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tection de Soliman. Le Palatin réprefenta au Roy, que cet a Empereur avoit le cœur mag- " nanime; que la gloire étoit fa« paffion dominante, qu'il em- « brafferoit avec chaleur les in- « terêts d'un Roy opprimé, par un Ufurpateur, dont la Maifon « puiffante étoit ennemie de celle des Othomans ; qu'en lui « offrant quelque tribut, pour l'honneur de fon Empire il en "« devoit tout attendre. Jean é- “ couta ce confeil & réfolut d'en tenter l'évenement. Pour ménager cette négociation, le Palatin propofa un Gentilhomine Polonois, nommé Jerôme Laski, qui étoit capable de la bien conduire; le Roy Jean lui donna le caractere de fon Ambaffadeur à la Porte, avec toutes les lettres de creance & tous les pouvoirs neceffaires; il lui fit dreffer un équipage magnifique, & le char

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gea de riches préfens.

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Enfuite le Roy Jean alla voir l'Abbé George dans fon Monastere, prévenu par fa grande réputation. Après les cérémonies ordinaires, ils eurent ensemble plufieurs conférences, qui relevérent encore mieux les efperances de-ce Prince; ce fage Con» feiller lui fit entendre, qu'il ne pouvoit approuver que Sa Majefté eût eu recours aux infidéles, pour se rétablir dans un Royaume Chrétien ; que fon veritable intérêt étoit de mé»nager en fa faveur la Noblesse » & les peuples de Hongrie ; qu'il ne devoit pas douter qu'il ne pût s'y former le plus grand parti; que ces peuples, jaloux de leur liberté & de leurs privileges, ne fouffriroient pas patiemment un Prince étranger » leur donner la loi, ni les Allemans remplir les charges de

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r'Etat & les emplois de la " guerre que l'armée de Fer- « dinand feroit bien-tôt à charge par les impôts & les logemens; qu'il ne s'agiffoit que de lier & entretenir de fûres ❤ correfpondances, pour profiter des conjonctures favorables qui fe prefenteroient tous les jours, & enfin qu'une autorité établie « par la force, ne pouvoit mande devenir bien-tôt o- «

quer dieufe.

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Le Roy goûta ce raifonnement, il en jugea les confequences neceffaires, mais il falloit des Agens d'une prudence & d'une fi delité à l'épreuve pour mettre la main à l'œuvre, & ménager fe- ' cretement des négociations fi importantes; le Roy ne put jetter les yeux fur perfonne plus propre à les conduire que celui qui les avoit infpirées; il s'en ouvrit à l'Abbé, dont l'efprit &

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le cœur étoient capables des plus hautes entreprises, qui de fon » côté marqua à ce Prince; qu'il » avoit toûjours cheri l'état qu'il » avoit embraffé, par rapport à fes devoirs envers Dieu, mais qu'il le cheriffoit encore plus que jamais, puifqu'il lui don»noit encore les moyens de marquer fon zéle & fon attachement pour le fervice de fon Souverain; qu'il pouvoit entrer en Hongrie, & en traverser les "Provinces fans éclat & fans fufpition fous fon habit Religieux; » que fon nom & fa naiffance lui donneroient entrée chez les » Nobles; du credit envers les peuples, & de la confiance » dans le Clergé ; enfin après des a furances reciproques entre le Roy & l'Abbé, ils fe féparérent, & George fe mit en chemin venir agir en Hongrie.

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pour

A mefure qu'il avançoit dans

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le Royaume, il ne manquoit pas de s'informer par tout de l'état des affaires : parmi le peuple & chez les Bourgeois, il marquoit plaindre leur fort de les voir à la veille de n'être plus maîtres de leurs biens & dans leurs maifons: qu'outre les charges nouvelles dont infailliblement ils alloient être accablez , pour foûtenir l'ambition de Ferdinand, ils avoient à craindre l'irruption des Turcs; que Soliman ne fouffri. roit jamais que la maifon d'Autriche s'emparât de la Hongrie, & qu'ils devoient s'attendre à tous les malheurs d'une guerre cruelle.

Chez les Nobles, il marquoit fon étonnement qu'après avoir élû & proclamé un Roy de leur nation & de leur ordre, lui avoir prêté ferment de fidelité, ils vouluffent reconnoître un Ufurpateur étranger, contre leurs droits

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