сс

stance, cet Empereur lui dit ces belles paroles, qui furent une prédiction veritable : Pouvez» vous faire rien de plus grand » que de rendre vos ennemis ingrats; s'ils fe rendent indignes » du pardon, ils périront par leur ingratitude, & vous triompherez par vôtre clemence. Le Roy ne put resister à une fi puiffante follicitation, il tendit la main à l'Archevêque & à Peren, qui lui jurerent de nouveau une fidelité inviolable. Enfuite Soliman confirma à Jean l'inveftiture du Royaume par des Patentes écrites en lettres d'or; & pour une plus grande marque de bienveillance, il laiffa auprès de lui Louis Griti, dont nous aurons lieu de parler, pour être de fon Confeil, & trois mille Janiffaires pour la garde de fa perfonne; & cet Empereur partit comblé de gloire & s'en retour

na a Conftantinople.

Le Roy fe trouvant paisible, s'appliqua à rétablir fon autorité; il trouva tous les Ordres fr bien intentionnez, qu'il reconnut mieux que jamais les grands fervices que l'Abbé George lui avoit rendu, & ceux qu'il étoit capable de lui rendre. Il l'appella avec empreffement auprès de fa perfonne, & pour marque de fon eftime & de fa gratitude, ik le déclara Miniftre & lui donna la charge de Grand Tréforier, la premiere & la plus importante de la Couronne. George répondit dignement aux faveurs & à la bienveillance de fon Roy. Ilmit la main aux affaires avec un or dre & une prudence, qui don na aux Grands & aux peuples l'efperance d'un régne heureux & tranquille; mais tout changea de face dans un moment, au lieu de régler le Royaume le

1530.

Roy fe trouva encore dans la neceffité de fe défendre.

L'Empereur Charles & Ferdinand Roy des Romains, fenfibles au mépris de Soliman, & aux avantages du Roy Jean, tentérent un fecond effort pour le chaffer du Royaume. Ils firent fubitement entrer en Hongrie la groffe armée qu'ils avoient mis fur pied pour la défense de Vienne & de l'Autriche, & en même temps une grande flote für le Danube, chargée de l'artillerie & des munitions neceffaires pour former le fiége de Bude. Le Roy ne s'attendoit pas à cette irruption; il n'avoit eu ni le temps ni les moyens de munir cette grande Ville, cependant par le confeil de l'Abbé George, il réfolut de la défendre en perfonne; ily fit entrer fept à huit mille homme de bonnes troupes, & le Miniftre donna tousles foins pour

y faire conduire toutes les provifions qui lui fut poffible. Guillaume Rocandolph commandoit l'armée de Ferdinand; il étoit grand Maître de fa Maison,& s'étoit acquis la réputation de grand Capitaine dans les guerres d'Italie & d'Allemagne, & en dernier lieu à la défenfe de Vienne.

Rien n'arrêta ce Géneral en chemin, tout lui fut favorable; Paul Vardan Archevêque & Primat, vint au devant & lui livra la ville de Strigonie, Peter Peren par une pareille trahison joignit toutes les forces à cette armée, qui vint enfin investir Bude. Le fiége formé, la place fut attaquée par trois groffes bateries, qui ayant fait de grandes bréches, Rocandolph fit donner un affaut géneral. Mais le Roy en perfonne d'un côté, fecondé du Miniftre, & Louis Griti d'un autre à la tête des Janiffaires,

reçûrent les Allemans avec tant de valeur, qu'après tous les efforts poffibles pendant quatre heures, Rocandolph voyant le grand nombre d'Officiers & de foldats qu'il avoit perdu, fans gagner un pouce de terrain fit fonner la retraite. George fe diftingua par fon activité & par fon courage; il s'acquit la réputation de n'être pas moins propre pour les expeditions de guerre, que pour les affaires d'état.

Cependant Rocandolph bien informé que la Ville étoit mal mu nie, defefperant de pouvoir l'emporter de force, prit le parti de la bloquer étroitement; effectivement en peu de jours les affiégez furent réduits à la chair de leurs chevaux, qui même mouroient de faim faute de fourrages. Cependant le Miniftre vigilant, tenta tant de moyens & prit de fi juftes mefurés., que non feu