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temps qu'il fut furnommé le docteur folemnel. Il refte de lui plufieurs écrits, dont le plus fameux AN. 1293. eft le catalogue des écrivains ecclefiaftiques qui continue celui de Sigebert de Gemblours. Henri de Gand fut archidiacre de Tournay, où il mourut le jour de faint Pierre vingt-neuviéme Juin 1293. âgé de foixante-quinze ans.

XXV.

Ceffion d'Athana

16.

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A Conftantinople le patriarche Athanafe fe fa féverité, & encore plus par fe patriarche de rendoit odieux par celle de fes miniftres, c'est-à-dire des moines C.P. étrangers qu'il avoit attirez autour de lui de di- Pachym. lib. 8. c. vers côtez. Ils attaquoient principalement les moines de C.P. & leur faifoient des crimes de tout ce qui fentoit un peu le relâchement. A l'un on avoit trouvé de l'or, à l'autre un habit neuf, à l'autre deux ou trois tuniques : à celui-ci une croix d'argent, ou un couteau bienfait, ou un effui-main blanc. Cet autre s'étoit baigné, ou étant malade avoit confulté un médecin. Toutes ces fautes étoient châtiées par des réprimandes, des penitences, des prifons & de rudes difciplines. On levoit même des taxes fur les monafteres fous prétexte d'ôter la matiere des paffions. Le relâchement Gregoras lib. 6. ci des moines de C.P. donnoit matiere à cette fé s verité. Athanafe ne leur permettoit ni de fe nourrir délicatement, ni de garder de l'argent, ni de vivre dans l'oifiveté. Il vouloit que leurs habits fuffent fimples & leur contenance modeste, & furtout qu'ils marchaffent à pied : trouvant fort abfurde que tandis qu'il alloit à pied lui-même, on les vît fuperbement montez fur des che

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vaux frigans, faire du fracas dans les rues & les places publiques.

Il ne pouvoit fouffrir ceux, qui avant que d'être biens instruits de la vie monastique, s'enfermoient dans des cellules fous prétexte d'une plus haute perfection: ou qui fréquentoient les maifons des grands: ou qui fe prévaloient de la fimplicité des femmes à la faveur de leur habit, & se les affujettiffoient, quelquefois jufqu'à leur infinuer des herefies: Enfin ceux qui par vanité ou

par

interêt affectoient des tranfports d'une fureur fanatique. Athanafe s'efforçoit de réprimer tous ces faux moines: ceux qu'il jugeoit corrigibles, il les enfermoit dans des monafteres nombreux, les exhortant à obferver de tout leur pouvoir le renoncement à leur propre volonté : quant aux incorrigibles, il les enfermoit dans des prisons, pour les fauver malgré eux, ou il les chaffoit de Conftantinople.

Athanafe entreprit aussi de réformer le clergé, dont les plus confiderables voïant d'abord à fes manieres & à fes regards terribles l'amertume de fon zele, fe tenoient cachez & enfermez chez eux, ou même furent réduits à fortir de la ville. Mais il s'attacha principalement à en éloigner les évêques, qui y féjournoient en grand nombre, & à les renvoïer dans leurs diocefes: difant qu'il étoit jufte que chacun gouvernât le fien, comme le patriarche prenoit foin de C. P. & que chacun veillât par lui-même fur fon troupeau, fans fe contenter d'en tirer du revenu. Il crai

gnoit auffi

p.756.

que fe trouvant ensemble ils ne fiffent des cabales les uns contre les autres & contre lui- A N. 1293. même. Enfin il ne vouloit point qu'ils s'abfen- v. Boivin, not. taffent de leurs diocefes, finon pour tenir les conciles tous les ans fuivant les canons, ou pour folliciter auprès de l'empereur ou du patriarche quelque affaire fpirituelle, & retourner auffi-tôt. On a plufieurs lettres qu'il écrivit fur ce fujet à l'empereur Andronic & à divers évêques.

Pachym. lib. 8.

Enfin fon zele pour la juftice s'étendoit aux Greg. c. 5. n. zi plus grands, jusques aux parens de l'empereur & à fes enfans, qui craignoient plus les reprimandes du patriarche que celles de l'empereur même. Tant il s'étoit acquis d'autorité par fa vie irréprehenfible & le refpect que l'empereur avoit pour lui. Toutefois ce prince n'eut pas la force de le foutenir ni de refifter aux clameurs publiques qui s'éleverent contre lui, la quatrième année de fon pontificat. Ce n'étoit d'abord que des 7. murmures fecrets, mais on en vint enfuite aux c.21.22. plaintes declarées : tout le monde s'éleva contre Athanafe, les évêques, les moines, les laïques & on ne le menaçoit pas moins que de le mettre en pieces, s'il ne quittoit le fiege de C. P. Quelques-uns du peuple lui difoient des injures jusques dans l'église, d'autres lui jettoient des pierres quand il paroiffoit dehors. Se voïant donc abandonné de l'empereur contre fon efperance, il réfolut de fe retirer, & lui demanda des gardes pour le pouvoir faire en sûreté. Avec cette efcorte il fortit la nuit du palais patriarcal, & ga

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AN. 1293.

6.24.

le

gna le monaftere de Cofmidion, d'où il envoïa à l'empereur l'acte de fa démiffion, où il disoit: Puifque j'ai été mis fur le fiege patriarcal pour procurer la paix au peuple Chrétien, & que les chofes ont tourné contre mon efperance & de ceux qui m'avoient fait cette violence; enforte que peuple me juge indigne de cette place, m'en reconnoiffant moi-même incapable, comme pecheur & foible je renonce au facerdoce, & je demande pardon des fautes que j'y ai commises; je prie auf le Seigneur qu'il vous pardonne, & sup.n.8. qu'il vous donne un pafteur convenable. Athanafe avoit tenu le fiege de C. P. quatre ans entiers depuis le quatorziéme d'Octobre 1289. jufques au feizième d'Octobre 1293.

XXVI.
Jean patriarche

de C. P.

Comme on lui cherchoit un fucceffeur, il fe trouva à C.P. un moine nommé Cofme origiPachym. c. 27. naire de Sozopolis, qui avoit été long temps maGreg... rié, puis aïant quitté fa femme, il embraffa la vie monaftique ; & étant venu à C.P. il entra dans le monaftere de faint Michel appartenant à l'empereur, & y exerça plusieurs charges même celle d'ecclefiaftique. Dans le temps de la réunion avec les Latins, l'empereur Michel voulut fçavoir les fentimens des moines de cette maifon, pour en chaffer tous ceux qui s'oppoferoient à sa volonté. Cofme fut de ce nombre, & aïant été mis en prifon il y demeura long-temps volontairement & en fut délivré par l'interceffion du patriarche d'Alexandrie. Alors il fe retira dans une cellule qu'il avoit fait bâtir fur fon fonds dans

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une isle, & vint à la connoiffance du grand connétable Glabas Tarchaniote, qui aimoit les moines & les hommes vertueux, & qui le fit connoître à l'empereur Andronic: pour cet effet il le ramena à C. P. & lui donna le gouvernement de fon monaftere de la Mere de Dieu.

Cofme étoit dans une belle vieilleffe, fans aucune teinture des livres profanes, mais humble & doux; & l'empereur le goûta tellement qu'il le mit au nombre de fes confeffeurs, & le tenoit pour un faint. Les évêques étant donc affemblez pour choisir un patriarche, n'en trouverent point de plus agréable à l'empereur, ni de plus convenable à la circonftance du temps; car fous fon pontificat ils efperoient voir le calme après la tempête excitée par la rigueur exceffive d'Athanafe. En effet Cofme étoit bon & compatisfant : fon seul défaut étoit d'être un peu intereffé, moins par inclination naturelle que par fimplicité & par habitude à la vie privée. Ainfi il fut élû tout d'une voix on lui changea fon nom en celui de Jean; l'empereur lui donna le bâton pastoral fuivant la coutume, & il fut ordonné le premier jour de Janvier 1294.

L'empereur Andronic Paleologue fit couronner par ce patriarche fon fils aîne Michel, qu'il avoit affocié à l'empire dès l'année precedente

AN. 1294.

1293. Il le fit couronner folemnellement à faintę Pachim, l. xx. c. x. Sophie le vingt-uniéme de Mai 1294. jour auquel Poss. p. 568. les Grecs celebrent la memoire du grand Conf

tantin. Il fit expedier un acte autentique de ce

Tome XVIII.

Cccc

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