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Kocandolph ne manqua pas d'en venir à l'affaut par les deux brêches; les Allemans animez par la prefence de leur General, & par l'efperance du pillage, s'y porterent avec toute la valeur poffible, mais ils furent fi bien reçûs par le Regent d'un côté & par Peren de l'autre leurs Compagnies demeurerent fi fermes & fi bien foûtenues par les habitans & par les femmes même; qu'après une attaque longue & opiniâtre, Rocandolph, voyant fes troupes rebuttées, fut contraint de faire fonner la retraite, laiffant neuf cens morts fur la place, & encore un plus grand nombre de bleffez, fans prefque de perte du côté des affiegez. Après ce glorieux avan tage, Martinufius donna à fes Capitaines & à fes troupes les loüanges que meritoit leur bravoure, il raffûra fi bien les ha

bitans, qu'ils ne redouterent plus les ennemis; après avoir rendu graces à Dieu dans la grande Eglife d'un fi heureux fuccez, il vifita tous les poftes, donna tous les ordres neceffaires & fe retira au Palais, au milieu des acclamations.

Cependant la Reine étoit bien dans d'autres fentimens. Prevenuë que plus Ferdinand trouveroit de refiftance, moins il feroit porté à lui faire des compofitions avantageufes, elle vouloit capituler; & ne comptoit plus fur le fecours de Soliman, occupé pour lors à la guerre contre le Sophi de Perfe: Martinufius n'oublia rien pour la raffurer; il lui déclara, que tant que Dieu lui donneroit la vie, il ne fe réfoudroit jamais à ren- « dre une place d'où dépendoit la confervation du Royaume, d'ailleurs fi forte, fi bien mu- «

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nie, défenduë par de fr braves »gens: qu'enfin il efperoit que » les ennemis manqueroient plû» tôt de courage que lui de ré

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folution. Ce difcours au lieu de raffurer la Reine, la jetta dans. de nouvelles craintes ; elle s'imagina que le Regent ne fongeoit qu'à ufurper toute l'autorité; elle ne manquoit point de flateurs qui fomentoient fes défiances; la haine fuivit la jalousie, comme il arrive ordinairement : de la les difcordes, que nous verrons dans la fuite, qui cauferent la perte de l'un & de l'autre. La Reine s'en repentit, mais trop tard, & après avoir connu qu'à faute de fuivre les fages confeils d'un Ministre si prudent, elle étoit la vi Aime de l'ambition de Ferdinand.

Tandis que les chofes fe paffoient ainfi dans Bude, Rocandolph defefperant de s'en rendre

maître par la force ouverte, voulut employer un moyen qui expofât moins fes troupes & fa réputation.Il fit affembler un grand nombre de pionniers, & fous la conduite de fes Ingenieurs, il fit travailler jour & nuit à de grandes mines, pour faire fauter les fortifications. Le Regent étoit trop habile pour n'avoir pas prévû cette forte d'attaque; il avoit eu la précaution de faire venir de Tranfilvanie de ces hommes robuftes & entendus à remuer la terre qui n'ont point d'autre métier que de travailler fous les montagnes, pour découvrir les métaux qu'elles renferment. En même temps que les Allemans travailloient au dehors , pour découvrir les fondemens des mu railles, le Regent faifoit travailler au dedans pour éventer leurs mines. Il s'y appliqua avec tant d'attention, qu'il rendit toutes.

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leurs peines inutiles, & fit fous terre la guerre à fes ennemis avec le même fuccez, qu'il venoit de la faire à découvert. Cependant il faillit à être furpris par une entreprise bien plus dangereufe: Il y avoit dans la Ville un homme riche, nommé Bornemiffe, qui confervoit une haine fecrette contre le Regent, dont il prétendoit avoir reçû quelque tort dans un jugement qu'il avoit rendu contre lui. Bornemiffe prit la réfolution de s'en venger au péril de fa patrie. Ik avoit dans le camp des affiegeans un ami nommé Rival, avec lequel il entretenoit des corefpondances; il lui fit entendre qu'ik s'obligeoit à livrer la place, pourvû que fon General voulut luf donner fa confiance. Rival ne manqua pas d'en informer Rocandolph, qui reçut agreablement la propofition; il fit assû

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