A SON ALTESSE SERENISSIME MONSEIGNEUR LE PRINCE RAGOTSKI. M ONSEIGNEUR, L'hiftoire de la vie des grands Hommes eft un hommage qu'on doit rendre à leur memoire, 1 & leurs actions font des modeles qu'on doit conferver à Li pofterité. Le Cardinal Martinufius a merité ces honneurs, il a rendu fon nom celebre dans tous les états de fa vie, comme Religieux, comme Evêque, comme Ministre d'Etat, comme Regent d'un grand Royaume le Tuteur de fon Roy: fes talens partagez auroient rendu plufieurs hommes recommandables. Mais fi Jon genie fuperieur lui a merité l'admiration generale, il lui a attiré l'envie la plus animée. Cette paffion injuste violente a arrêté avant le temps le cours glorieux de fa vie, & a fait de vains ef ز forts pour en ternir la repu. tation après la mort. De ce grand nombre d'Hiftoriens qui en ont parlé, les uns prévenus ou intereffez, ont écrit des Satyres contre lui les autres judicieux & équitables, ont fait fon apologie fon éloge. Je fuis ces derniers Ecrivains, MONSEIGNEUR, & je les fuis avec d'autant plus de confiance que je crois prendre le parti de la verité, j'en appelle MONSEIGNEUR vôtre jugement, je ne Içaurois m'adreffer au tribunal d'un Juge plus équitable s plus éclairé. Parmi tant de Jciences differentes où vous pas avez excellé dès votre jeunes- tiques les plus exacts ont ad- ز I Hiftoire de fa vie paroîtra fous les aufpices de votre nom augufte, une approbation fi glorieufe diffipera ces nuages que l'envie a tâché de répandre fur les actions & les deffeins d'un fi grand genie. Le Ciel l'avoit formé avant vous avec ce même courage, cette habileté, ce zele, capables d'attirer l'amour des peuples & de maintenir leur tranquillité: heureux s'il avoit eu la même prévoyance contre ces traits & ces pieges où un grand merite reconnu eft ordinairement expolé : mais quand vôtre Alteffe a couru les mêmes dangers, les deffeins de fes ennemis n'ont fervi qu'à mieux á iiij |