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main, & choisit pour confecrateur Gregoire me- AN. 1267. tropolitain de Mitylene, dont l'ordination étoit fans reproche.

L'empereur Michel qui n'avoit rien plus à cœur que de fe faire abfoudre de l'excommunication, donna au nouveau patriarche le mois entier, pour en déliberer avec les évêques; accordant au prélat de fon côté tout ce qu'il lui demandoit, jufques à écrire par tout l'empire, que les ordres du patriarche fuffent executez comme les fiens. Il ouvrit auffi les prifons, il donna la grace à plufieurs criminels, il rappella les exilez, & rendit fes bonnes graces à ceux qu'il avoit pris en averfion; le tout par l'interceffion du patriarche.

Le fecond jour de Février 1267. fête de l'Hypapante felon les Grecs, de la purification felon nous, le patriarche Jofeph avec tous les évêques ayant veillé toute la nuit & fait l'office folemnellement dans l'église magnifiquement éclairée, celebra la liturgie; & quand elle fut achevée l'empereur Michel accompagné de fes gardes, du fenat & des magiftrats,fe prefenta aux portes du fanctuaire, au dedans duquel étoient les évêques. Ayant ôté fon bonnet imperial, il se profterna tête nuë aux pied du patriarche, & demanda pardon avec toute l'ardeur poffible,confeffant fon crime àhaute voix. Pendant qu'il étoit ainfi fur le pavé, le patriarche prit entre fes mains la formule d'abfolution, où le crime commis contre le jeune empereur Jean Lascaris étoit exprimé nommément. Le patriarche la lut distinctement, puis tous les

évêques l'un après l'autre, donnant chacun leur

AN.1267. abfolution à l'empereur, à mesure qu'il la demandoit. Les affiftans fondoient en larmes, particulierement le fenat ; enfin l'empereur fe leva, reçût la fainte communion, fit fon action de graces, falua la compagnie & retourna au palais. Il donna ordre enfuite que le jeune prince dans fa prison reçut abondamment tout ce qui étoit neceffaire pour fa fubfiftance & fa confolation.

XLVIIL Conquête de Bondocdar.

Les affaires de terre fainte déperiffoient toû jours. Le premier jour de Juin 1266. Bondocdar vint devant Acre, & y ayant été huit jours fans Sanut. p. 222. rien faire, il attaqua le château de Saphet, qu'il prit le vingt-quatrième du même mois à compofition. Mais le foir il envoya un émir proposer aux habitans de fe faire Musulmans, autrement qu'on les feroit tous mourir, Deux fres Mineurs Jacques du Pui & Jeremie les exhorterent fi bien pendant toute la nuit, qu'ils fe refolurent au martyre, & furent égorgez contre la foi du traité au nombre de plus de fix cens, leur fang couloit comme un ruiffeau de la montagne en bas. Il n'y en eut que huit qui apoftafierent. Les deux freres Mineurs & Siffrid. an.1166. le prieur des Templiers furent écorchez, puis fuftigez,& enfin décolez au même lieu que les autres.Le pape ayant appris ces nouvelles par les lettres des Chrétiens du pays, leur écrivit dès le douzième d'Aouft, pour les confoler & les encourager par l'efperance d'un prompt fecours. L'affaire de Siapp Rain. 1266, cile, dit-il, étant fi heureufement terminée, les François font encouragez au fecours de la terre

2.45°

faints

fainte, & le préparent à partir inceffamment. En Allemagne les comtes de Luxembourg & de Juliers, l'évêque de Liege & plufieurs feigneurs ont prix la croix. On la prêche en Angleterre, & on en elpere un grand fecours. Que ne feront-ils point quand ils auront reçu ces malheureufes nouvelles, que nous leur avons mandées ?

AN.1267.

Le pape écrivit ensuite à Richard cardinal de n. 43. faint Ange fon légat au royaume de Sicile, de fçavoir ce que le roi Charles voudroit faire en cette occafion; lui qui étoit le plus proche, & pourroit secourir la terre fainte plus promptement qu'aucun autre prince du monde. La lettre eft du dixneuvième d'Octobre, & le vingt-cinquième le pape écrivit à Ottobon fon légat en Angleterre, d'y faire prêcher la croisade pour le même fujet.

De tous les princes S. Louis étoit celui qui prenoit l'affaire le plus ferieufement. Depuis quelques années il avoit réfolu d'entreprendre vers la fin de les jours quelque chofe de grand & de difficile pour le fervice de Dieu, & d'aller encore une fois au fecours de la terre fainte. Dès-lors il commença à retrancher tout ce qu'il pouvoit des dépenfes de fa maifon, au grand étonnement de tout le monde; car il tenoit fon deffein fecret, & ne se preffa pas de l'executer. Il ne vouloit pas s'en croire lui même, il confulta fecretement le pape pape Clement par une perfonne fi delle; mais le pape craignit d'abord d'y confentir, & ne l'aprouva qu'aprés en avoir long-tems déliberé.

12. 42, 44.

XLIX. Seconde croi

Ceoffr. c. 37. Duchêne

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fade de S Louis effy. Belloc. 461. p. 383.

Chr. Rotom to.

1. Bibl. Labp

37.

Alors le roi convoqua un parlement à Paris pour Joinville p.125. Tom. XVIII,

N

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AN. 1267.

la mi-carême de l'an 1267. & y appella tous les prélats & les feigneurs du roiaume fans que perfonne en fçût le fujet. Le jeudi de la mi- carême étoit le vingt-quatriéme de Mars, & le lendemain fête de l'Annonciation le parlement étant affemblé & le légat prefent, le roi fit une exhortation à la croisade avec beaucoup de force & de grace. Le légat prêcha enfuite fur le même fujet, & après fon fermon le roi prit la croix avec grande devotion, puis fes trois fils, Philippe, Jean Triftan & Pierre : le quatriéme nommé Robert n'avoit gueres que dix ans. Plufieurs feigneurs le croiferent auffi le même jour : tant ceux à qui le roi en avoit déja parlé en fecret, que d'autres à qui Dieu toucha le cœur en cette occafion : mais il y en eut un plus grand nombre qui fe croiferent dans la fuite. Les principaux furent Alfonfe frere du roi D#. 383. comte de Poitiers & de Toulouse; Thibaut roi de Navarre & comte de Champagne gendre du roi, Robert comte d'Artois, Gui comte de Flandre, Jean fils du comte de Bretagne.

L.

Eude Rigaud

Pomer. 474.

1.587.

I.

Entre les prélats qui fe croiferent avec faint arch. de Rouen. Louis, on remarque Eude Rigaud archevêque de Roüen. Il étoit noble, & étant entré dans l'ordre Gallt chr. to. 1. des freres Mineurs, il étudia à Paris fous Alexandre de Halés, & s'appliqua à la prédication avec grand fuccès. Après la mort de l'archevêque Eude Clement arrivée le cinquième de Mai 1247. le chapitre de Rouen élut frere Eude Rigaud pour fon merite; & le pape Innocent IV. confirma fon élection. Eude le rendit à Lyon où étoit le pape, y

fut facré, & y reçut le pallium au mois de Mars 1248. puis étant de retour il fit fon entrée à Rouen le premier dimanche d'après Pâques vingt-fixiéme d'Avril. Il gouverna ce grand diocefe pendant vingt-fept ans avec tant d'édification, qu'on le nomma la Regle de vivre; & il s'appliqua particulierement à faire fes vifites. Il ne negligeoit pas toutefois fon temporel: dès l'année 1249 il paffa en Angleterre, & rentra en poffeffion de certains revenus dont fon églife étoit dépouillée. En 1255. le roi faint Louis lui ceda la collation libre de l'archidiaconé de Pontoife; & en 1262. il acquit du même roi par échange le château de Gaillon.

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Pom. p. 480.
Spicil. to. p.

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78. to. cone. Pomp. p. 2530.

S'étant croifé avec le roi, il tint un concile provincial à Pontaudemer, ville du diocefe de Lifieux, la même année 1267. le lendemain de la décolation de S. Jean-Baptifte, c'est-à-dire le trentiéme d'Aouft: où il fut ordonné aux clercs même mariez, de s'abstenir de tout negoce, & de porter la tonfure & l'habit clerical: autrement ils ne joüiroient point des privileges du clergé. Défense aux clercs & aux croifez d'abufer des lettres du pape ou des légats en leur faveur. L'archevêque fit le voyage de Tunis avec S. Loüis: enfuite il affifta au fecond concile de Lyon fous Gregoi- Joinville p. re X. & mourut l'année fuivante 1275. le fecond 125. jour de Juillet.

Plufieurs blâmerent ceux qui avoient confeillé au roi faint Louis de fe croifer, attendu la foibleffe de fon corps, qui étoit telle qu'il ne pouvoit porter d'armure, ni être long tems à cheval.

LI.

Decime en
France.
Rain. 1167. n.

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