Verner comme un faint, ont devoit brûler fon corps & jetter les cendres au vent. A ce fermon de l'archevêque affistoient plus de cinq cens Juifs en armes pour retenir les Chrétiens qui voudroient parler contre.

Nous avons vû que dès le fiecle precedent on accufoit les Juifs de ces meurtres d'enfans commis

Sup. 1. LXXIII. 2.

40.

D.

Id. to. 8. p. 589.
To. 10. p. 505. D.

To. 8. p. 589. B.
To. 19. p.838. D.

Annal. Steron.

Freherto. I.

pendant la semaine fainte, & j'en ai rapporté pluA N. 1287. fieurs exemples. J'en trouve encore plus dans le treiziéme fiecle dont j'écris maintenant l'hiftoire, Bell. to. 10. p.505. En 1220. on dit qu'un nommé Henri fut tué en Alface: en 1235. un enfant crucifié à Norvic en Angleterre. En 1236. plufieurs tuez près de Fulde, dont les corps furent transferez à Haguenau. En 1255. Hugues enfant de neuf ans crucifié à Lincolne. En 1261. une fille de fept ans à Forsheim dans le marquifat de Bade. En 1287. un enfant nommé. Rodolfe à Berne en Suiffe. Un autre à Munic au diocese de Frifingue. En 1289. un autre en SuauBoll. to. 10. p.703. be. Quelques auteurs disent Quelques auteurs difent que les Juifs commettoient ces cruautez pour avoir du fang de Chrétiens & l'emploier à des remedes ou des operations magiques; mais les raifons qu'ils en rendent font fi honteufes & fi frivoles, que je ne daigne les rapporter. Au refte je ne trouve aucun de ces faits appuïé de preuves incontestables; & il importe peu de les verifier, fi ce n'est à cause du culte rendu à quelques-uns de ces prétendus martyrs. Car l'églife n'a interêt que de convertir les Juifs, & non pas de les détruire ou les rendre odieux.

Ep. 504 505. B.

XLI. Plaintes contre

terre.

Rain. 1286. n. 25.

On faifoit en Angleterre de grandes plaintes les Juifs d'Angle- contre les Juifs, comme il paroît par une lettre du pape Honorius à l'archevêque de Cantorberi & à fuffragans, où il dit: Ils ont un livre nommé Thalmud plein de fauffetez & d'abominations, qu'ils étudient continuellement & le font apprendre à leurs enfans dès leur tendre jeuneffe, & leur

en donnent une plus grande eftime que de la loi de Moïfe. Ils s'efforcent d'attirer les Chrétiens à AN. 1287. leur fecte, & pour cet effet les invitent à manger chez eux, & à venir tous les famedis & les jours de leurs fêtes dans leurs fynagogues, pour entendre leurs fervices; ce qui en engage plufieurs à judaïfer. Ils s'efforcent auffi de faire apoftafier les Juifs convertis, leur faifant des prefens, & les envoïant en des lieux où ils ne font point connus : ou fi ces mal-convertis demeurent dans les paroiffes où ils ont été baptifez, ils y menent une vie fcandaleufe à la honte du Chriftianifme. Ils retiennent à leur fervice des Chrétiens qu'ils font travailler le dimanche à des œuvres ferviles. Ils prennent des nourrices Chrétiennes pour leurs enfans, d'où il arrive fouvent que des perfonnes de diverse religion ont ensemble un mauvais commerce. Tous les jours dans leurs prieres ils maudiffent les Chrétiens, & commettent d'autres abus. On dit que quelques-uns d'entre vous aïant été fouvent requis d'y mettre remede, ont negligé de le faire; c'eft pourquoi nous vous ordonnons d'y pourvoir par défenses & peines fpirituelles & temporelles, & autres moïens convenables que vous exprimerez dans vos fermons. La lettre eft du vingt-huitième de Novembre 1286.

Nous en voïons l'execution dans les conftitutions synodales publiées le feizième d'Avril 1287. par Pierre Quivil évêque d'Excefter & fuffragant de Cantorberi. Un article de ces conftitutions commence ainfi : Il est écrit dans les canons que

le

XLII. Conftitutions fy

nodales de Pierre évêque d'Exce

fter.

To. XI. conc. p. 1263.

art. 49.

AN. 1287.

Matth. XXI. 43.

Eater. III. c. 26.

Sup. l. LXXIII. n.

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roïaume de Dieu a été ôté aux Juifs & donné à une nation qui pratique la juftice : d'où il paroît clairement que les Chrétiens ont reçû la liberté & que les Juifs leur font foûmis par une servitude perpetuelle. Je laiffe à juger aux fçavans fi cette autorité tirée de l'évangile regarde la puiffance temporelle. Le fynode défend donc aux Juifs fuivant le concile de Latran d'avoir des nourrices ou d'autres domeftiques Chrétiens, & d'exercer des charges publiques. Il défend auffi aux Chrétiens d'aller manger chez eux ou de les prendre pour medecins.

Ces conftitutions fynodales font une ample inftruction aux ecclefiaftiques fur l'administration des facremens & fur tous leurs devoirs, & voici #rt. 2. ce qui m'y paroît de plus remarquable. Le baptême fe donnoit encore aux enfans. par immerfion, même dans les maifons, même en cas de neceffité; & hors le danger, on les portoit encore à l'églife à Pâques & à la Pentecôte pour les bap, Art. 3. tifer folemnellement. Après que les enfans étoient baptisez on les faifoit confirmer le plûtôt qu'il sẹ Art. 4. pouvoit, & du moins dans les trois ans. A l'élevation de l'hoftie après la confecration les affil tans, dit l'évêque, ne fe contenteront pas de s'incliner, mais ils fe mettront à genoux & en feront Art. 5, avertis par le fon d'une clochette. On accorde treize jours d'indulgence à ceux qui accompa gnent le faint sacrement, quand on le porte aux malades. On exhortera les fideles à fe confeffer trois fois l'année avant les fêtes de Noël, de Pâque

S

&

& de la Pentecôte, du moins au commence- A N. 1287. ment du carême, & ils fe confefferont à leur propre prêtre, ou à un autre par fa permiffion, fans laquelle il ne pourroit les abfoudre. Le medecin appellé pour voir un malade l'exhortera avant toutes chofes à appeller fon confeffeur. Il y avoit encore des penitens publics, dont le penitencier recevoit les confeffions à l'entrée du carême ; & il étoit défendu de commuer la pénitence publique, ni la faire racheter pour de l'argent. Ordonné de recevoir avec honneur & défraïer raifonnable- p. 1271. D. ment les freres Prefcheurs & les freres Mineurs, qui pafferont dans le diocefe pour confeffer, attendu le grand fruit que leur prédication & leur fainte vie a produit dans l'églife. Les curez auront ... foin de défabufer les ignorans, qui craignent l'extrême-onction : s'imaginant qu'après l'avoir reçuë il ne leur fera plus permis de marcher nuds pieds, de manger de la viande, ou d'ufer de leur mariage.

a. 31. p. 1292. E.

La celebration du mariage fe faifoit à la porte 4.7.p.1273. C. de l'églife. On obligeoit les concubinaires à faire ferment de s'époufer, s'ils retournoient à leur mauvais commerce. Les ordinans examineront en leurs consciences le motif qui les fait aspirer aux ordres : fi c'eft de mieux fervir Dieu & fon art.; églife, ou quelqu'interêt temporel, & le défir d'extorquer des benefices de ceux qui les auront ordonnez. Il paroît ici que les évêques craignoient d'être poursuivis par ceux qu'ils ordonnoient fans titre ecclefiaftique, pour leur donner la fubfistance Q99

Tume XVIII.

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