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rer Bornemiffe, non feulement de fa confiance, mais encore de fon eftime, & lui promit de grandes recompenfes de la part de Ferdinand. Bornemisse animé par la vengeance & par l'interêt, fit entendre à Rival qu'il y avoit une fauffe porte aux murailles de la ville, près de l'Eglife de fainte Marie qu'on avoit murée, & dont on ne prenoit point de dé fiance, n'y ayant point de. corps de garde de ce côté-là ; qu'il s'obligeoit d'ouvrir cette porte, & d'introduire dans la place autant de troupes qu'il en falloit pour la furprendre. Rocandolph fit re connoître le lieu, & ayant bien concerté fes mefures, pendant une nuit, en grand filence, il fit marcher des troupes choifies, qui trouverent la porte ouverte & commencerent à filer dans la Ville. Mais le Regent faifoit fai re exactement la ronde, le guer

rencontra ces gens armez, & les

ayant reconnus pour ennemis il donne l'alarme. Urbain Batian & Pierre Bachi, braves. Capitaines: qui étoient de garde cette nuit, accourent à la tête de leurs compagnies, attaquent les Allemans, qui d'abord le défendirent avec valeur, mais enfin preflez.de toutes parts, ils furent obligez de tourner le dos, & tâcher de fortir par la porte qui leur avoit donné entrée ; mais comme elle étoit fort étroite, ils s'embarafferent les uns fur les autres, ils furent prefque tous paffez au fil de l'épée ou faits prifonniers : les ennemis repouffez ke Regent voulut découvrir les auteurs de la trahison, on mit à la queftion quelques-uns des prifonniers, qui accuferent Bornemiffe: il fut arrêté, & après la confeffion de fon crime, il fut executé, avec fes complices, comme criminels,

d'Etat, & traîtres à leur patrie. Enfin Rocandolph defefperant de prendre la place, ni

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ce, ni par artifice, fe reduifit à la tenir bloquée, pour la reduire par la faim. Cette réfolution fut encore favorable aux affiegez: comme ils ne manquoient ni de vivres ni de munitions ils eurent le temps d'attendre le fecours de Soliman pour faire lever le fiege. Le grand Chancelier & l'Evêque de Cinq-Eglifes étoient depuis quelques mois arrivez à Conftantinoplex ils y avoient été reçûs comme alliez & bons amis; mais comme Soliman étoit en Afie contre le Sophi de Perfe, ils furent obligez d'attendre fa réponse sur le fujet de leur Ambaffade. En-fin Soliman leur fit fçavoir, qu'il prenoit le jeune Roy, & le « Royaume fous fa protection,

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qu'en attendant qu'il pût les «

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» fecourir en perfonne, il donnoit fes ordres pour faire avan» cer des troupes fuffifantes pour faire lever le fiege de Bude. Ferdinand auffi peu heureux dans le choix de fes Agens, que de fes Generaux, eut un fuccez bien different dans fon Ambaffade. Lafki arrivé à Conftantinople, ouvrit au Divan le fujet de fa négociation, toute contraire à celle qu'il avoit fi heureusement ménagée en faveur du Roy Jean; quelque foin qu'il eut pris de fe rendre ce Confeil favorable par fes foûmiffions & par fes riches presens, il en fut écouté avec indignation, & fans égard à fon caractere, il fut mis en arrêt, & enfuite par ordre de Soliman mis aux fers & enfermé dans le château des fept Tours où il finit malheureufement fa vie. C'eft ainfi qu'une juftice fecrette, mais infaillible, permet

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que tôt ou tard les traîtres & les ingrats portent dès cette vie la peine de leur perfidie.

En ce même temps, felon les ordres de Soliman, le Vifir Mahomet se mit à la tête des troupes d'Europe, & y joignit celles du Bacha de Bellegrade, qui fe nommoit auffi Mahomet, & marcha fans retardement au fecours de Bude. D'un autre côté, Soliman informé qu'Etienne Maillat, un des Seigneurs de Tranfilvanie, s'étoit emparé, au nom de Ferdinand, de plufieurs places de cette Province, il ordonna à Mustafa Bacha de marcher pour les recouvrer, & de fe faifir de la perfonne de Maillat ; en même temps il commanda à Pierre Vaivode de Moldavie, de feconder le Bacha de toutes fes forces, ce qu'il fit avec tant d'ar

deur, qu'en peu

de jours, ilmit trente mille hommes fur pied

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