témoignage, & chercheroit à les punir de leur calomnie; & concluoient à pourfuivre le jugement. Les autres vouloient que l'on juftifiât Gregoire par condefcendance, comme n'étant pas fi fcandalifez de son tome que de l'écrit de Marc : mais ils demandoient qu'il promît par écrit de donner auffitôt la démiffion. Il ne le promit que de parole mais en prenant Dieu à témoin ; & ils fe contenterent de ce ferment. Le premier parti qui étoit celui de l'évêque d'Ephese & de celui de Cyzique persista toûjours à refuser la justification de Gregoire ; & l'empereur irrité contr'eux les chaffa de fa prefence & leur ordonna de demeurer enfermez dans leurs logis fans voir perfonne, jusques à ce qu'il y eut un nouveau patriarche. Enfuite il af fembla les autres dans le grand palais en fa prefence, de tout le fenat, du clergé, des moines & d'un peuple nombreux. Là Theolepte évêque de Philadelphie, parlant au nom de tous les adverfaires de Gregoire qui étoit prefent, le déclara orthodoxe, rejettant tout le fcandale qui étoit arrivé fur l'écrit de Marc.

LVI. Gregoire donne

.9.

Le lendemain Gregoire compofa tout à loifir l'acte de fa démiffion, où il difoit: Je n'ai été pla- fa démiflion. cé fur le fiege patriarchal ni de mon mouvement ni par les follicitations de mes amis: Dieu feul fçait comment j'y fuis monté. J'y ai déja passé six ans & plus, & pendant ce temps j'ai fait tout ce qui m'a été poffible pour réünir à l'églife ceux qui s'en étoient feparez. Mes foins toutefois ont cu

un fuccès contraire à mon intention : enforte que

AN. 1289. quelques-uns crioient que jamais cette paix fi defirable ne fe feroit,fi je ne me retirois. Je n'ai pû me refoudre à demeurer en place avec une telle oppofition, j'ai mieux aimé voir réünir les partis divifez. C'est donc pour procurer la paix & faire ceffer les fcandales fi pernicieux aux ames que je fais ma démiflion de la dignité patriarcale, fans toutefois renoncer au facerdoce, que je pretens par la mifericorde de Dieu conferver toute ma vie : car ma confcience ne me reproche rien, qui m'en éloigne. On peut donc déformais élire un autre patriarche, qui puiffe en exercer dignement les fonctions & réunir les membres divifez de l'églife.

c. 10.

Gregoire donna cet acte écrit de la main, mais fans foufcription: ce qui fit croire à quelques-uns qu'il prétendoit rentrer un jour dans le fiege, d'autant plus qu'il n'alleguoit pour caufe de fa démiffion que le bien de la paix : enforte que fi fon efperance étoit fruftrée, il voudroit revenir, n'aïant rien qui le rendît indigne du facerdoce. Mais l'empereur & Theolepte de Philadelphie le principal moteur de cette affaire crurent avoir tout fait en tirant la démission de Gregoire, & obligerent les autres de s'en contenter fans lui rien demander de plus. Gregoire fe reconcilia avec ceux qui étoient mal contens de lui depuis long-temps, entr'autres Germain évêque d'Heraclée & Neophyte de Pruse qu'il avoit dépofez. Enfuite il fe retira au petit monaftere d'Aristine attenant à celui de S. André

où demeuroit Theodora coufine de l'empereur & veuve de Raoul proto veftiaire ; & cette princeffe AN. 1289. prenoit un grand foin de lui. Les fix années du patriarche Gregoire exprimées dans l'acte de fa démiffion avoient commencé le onzième d'Avril sup. n. 8. 1283. & comme il marque qu'il avoit tenu le fiege

quelque temps au-delà, on peut compter qu'il le poffid. not. p. 565ã quitta vers le mois de Juin 1289.

AN. 1289.

I.

Concordat du roi de Portugal 'avec le clergé

Sup. l. LXXXV1I.

2. 31.

Rain. 1284. n. 26.

D

nu

LIVRE LXXXIX.

parve

pre

EPUIS dix ans que le roi Denis étoit à la couronne de Portugal, les differends qu'Alfonfe fon pere & lui avoient eus avec le clergé du roïaume n'étoient pas encore terminez: au contraire le roïaume étoit demeuré en interdit & le roi excommunié. Dès l'année 1284. les lats avoient presenté au roi les articles de leurs griefs, & dans une cour generale ou affemblée d'états on avoit traité d'accommodement, le roi avoit donné les réponses aux articles & les prelats avoient demandé au pape Marrin IV. la confirmation du concordat, auquel il avoit trouvé Id. 1289. n. 16. quelque chofe à réformer, Enfin le roi Denis envoïa à Rome Martin Perés chantre d'Evora, & Jean Martinés chanoine de Conimbre chargez de sa procuration pour consommer le traité par l'autorité du pape, & le faire confirmer la procuration étoit dattée de Conimbre le cinquième de Juin 1288.

:

Le pape Nicolas nomma trois cardinaux pour examiner l'affaire ; fçavoir Latin évêque d'Ostie, Pierre prêtre du titre de faint Marc, & Benoît Cajetan du titre de faint Nicolas. Les parties comparurent devant eux ; fçavoir l'archevêque de Brague & les trois évêques de Conimbre, de Silva & de Lamego autorifez par le pape à cet ef

fet, tant pour eux que pour le clergé du roïaume d'une part, & de l'autre les deux envoïez du roi AN. 1289. Martin Perés & Jean Martinés. On lut les articles .18. des plaintes du clergé jufques au nombre de trente & plus, dont la substance étoit : Le roi contraint art. x. les prieurs, les abbeffes & les curez de renoncer à leurs benefices fuivant fa volonté, principalement dans les églifes où il prétend droit de patronage. Si les évêques ou les curez prononcent excommu- 2. nication ou interdit, faute de paier les dîmes ou leurs autres droits : le roi & fes officiers les banniffent & faififfent leurs biens. Ils les contraignent,. par menaces à révoquer leurs fentences, & les traitent comme des Juifs; défendant d'avoir aucune communication avec eux, & puniffant ceux qui les reçoivent dans leurs maifons, par emprifonnement & perte de leurs biens.

Si on met un lieu en interdit, ou fi on excom- 7. munie un officier du roi, les gens du lieu conviennent entr'eux de ne point païer les dîmes, de ne rien laiffer à l'églife par teftament, & n'y point porter d'offrandes. Le roi ne permet pas aux évê- 8. ques de limiter les paroifles de leurs diocéfes: il s'attribuë en quelques diocéfes le tiers des dîmes,. affignées aux fabriques, & l'emploie à bâtir ou à reparer fes murailles, & quelquefois à païer fes troupes. Ses officiers ufurpent les hôpitaux & les 10. biens qui en dépendent, quoique de droit ils foient à la difpofition des évêques. Il contraint 11. les ecclefiaftiques à contribuer à la conftruction ou