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Spic. to. 9. p.

l'affaire du roïaume de Sicile, comme la plus prel- AN. 1265. fante pour la cour de Rome; & dès le vingt-fixiéme de Fevrier 1265.il fit expedier deux bulles. Dans la premiere il raconte la conceffion de ce roïaume faite par Alexandre IV..à Edmond fecond fils du 207. roi d'Angleterre, & confirmée par Innocent IV. les diligences faites par le faint fiege pour l'effectuer, & le défaut d'execution de la part du roi & de fon fils, enfin la fommation qu'Urbain IV. leur a fait faire de declarer s'ils y prétendoient encore. En confequence le pape Clement revoque & annulle cette conceffion; & déclare que l'églife Romaine eft en pleine liberté de difpofer du roïaume de Sicile. Par l'autre bulle du même jour, p.214. le pape donne ce roïaume à Charles comte d'Anjou & de Provence, aux conditions qui y font exprimées fort au long, & dont la plûpart ne regardent que l'état temporel. Voici celles qui concernent l'églife. Tous les biens, meubles & im- p. 237. meubles qui ont été ôtez aux églises, ou aux perfonnes ecclefiaftiques, leur feront reftituez en chaque lieu, à mesure que le nouveau roi en pren- 7. 22. dra possession. Les élections des églises cathedrales & autres feront entierement libres, fans demander le confentement du roi devant ni après. La jurifdiction ecclefiaftique fera confervée en fon entier, avec liberté d'aller poursuivre les appellations au saint siege, le roi revoquera toutes les loix de Frideric, de Conrad, ou de Mainfroi contraires à la liberté ecclefiaftique. Aucun clerc ne fera pourfuivi devant un juge feculier, ni chargé de tailles Tome XVIII,

I

P. 224.

24. 250

AN.1265.

26.

P.

27.

Ric. Malefp.

8. 177.

Duchêne p. 374.

mon. pad.p.620.

Rain. 1295. p.
Duch. p.831.

I 2

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collectes. Le roi n'aura ni regales, ni autre droit fur les églifes vacantes, & n'en tirera aucun profit. Les nobles & les autres habitans du roïaume jouiront de la même liberté & des mêmes privileges qu'ils avoient du tems de Guillaume II. roi de Sicile. Seize cardinaux foufcrivirent à ces deux bulles avec le pape.

Le légat Simon de Brie cardinal de fainte Cecip. 224 le, conclut le traité avec Charles fuivant le pouvoir qu'il en avoit ; & ce prince ne perdit point de tems pour l'execution. Mais après avoir celebré avec le roi fon frere la fête de Pâques, qui cette année 1265. fut le cinquième d'Avril, il partit de Paris, & fe rendit à Marseille, où il s'embarqua avec mille chevaliers, & nonobftant les précautions que Mainfroi avoit prifes pour lui fermer le paffage par terre & par mer, il arriva heureusement à Oftie le mercredi avant la Pentecôte, c'est-à-dire le vingtiéme de Mai, & à Rome la veille de la fête. Dès l'année precedente les Romains l'avoient élu leur fenateur, qui étoit leur premier magiftrat, pour les défendre contre Mainfroi, & il l'avoit accepté: ce qui pensa rompre le Spicil. p. 215. traité pour le roïaume de Sicile. Car le pape perfuadé qu'il étoit feigneur légitime de Rome, ne croïoit pas devoir fouffrir qu'un fi grand prince y eût une telle autorité, principalement pour toute fa vie, comme les Romains prétendoient. On trouva un temperament, qui fut de le faire fenateur pour trois ans.

Rain 1264. 20 3.40 c

P. 243.

Etant donc arrivé à Rome, il y fut reçu avec une

n. 13. 20.

extrême joie, & de très-grands honneurs; mais le AN. 1265. pape trouva mauvais qu'il eût logé de fes gens dans le palais de Latran, craignant qu'il n'éten- Rain. n. 12. dît trop loin fon autorité de fenateur. Charles obéit fans résistance, & le pape qui étoit toûjours à Perouse, envoïa à Rome quatre cardinaux, qui lui donnerent l'inveftiture du roïaume de Sicile avec l'étendart, devant l'autel de l'église de Latran, le vingt-neuviéme de Mai. Le nouveau roi ne fit pas de grands exploits du refte de cette année, attendant fon armée qui venoit par terre, compofée de croifez, & foudoyée des décimes du clergé de France. Car le cardinal de fainte Cecile faifoit prêcher fortement la croifade contre Main- n. 26. 27% froi, & les Sarrafins de Nocera; & déchargeoit ceux qui recevoient la croix à cette intention des vœux faits pour le recouvrement de la terre fainte, ou de C. P. parce que le pape jugeoit l'affaire de Poüille la plus preffée. Gui de Mellot évê- Duches. p. 834• que d'Auxerre eft compté le premier entre les feigneurs de cetre croifade; auffi y avoit-il été fortement exhorté par le pape.

Eglife d'Efpa

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Mariana 111I. c. 150

Ce n'étoit par-tout que croisades: en Espagne, XXXVIII. en France, en Hongrie, en Angleterre. Les petits rois Mores, de Grenade & de Murcie, voulant s'affranchir de la dépendance du roi de Castille, dont ils étoient tribotaires, appellerent les Mores d'Afrique, qui vinient à leur fecours avec une grande flotte, & firent de grands ravages. Jâques roi d'Arragon réfolut de s'y oppofer, tant pour en garantir fon roïaume, que pour fecourir Al

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AN. 1265.

Rain. 32.

31.

fonse roi de Castille fon gendre. Il manda donc au pape Clement le deffein qu'il avoit de fe croifer; & le pape écrivit fur ce fujet à l'archevêque de Tarragone & à l'évêque de Valence, leur donnant commiffion de prêcher la croifade dans les royaumes d'Arragon, de Valence & de Majorque, dans la province de Tarragone, & dans toutes les terres du roi d'Arragon, avec les indulgences & les privileges ordinaires pour les croifez. La lettre eft du vingt-troifiéme de Mai 1265.

Pour fubvenir aux frais de cette guerre, le roi d'Arragon demandoit au pape une levée de deniers fur les églifes, qui fe plaignoient en même tems de ses vexations; fur quoi le pape lui écrivit en ces termes : Si nous voulions obferver l'ordre du droit, les églifes de vos états ne devroient vous fournir aucun fecours, jufques à ce que vous leur euffiez fait juftice; mais confiderant qu'un cœur genereux fe gagne par la condefcendance, nous croyons vous engager plus étroitement à aimer ces églises, fi elles vous accordent la fubvention dans un tems où elles avoient une cause fi honnête de s'en excufer. Laiffez-les donc jouir de la liberté que le droit leur donne, & que vous & vos predeceffeurs leur avez confervée par le paffé; autrement nous aurions plus d'égard à ce qui feroit expedient pour votre falut, qu'à ce qui flatteroit votre paffion. Car c'eft ainfi que nous avons toûjours aimé les perfonnes qui nous étoient cheres; en quelque état que nous ayons été, leur difant plus volontiers des. chofes utiles qu'agreables, & des chofes fâcheuses

plutôt que préjudiciables. La lettre eft du treizić

me d'Août.

Le clergé de Caftille fe plaignoit auffi du roi Alfonfe, qui ne fe contentoit pas du centiéme des revenus ecclefiaftiques que le pape lui avoit accordé pour cete guerre; mais prenoit encore le tiers deftiné aux réparations des églifes. Le pape chargea l'archevêque de Seville de lui en faire des reproches ; & de lui reprefenter qu'il n'y avoit pas de fageffe à s'expofer aux perils de la guerre, étant en guerre avec la propre confcience. L'archevê-que avoit auffi la commiffion de prêcher la croifa de en Caftille..

AN. 1265

n. 39%

XXXVII.
Croisades en

terre.

En France, outre celle de la Poüille contre Mainfroi, on continuoit de prêcher celle de la terre fain- France, enHonte; & le pape redoubloit fes efforts pour y exciter, grie, en Angle far les triftes nouvelles qu'il recevoit des progrezde Bondocdar fultan d'Egypte, il avoit pris & ruiné F'année précedente Cefarée de Palestine; & cette année le dernier jour d'Avril, il prit le château d'Arfouf; quatre-vingt-dix Hofpitaliers furent pris ou samue på 2205 ́ tuez,& ceux qui étoient dans le château au nombre d'environ mille menez captifs à Babylone, c'eftà-dire, au Caire. Bondocdar fe preparoit enfuite au siege d'Acre, la feule place forte qui restât aux Chrétiens, & avoit armé une flotte pour cet ef fet. Le pape apprit ces pertes par les lettres du pa- Rain. n.37•Úc. · triarche de Jerufalem & des chefs des Chrétiens du pays; aufquels il écrivit le vingt-cinquième d'Août pour les confoler & les encourager par l'efperance du fecours qu'il leur promettoit, prin

no 41. 42.

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