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Vienne & fut reçû par Ferdi nand avec toutes les marques d'ef time; là il eut plufieurs conferences fur les moyens de bien executer cette expedition; il fe fit exactement inftruire du caractere & des actions de Martinufius, avec lequel il devoit agir d'intelligence mais avec beaucoup de précaution. On lui affigna huit mille ducats par an pour fervir en qualité de Lieutenant Géneral. du Roy, des Romains en Tranfilvanie, Croatie & Dalmatie. Il partit de Vienne le premier de May, & fe ren-dit à Agria, où étoit le rendezvous de fes troupes ; en les attendant il fit fortifier cette place, & il en partit le 26. en cet ordre..

Il commandoit l'avant- garde de fon armée, qui étoit de deux mille cinq cens Efpagnols natu rels, cinq cens Heiduques, ou

Fantaffins Hongrois, & fept cens Houffars, ou Cavaliers de cetto nation, avec quatre pieces d'artillerie. Le Corps de bataille confiftoit en trois mille Allemans quatre cens Gendarmes, quatre gros canons & deux coulevrines; le Comte Felix d'Arco en étoit Commandant. A l'arriere-garde étoient les bagages escortez par trois cens Houffars., avec trois pieces de campagne..

Caftaldo avec cette petite armée, arriva fur les bords de la Teiffe; il fut huit jours à la paffer, parce que cette Riviere grof fie par plufieurs autres, étoit fort large en cet endroit ; de là il avança à Debrézen, où il fut joint par André Batori & Thomas Nadafti, qui de concert avec le Régent, étoient venus à fa rencontre & avec cinq cens chevaux gardoient un paffage.

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Ils continuerent leur chemin, &:

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arriverent à Zolnoc château fort, environné d'un bon foffé plein d'eau, où ils mirent cinquante Efpagnols en garnison pour s'affûrer du paffage de la Teiffe, fur laquelle il eft fitué. Etant arrivez au détroit des montagnes, pour entrer en Tranfilvanie, Caftaldo reçût avis que le Colonel Balaffi, qui avoit quitté le parti de Ferdinand, pour entrer dans celui de la Reine, défendoit ce paffage, commandé par le château de Dalmen, dont le canon battoit du long du détroit; il commanda le Comte Felix , pour emporter cette place afin de ne rien laiffer derriere qui pût l'incommoder : mais le Comte y trouva plus de refiftance qu'il ne s'éroit imaginé. Caftaldo laiffa continuer le fiege & marcha plus avant. Il ar riva à Claufembourg, juftement dans le temps que Martinufius

reprefentoit à la Reine, l'interêt qu'elle avoit de tenir le traité paffé avec Ferdinand. D'abord qu'il eut appris l'arrivée de Cataldo, il envoya le complimenter, & en même temps. des Commiffaires pour conduire fes troupes à Agnetzin pour les micux rafraîchir, ce canton étant un des plus abondans de la Province; cependant il ménagea l'esprit de la Reine & lui fit entendre que le château de Dalmen ne pouvoit pas tenir; " que s'il fouffroit l'affaut, elle « devoit s'attendre à perdre les « braves gens qui le défendoient, & irriteroit le Géneral de Fer- «. dinand, qui étoit avec son ar- « mée dans le cœur de la Pro- « vince: Que fon intention n'étoit point de lui faire la guer- «. mais de traiter avec elle. Cette Princeffe par crainte, ou par efperance, envoya ordre à

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Balaffi de fe rendre. Enfuite le Régent accompagné de quatre cens Gentilhommes qui marchoient devant fon carroffe, fuivi de deux cens Moufquetaires, arriva près d'Agnetzin avec tant de diligence, qu'à peine le Marquis eut le temps de fe mettre en ordre pour aller au devant : Quand ils furent en vûë, le Régent defcendit de carroffe, attelé de huit beaux chevaux, & monta fur un de main ; car il en avoit toûjours un bon nombre des meilleurs à fa fuite; en s'abordant il embraffa le Marquis & tous les Officiers qui l'accompagnoient, & après ces témoi gnages d'amitié & d'eftime, ils arriverent à Agnetzin, où le Regent pour faire plus d'honneur au Marquis voulut aller defcendre chez lui.

Après ces honnêtetez, il fal lut venir à l'effentiel. Caftaldo

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