communiqua à Martinusius les pouvoirs amples qu'il avoit de Ferdinand fon maître, & fes ordres précis de ne rien entreprendre que par ceux du Régent.Martinufius, tout habile qu'il étoit fe laiffa flatter par ces honneurs apparens, & fes foûmiffions affectées; car Caftaldo avoit bien d'autres vûës: élevé à l'école du Marquis de Pefcaire, il avoit appris fa conduite pour la guerre, & fes maximes pour la politique; & perfonne n'ignore que fi la bonne foi avoit égalé la prudence & la valeur de ce Géneral de l'Empereur CharlesQuint, il auroit été mis au nombre des plus grands hommes. Caftaldo avoit donc pris avec fon experience dans les armes, fa diflimulation dans les traitez ; toûjours difpofé à tout promettre avec des détours méditez pour ne rien tenir. Cependant le Régent ébloui par ces belles apparences d'autorité & de comchoifit Veiffem mandement bourg pour fon quartier avec fes troupes, & le lieu où le Marquis auroit à fe rendre, quand il s'agiroit de conferer & de prendre des mefures pour les affaires de guerre & d'Etat. Après s'être féparez, Martinufius revint à Millembac trouver la Reine & apprendre fes intentions. Sur tout il l'exhorta de nouveau fortement de ne point se démettre de fon autorité, ni déroger aux droits du Prince, que Ferdinand n'eût executé de fa part toutes les conditions dont il étoit convenu: qu'elle devoit être dédommagée par des Seigneuries & des revenus équivalens à ceux qu'elle devoit ceder, & que c'étoit le premier article du traité. Les Etats géneraux furent con 46 сс voquez à Millembac. Caftaldo de concert avec le Régent s'y rendit d'abord qu'ils furent affemblez: là il expofa le fujet de fa venuë, qui étoit ; De trai- « ter avec la Reine des conditions que le Roy des Romains " avoit déja offert au feu Roy Jean fon mari: qu'elle cédât au nom du Prince fon fils le « Royaume à Ferdinand, puifque par fes feules forces, il ne « pouvoit le défendre contre la puiffance des Turcs; qu'en échange le Roy des Romains " lui donneroit les Principautez d'Opelen & de Ratibon en Silefie, en toute Souveraineté dont les revenus n'étoient pas moins confiderables que ceux « de la Tranfilvanie : que le Roy des Romains acquitteroit tou- « tes les dettes contractées, tant « , que par le feu Roy fon mari, & rembouferoit les « par elle 2 دو "cent mille ducats de fa dot. Enfin pour lier une amitié éternelle, que Ferdinand donne»roit auPrince en mariage laPrin ceffe Jeanne fa fille, avec cent » mille ducats.Que jufqu'à l'entie»re execution de ce traité,on donneroit en gage à la Ree la ville de Caffovie avec les dépendances دو 39 , pour y faire son féjour. La Reine, fans autre déliberation , accepta ces conditions, fans autre affûrance que ces promeffes verbales; mais elle ne fongeoit qu'à fe rendre indépendante du Régent, & la réfolution fut plûtôt un effet de la haine qu'elle lui portoit, que la fuite d'une reflexion judicieuse. D'un autre côté, Caftaldo avoit ordre de lui promettre tout ce qu'elle demanderoit > pour la faire fortir de la Tranfilvanie Ferdinand ne fondant l'établis fement de fa fouveraineté fur cette cette belle Province, que par rer. Après ces promeffes à la Reine, Caftaldo entra en traité avec le Régent, négociation plus délicate. Il fut convenu que Ferdinand lui confirmeroit le Gouvernement de la Province, avec le titre de Vaivode & quinze mille ducats d'apointement: qu'il auroit quinze cens chevaux & cinq cens Fantaffins entretenus pour fa garde ordinaire, en paix & en guerre qu'il garderoit la charge de Grand Tréforier avec quatre mille ducats. Il demanda les impôts fur les Salines de Torda; mais comme c'est le revenu le plus liquide du Royaume, Pologne & les païs voifins venant y faire leurs provifions, N : la |