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en Hongrie & prit fa marche du long du Danube. Elle emporta en chemin les châteaux d'Alt & de Vifgrad; le Régent y avoit mis des Commandans & quelques troupes, non dans la penfée de les pouvoir défendre, mais de retarder la marche de cette armée, & mieux connoître de quelle maniere elle étoit conduite; il ne fe trompa pas dans ces vûës, car la feconde de ces places ayant refufé de fe rendre fans être attaquée, le Géneral la fit battre par une groffe artillerie; la garnison fe trouvant trop foible pour foûtenir l'affaut, demanda à capituler & fut forcée de fe rendre; mais contre le droit des gens & les loix de la guerre, tout fut mis au fil de l'épée. Le Comte de Felfe par une mauvaife politique, prétendoit par cet exemple intimider les autres places qu'il attaqueroit, mais les

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que

Hongrois n'en furent que plus irritez & plus animez à leur défenfe contre les Allemans. Enfin l'armée ennemie arriva devant la petite ville de Peft, qui n'eft féparée de celle de Bude par le Danube elle fe rendic d'abord par l'ordre du Régent, qui ne jugea pas à propos de la défendre; comme elle étoit peu fortifiée, il ne voulut pas perdre de braves gensqui lui étoient plus neceffaires pour la défenfe de Bude. L'armée ennemie paffa fur le pont qui communique de Peft à l'autre rive du Danube; & d'abord fon General alla reconnoître la place, & pofa fon quartier aux Termes peu éloignez de la Ville & du fleuve.

Ces Termes ou Bains, font fort remarquables; ce font deux fources dont l'une à un fi grand degré de chaleur, que lors qu'on y plonge quelque animal

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:

y

quelque oifeau, dans l'instant il eft dépouillé de fon poil, ou de fa plume les œufs font plûtôt durcis que dans l'eau la plus bouillante, cependant elle nourrit des poiffons d'environ un pied de longueur, dont l'écaille eft argentée; la nature les à fi bien formez pour vivre dans cette grande chaleur , que lorfqu'on en prend en vie, dès qu'on les met dans l'eau du Danube, le froid qui les faifit les fait mourir dans l'inftant; il en eft de même de ceux du Danube dès qu'on les met dans l'eau de cette fource, dans le moment ils font étouffez. Mais ce qui eft plus admirable, eft qu'à une petite diftance de cette fource chaude, il en fort une d'une froideur exceffive; en forte qu'un homme peut les toucher toutes deux en même tems & fentir d'une main l'ardeur du feu, &

,

de l'autre la froideur de la gla

ce.

Ce Géneral ayant pofé fon camp, laissa à fes troupes la licence de s'écarter dans la cam

pagne, & d'y mettre tout au pillage; mauvaise politique pour concilier les peuples en faveur de Ferdinand. Le Régent habile avoit bien prévû ce defordre, & par une conduite oppofée, il avoit diftribué fes autres troupes, fur tout fa Cavalerie, dans tous les bons lieux qui étoient à une distance convenable : il en avoit donné le commandement au Capitaine Valentin, homme de cœur & de tête avec ordre d'avoir nuit & jour de gros détachemens en campagne pour refferrer les ennemis dans leur camp, & charger ceux qui s'écarteroient. Valentin executa fi bien fes ordres, qu'il étoit tous les jours aux mains contre ces

coureurs, & fouvent les ramenoit battans jusques dans leur camp. Cette petite guerre en excita une civile, qui faillit à détruire l'armée ennemie, fans que le Régent, ni fes troupes, euffent part à fa défaite. Les Hongrois qui étoient dans l'armée & dans le parti de Ferdinand, ne pouvoient fouffrir patiemment de voir leurs compatriotes fi maltraitez & leur païs défolé par les Allemans. Les Allemans de leur côté, étoient irritez de fe voir fi mal menez par les troupes Hongroises. Ces mécontentemens en vinrent à une querelle entre les deux nations des plaintes elles prirent les armes & commencent à fe charger comme ennemies; le Géneral & les autres Officiers y accourent pour apaifer le defordre, mais les Allemans refufent de mettre bas les armes: ils eu

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