pape envoïa le même ordre à tous les metropolitains de tenir leurs conciles provinciaux, pour dé- AN. 1291. Canif. p. 1275. 1358. liberer fur les moïens de fecourir la terre-fainte; Chr. Salisb. 10. 6. & en particulier fur le confeil qu'on lui donnoit Tem. xx. conc. p. d'unir enfemble les trois ordres militaires des Tem- Rain. 1291. n. 29. pliers, des Hofpitaliers & des chevaliers Teuto- 30. niques. Surquoi le concile de Strasbourg confeilla au pape d'unir les trois ordres, en choififfant les meilleures obfervances, & d'appeller au fecours de la terre-fainte le roi des Romains avec les princes d'Allemagne ; mais le pape mourut avant que cette réponse arrivât en cour de Rome. 353. 1361 XIX De tous les conciles tenus à cette occafion, celui dont il nous refte le plus de détail eft celui Concile de Milan. de Milan, tenu par l'archevêque Otton Visconti. Il manda à tous les fuffragans de fe trouver à Mi- Corio. 2. par. p. lan quatre jours avant la faint André, c'est-à-dire conc. tom. x. [ le vingt-fixième de Novembre ; & le vingt-feptiéme il commença le concile dans l'églife de fainte Thecle, où il préfidoit affis fur un échaffaut, environné des évêques, des abbez & des autres ecclefiaftiques conftituez en dignité. On lût les trois lettres du pape, la premiere contenant la perte de la terre-fainte & l'exhortation à la croifade : la feconde portant ordre à tous les évêques de la faire prêcher la troifiéme touchant l'union des Templiers & des Hofpitaliers. Après ces lectures l'archevêque ordonna que tous fe trouvaffent au même lieu le lendemain; & ce jour vingt huitiéme Novembre un frere Prêcheur & un frere Mineur fi J rent chacun un sermon pour exhorter à executer A N. 1291. l'intention du pape, & à donner chacun leur avis par écrit. Le lendemain veille de faint André le concile s'aflembla encore, on lût plufieurs avis, & il fut ordonné que le jour fuivant on feroit à la meffe des prieres particulieres, puis on écriroit au pape qu'il fit le roi de France chef de l'entreprise, & qu'il priât tous les princes Chrétiens d'y entrer. Qu'il procurât la paix entre les Venitiens, les Pifans, les Genois & les autres villes maritimes. Que l'on fit une ligue entre toutes les villes d'Italie, pour établir la sûreté publique, principalement dans le Montferrat. Que le pape fit mettre ordre à la marine, défendant le commerce d'Outre-mer. Que les trois ordres des Templiers, des Hofpitaliers & des Teutoniques fuffent réunis fous un feul maître, qui leur feroit donné par le pape. Enfin on pria l'archevêque Otton de choisir un fyndic pour tout le clergé, qui allât vers le pape, avec un ample pouvoir d'executer toutes les réfolutions du concile, & on lui donna jufques à la Chandeleur pour faire fon vorage. XX. Suite des efforts du pape. Vading. n. 3. Le pape Nicolas n'écrivit pas feulement aux princes de fon obéiffance, pour les exciter au recouRain. n. 32. vrement de la terre-fainte. Il en écrivit à l'empereur de C.P. Andronic Paleologue & à l'empereur Du Cang. famil. de Trebifonde, Jean Comnene: aux rois d'ArmeFading. n. 4.5. nie, d'Iberie & de Georgic. Il écrivit même à Argon can des Tartares, & lui envoïa deux freres Mineurs, Guillaume de Cheri fon penitencier, 7.192. & Matthieu de Thiete profeffeur en théologie. Il le louë d'être favorable aux Chrétiens, & d'avoir AN. 1292. permis à un de fes fils de recevoir le baptême: il l'exhorte à fe faire baptifer lui-même, & à marcher promptement contre les Sarrafins, pour faciliter aux Chrétiens le recouvrement de la terrefainte. La lettre eft du vingt - troifiéme d'Août. Le pape écrivit auffi au prince nouveau baptifé, qui avoit changé fon nom de Carbaganda en celui de Nicolas; & lui confeille de ne rien changer à fon habit ni à fa nourriture, de peur de choquer ceux de fa nation; mais de garder en ces fortes de chofes le même ufage qu'avant fon baptême. Ce prince l'avoit reçû à la perfuafion de fa mere Eroc-caton Chrétienne très-zelée, mais quand elle fut morte il fe fit Mufulman & prit le nom de Gaïateddin. n. 8. Rain. n. 3 Haitone. 45 2. Vading. cod.n..É. Cependant le roi d'Armenie, preffé par les Rain. 191..1.v. Musulmans aufquels il ne pouvoit résister, envoïa au pape Nicolas deux freres Mineurs, Thomas de Tolentin & Marc de Montlupon avec un Gentilhomme nommé Geoffroi Conteffe, pour de mander du fecours aux princes Chrétiens. Le pape les envoïa au roi de France, avec une lettre de ecommandation dattée du vingt- troifiéme de Janvier 1292. & en même temps il promit l'indulgence de la croifade à tous les fideles qui marcheroient au fecours de l'Armenie. Mais le roi de France avoit des affaires plus preffantes, & it ne paroît pas que ces recommandations du pape aïent eu d'effet. A N. 1292. Edouard roi d'Angleterre fembloit perfifter dans la réfolution de paffer à la terre fainte, mais il faifoit toujours au pape de nouvelles demandes. Il lui envoïa deux chevaliers, Jean de faint Jean & Roger de Leftrange, avec des lettres de créance, & ils demanderent que le pape donnât à leur maître les décimes des roïaumes & des autres païs, dont les princes n'iroient point en perfonne à la terre-fainte, qu'il contraignît par cenfures tous les croisez à faire le paffage avec lui, & qu'il lui donnât un cardinal pour légat de la croifade. Le pape après les avoir cüis en confiftoire, les renvoïa avec une lettre au roi Edouard, où il dit : Quant aux décimes, il ne nous eft rien venu de celles de France. L'églife n'a rien touché non plus de celles de Caffille, parce que le pape Gregoire les accorda au roi Alfonfe pour certaines raifons. De celles d'Allemagne & des païs du Nort, il en eft venu peu à l'églife. Vous fçavez que celle d'Angleterre d'Ecoffe, de Galles & d'Irlande, vous ont été données pour le fecours de la terre-fainte, ainsi vous pouvez compter ce qui refte, fans parler des dépenfes que l'église a faites & fait continuellement pour affoiblir les ennemis & faciliter le pasfage futur, entretenant toujours un grand nom bre de troupes & de galeres. Au refte l'églife ne ceffe point de travailler au recouvrement des décimes, & d'en lever tous les obftacles; & ne ceffera point de vous fournir de l'argent à vous & aux autres, pour le fervice de la terre-fainte fur le fonds qu'elle aura entre les mains. n. 10. Quant à contraindre les croifez au paffage, il AN. 1292. faut qu'il foit tellement affuré qu'ils en fçachent certainement le temps, le lieu de l'embarquement & du débarquement,afin qu'il ne femble pas qu'on fe moque d'eux. Nous vous donnerons aufli un légat quand nous fçaurons que votre voïage sera prêt. La lettre eft du douzième de Février. Par 2. 13. les mêmes envoïez le roi Edouard avoit demandé au pape de confirmer la ceffion que quelques feigneurs lui avoient faite de leurs prétentions fur le roïaume d'Ecoffe; mais le pape le refufa, pour ne pas déroger au droit que l'églife Romaine prétendoit fur ce roïaume. Le pape avoit auffi fondé quelques cfperances fur l'empereur Rodolfe pour le fecours de la terre-fainte; mais ce prince mourut dès l'année pré- 4lb. Argent. p. cedente 1291. le trentiéme de Septembre après dix- suro. an. 1191. huit ans de regne, fans avoir été couronné à Ro 109. Luc. me. Au commencement de l'année fuivante on élut Hist. Auftr. ann. à Francfort pour roi des Romains Adolfe comte Colm. Pielem. de Naffau, qui fut enfuite couronné à Aix-laChapelle. Il étoit brave de fa perfonne, mais il n'étoit ni riche, ni foutenu par fa parenté, quoique d'une ancienne famille: il regna fix ans. XXI. Mort de Nicolas Tous les projets de croisade furent arrêtez par le décez du pape Nicolas IV. & la longue vacan- IV. ce du fainte fiege. Il mourut à Rome confumé de Rain, n. 17. vieilleffe, le vendredi-faint quatrième jour d'Avril 1292. & fut enterré à fainte Marie Majeure, qu'il avoit fait rebâtir. Son pontificat fut de qua |