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rent même l'infolence de charleur Géneral, qui fut bleffé à la cuiffe; il fut contraint de fe retirer avec les Officiers qui l'accompagnoient, dont la plûpart emporterent les marques de la fureur de ces mutins. Le Géneral justement indigné contre des troupes fi mal difciplinées & fi infolentes, fait avancer la flote, ordonne aux Espagnols & aux Italiens qui la montoient, de pointer leur canon & leurs arquebufes contre les Allemans rebelles à fes ordres, ce qui fut promptement executé; on fit un fi grand feu fur ces mutins, qu'une partie étant mise fur la place, le refte fut contraint de fe retirer, trop foible pour foûtenir cette attaque. Enfin ce Gé neral voyant la force de la ville de Bude, la réfolution du Régent à la bien défendre, la bravoure de fes Chefs & de fes trou

pes, la difcorde & la divifion des fiennes, il jugea à propos de lever le fiege, & de reprendre le chemin de Vienne.

Ferdinand honteux & chagrin du mauvais fuccez de cette expedition, affecta de faire publier que fon intention n'avoit pas été d'entrer dans Bude la force,

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mais de la porter à reconnoître fon autorité & fes droits, après l'avoir reçû & reconnu pour Roy legitime. Mais les Hongrois receurent ces proteftations comme des preuves de fon ambition

& de fa foibleffe ; ils en conçûrent plus de courage & plus d'éloignement pour la domination, & plus d'eftime & d'attachement pour leur Régent, qui par fa prudence confommée & la fermeté de fa conduite, avoit en fi peu de temps diffipé cette groffe armée, qui n'avoit été mife fur pied que pour la ruine de leur

pais. Cependant ce Prince informa l'Empereur Charles du defavantage de cette campagne ; & des confequences qu'on en pourroit tirer dans toute l'Europe & tous deux piquez d'honneur & d'interêt, réfolurent de ne pas quitter la partie, & de faire de plus grands efforts.

L'année fuivante, avec le fecours des Princes d'Allemagne' ils remirent fur pied une plus groffe armée, & une plus nombreufe flote fur le Danube, pour porter toute l'artillerie & toutes les munitions neceffaires pour une prompte & glorieuse expedition. Le commandement de ces grandes forces fut donné au même Guillaume Rocandolph qui avoit déja fait le fiége de Bude, du vivant du Roy Jean, & qui avoit été obligé de le lever.

Ces Princes pour prévenir & détourner tous les obstacles qui

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pourroient traverfer leurs grands deffeins, informez de l'Ambafla Reine & le Régent à Conftantinople, réfolurent d'y en envoyer une de leur part, pour rendre

fade que avoient envoye

inutiles les follicitations de leurs concurrens. Ils connoiffoient l'habileté de Jerôme Lafki, par le fuccez de fa negociation à la Porte, en faveur du Roy Jean, lorfqu'il étoit refugié en Pologne; ils s'imaginerent que cet Ambaffadeur ne feroit pas moins agreable à Soliman, qu'il l'avoit déja été, & ce fut fur cet Agent qu'ils fe determinerent.

Mais avant que d'entrer dans le détail de cette Ambaffade, on doit fçavoir par quelle avanture Jerôme Lafki fe trouvoit dans les interêts de la maifon d'Autriche, après avoir été fi zélé pour ceux de leur ennemi. Nous avons vû le malheureux fuccez de l'entre

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prife de Louis Griti fur la Tranfilvanie; l'affaffinat d'Emeric Cibaco, qui en étoit Vaivode, & la vengeance qui en fut prife. Comme cet attentat pouvoit avoir des fuites, Martinufius attentif à tout, ayant fuccedé à Cibaco, en voulut approfondir toutes les circonftances & tous les complices; cette conjuration fut fi bien fuivie, que l'on découvrit que Lafki, gagné par Griti, étoit entré, & avoit > Y promis de l'appuyer de tout fon pouvoir; il fut arrêté & conduit à Bude, pour y être jugé : fur le point de perdre la tête, comme traître & affaffin, il eut recours à la puiffante protection de Jean Tarnovifki, qui avoit fi bien reçû, & fi bien fervi le Roy en Pologne. Ce Seigneur genereux fe rendit à Bude en diligence, pour fauver un homme qu'il avoit employé utilement; Le Roy

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