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l'afphyxié ou noyé, avec fon haleine, l'air chaud étant préférable en cette occafion (a). C'est à tort qu'on roule les noyés dans un tonneau, qu'on les fufpend avec des cordes attachées fous les bras ou aux jambes, ou qu'on les tient la tête baffe & renversée (b).

(a) L'afphyxie eft une privation fubite du pouls, de la refpiration, du fentiment & du mouvement, ou une mort apparente. Dans l'asphyxie toute espece de fonction eft fufpendue dans l'apoplexie, au contraire, les feules fonctions animales font dans ce cas.

(b) M. Pia, digne Echevin de la ville de Paris, Chevalier de l'Ordre du Roi, a fait construire une boîte fumigatoire qui contient tout ce qui eft nécessaire pour rappeler les noyés à la vie : les fuccès journaliers opérés par ces moyens, lorfqu'ils font employés à temps, affurent à fon Auteur le tribut de reconnoiffance qu'il a juftement acquis fur tous les hommes. Le détail de ces fuccès fe trouve chez Lottin, à Paris.

On ne peut trop célébrer la vigilance & la bienfaisance du Gouvernement qui a multiplié les dépôts de cette boîte dans tous les lieux où on a prévu la néceffité de tels établissemens. Il convient de dire auffi qu'on emploîroit en vain ces mêmes moyens dans tout autre cas de fuffocation, telle que l'éprouvent les perfonnes étouffées par la vapeur du charbon; même celles qui defcendent fans précaution dans des fouterrains inhabités, où regnent un air fans reffort, des émanations méphitiques meurtrieres, qui fur le champ les fuffoquent & interceptent toutes les fonctions de la vie. Dans le cas des noyés, toutes les parties extérieures du corps ayant été fous l'eau, font froides & prefque gelées; le peu de chaleur, s'il en refte, paroît s'être concentré dans l'intérieur, & retarder encore la mort du noyé. Dans les perfonnes fuffoquées par la vapeur du charbon, ou par des exhalaifons méphitiques, au contraire, tout l'extérieur du corps eft plus entrepris que refroidi; l'air dilaté détend tous les vaiffeaux, au point de les réduire à l'atonie. Les muscles font engourdis & paffifs; & l'organe de la refpiration affaiffé, éprouve un engorgement plus marqué de la part du fang qui le traverse. On pourroit dire que cet état eft un état de ftupeur, d'anéantiffement, dans lequel toutes les liqueurs font encore à leur place; en un mot, une espece d'engourdiffement chaud ; c'eft pourquoi il ne faut que rafraîchir & irriter l'organe de la peau, pour y rappeler le mouvement; il ne faut que refferrer des vaiffeaux trop di'atés pour leur rendre le premier reffort & c'est ce que fait l'afperfion de l'eau froide. L'impreffion de l'air froid auquel l'on expofe le malade, & l'ufage de l'alkali volatil, la faignée de la jugulaire, & même la bronchotomie, font des fecours fecondaires, quelquefois indifpenfables, quand les premiers fuccès ne font pas complets, ou quand on craint les fuites d'un engorgement au cerveau.

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Au lieu de ces moyens indiqués par l'état du malade & la caufe de la maladie, & juftifiés par le fuccès, fi l'on employoit la chaleur & les fumigations de tabac, les vaiffeaux déjà portés au-delà de leur ton par l'expansion des liquides, deviendroient bientôt inhabiles à le reprendre, par l'excès de dilatation qui en feroit la fuite néceffaire, & ce fecours pourroit être fouvent d'autant plus dangereux que la qualité délétere de La vapeur du charbon, & de prefque toutes les autres émanations mé

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EAU DE PIERRERIES. Les Joailliers fe fervent de ce mot pour exprimer la couleur, la tranfparence la pureté & l'éclat des pierres précieufes : ainfi l'on dit : Cette perle eft d'une belle eau; Voyez PERLE: L'eau de ce diamant eft trouble; Voyez DIAMANT, & l'article PIERRES PRÉCIEUSES.

EAU DE RASE. Voyez à l'article PIN.

ÉBENE. Dans le commerce, on donne ce nom à plufieurs efpeces de bois qui croiffent dans des contrées bien oppofées. Ces bois font très-durs & très-pefans, & par conféquent fufceptibles de recevoir un très-beau poli; auffi les emploie-t-on dans les ouvrages de marquéterie & de molaïque.

tant

On diftingue trois fortes d'ébenes des Indes, Orientales qu'Occidentales; favoir : la noire, la rouge & la verte. La noire eft la plus eftimée, & on en fait

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phitiques, étant d'une nature ftupéfiante il y auroit à craindre que la fumée du tabac, qui, malgré fon acrimonie a auffi la même propriété n'augmentât en ce cas la ftupeur, au lieu de la réfoudre. Il en résulte que dans les noyés il faut s'occuper à reffufciter le refte de la chaleur interne qui peut encore fubfifter; à rétablir infenfiblement la refpiration interceptée, tandis qu'on travaille à rappeler dans eux extérieurement la chaleur par tous les moyens poffibles: dans les fuffoqués par quelque vapeur mal-faifante, il faut au contraire rafraîchir l'air extérieur du corps refferrer le calibre des vaiffeaux trop dilatés par l'air & les fluides qui font en ftagnation. Nous le répétons, l'afperfion d'eau froide, dont la découverte appartient à Panarole, opere en ce cas une espece de convulfion falutaire qui en rappelant les vibrations & les ofcillations fufpendues, rend peu peu à la fibre, & fucceffivement aux vaiffeaux, le ton qu'ils avoient perdu. Si on veut rapprocher de ces deux états violens celui d'une perfonne étranglée, on verra que pour la rappeler à la vie, s'il eft poffible, & s'il en eft temps encore, il faut joindre aux remedes propofés, la faignée, qui devient en ce cas indifpenfable, & la répéter fuivant les circonftances, pour prévenir les fuites de l'engorgement au cerveau. Confultez le Rapport de M. Portal à l'Académie des Sciences, qui fe trouve chez Vincent; la Differtation de M. Bruhier, chez Debure; la These de M. Winflow, fur l'incertitude des fignes de la mort, chez Simon; les Lettres de M. Louis fur la certitude des mêmes fignes, chez Lambert; & les Lettres de M. Dumoulin, Annonces & Affiches de 1757: le Cri de l'humanité en faveur des perfonnes noyées, par M. Ifzard, (Mémoires de l'Académie de Befançon, 1762); le Mémoire de M. de Villiers; les Expériences fur les afphyxies, par M. Sage; les Recherches fur la mort des noyés, par M. Gardane. Vous y trouverez à peu près tout ce qui a été écrit en France fur cette matiere importante.

d'autant plus de cas, qu'elle eft noire comme du jayet, fans aubier & très-maffive. L'arbre qui donne l'ébene noire, croît à Madagascar. Il devient, au rapport de M. Flacourt, qui y a réfidé en qualité de Gouverneur, très-grand & très-gros: fon écorce eft noire, & fes feuilles font affez femblables à celles de notre myrte. Quelques Voyageurs prétendent que les habitans des Mles ont foin d'enterrer ces efpeces d'arbres auffi-tôt qu'ils font abattus, pour augmenter leur belle couleur noire. L'écorce de ce bois, infufée dans de l'eau, est bonne, dit-on, contre la pituite & les maux vénériens fi on en jette fur des charbons allumés, elle exhale une odeur agréable. Cette forte d'ébene eft peutêtre le gros panacoco des Antilles; Voyez ce mot. Le Pere Plumier, (Spec. 19), parle d'un autre arbre d'ébene noire qu'il a découvert à Saint-Domingue, & qu'il appelle Spartium portulaca foliis, aculeatum, ebeni materia; c'eft l'Ebenus Jamaïcenfis de Plukenet. Les Ebénistes emploient fon bois qui eft dur & d'un pourprenoir, dans les ouvrages de marquéterie: c'est l'Aspa lathus ebenus, Linn.

:

L'arbre qui donne l'ébene verte est très-touffu, mais très-petit; c'est le Bignonia arbor hexaphylla, flore maximo luteo, Ebenus vulgò vocata, Barr. Eff. p. 22; Guirapariba, vel Urupariba, Pao-d'Arco Lufitanis, Marcg. p. 118. Ses fleurs font grandes & jaunes; fes feuilles, dit le P. du Tertre, font nombreuses, liffes, d'un beau vert, affez femblables à celles du buis, mais plus grandes; fon tronc n'eft guere plus gros que la cuiffe; fon écorce eft épaiffe & unie; fon bois compofé d'un ou deux pouces d'aubier blanc, & du coeur qui eft d'un vest-brun foncé, tirant fur le noir, mêlé quelquefois de veines jaunes qui le font paroître marbré lorsqu'on le polit. On fait ufage de ce bois, non-feulement dans la mofaïque, mais auffi en teinture, parce qu'il donne un très-beau vert naiffant. Ce bois fe polit comme l'ébene noire, & acquiert avec le temps une fi

belle couleur, que des Ebéniftes le font paffer pour de véritable ébene; mais un connoiffeur ne s'y laiffe pas tromper. Les Hollandois recherchent ce bois comme un objet de commerce. L'arbre à ébene verte porte le nom de bois vert, & bois d'ébene. On le trouve dans prefque toutes les parties des Antilles. Comme l'ébene verte et un bois très-gras, il prend aifément feu. On peut donner à la furface d'une pierre une couleur brune en la frottant avec ce bois. C'eft de ce bois que les Indiens font les ftatues de leurs Dieux & les fceptres de leurs Rois. On a remarqué que l'ébene verte mife en terre ne fe conferve pas long-temps. Dans la Guiane l'on fait bouillir fa fleur au défaut de féné & elle purge avec fuccès. Ce purgatif donné à temps réuffit en 1755, pendant l'épidémie qui régnoit à Cayenne: c'étoient des attaques de coqueluche violente, accompagnées de fievres & de maux de tête.

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L'ébene jaune, Bignonia arbor hexaphylla, ligno citrino, Barr. Eff. 22, n'eft qu'une variété de l'ébene verte. Toutes deux croiffent dans la grande terre, fur des montagnes peu élevées.

Ces bois d'ébenes noires & vertes fe trouvent nonfeulement à Madagascar, mais auffi à l'Ifle de Bourbon, & à Saint-Maurice, dite aujourd'hui l'Ile de France. On prétend qu'il s'en trouve auffi dans les Antilles, & fur-tout dans l'Ifle de Tabago. Les Indiens nomment indifféremment hazon-mainthi, toutes les efpeces d'ébene. M. l'Abbé Demanet dit que près du lac du PannierFoule, entre Gorée & le Sénégal, il y a une forêt de bois d'ébene du plus beau noir, que les Negres appellent jalam-banno.

Quand à l'ébene rouge appelée auffi grenadille, elle eft très-connue aujourd'hui des Tabletiers: c'eft même un des plus beaux bois que nous ayons; il eft d'un rouge-brun, pefant, très-dur: quelques ouvriers prétendent qu'il prend mieux le poli que l'ébene

noire.

Les Ebénistes & les Tabletiers ont trouvé l'art d'imiter le bois d'ébene avec le bois de poirier & d'autres bois durs, qu'ils colorent en noir d'ébene, tantôt avec une décoction chaude d'encre à écrire, tantôt & plus communément ils font infufer & bouillir de la limaille de fer avec du fort vinaigre; ils paffent avec le pinceau cette décoction fur l'ouvrage en bois qu'ils veulent teindre en noir, & lorfqu'elle eft feche, ils y paffent une feconde fois une forte décoction de noix de galle faite à l'eau. On applique cette couleur fur les bois avec une broffe rude, & on fe fert d'un peu de cire chaude pour leur donner le poli ou plutôt le lufire. M. Bourgeois a obfervé que fi on fe fert d'encre pour teindre le bois, il ne prend pas un beau noir, & que cette teinte n'eft point durable, parce qu'elle n'entre point affez dans le bois. Le véritable bois d'ébene noire eft le plus propre à recevoir le poli, & cependant celui qu'on emploie le moins en marquéterie. On a avec raifon donné la préférence aux bois de couleur, qui, par la variété de leurs veines, femblent préfenter naturellement des deffins différens, tels que le bois violet, le bois de rofe, &c.

ÉBENE DE CRETE, Ebenus Cretica, Linn.; Barba Jovis lagopoïdes, Cretica, frutefcens, incana; flore fpicato, purpureo, amplo, Tourn. 651. Cet arbriffeau du genre des Anthyllis, croît naturellement dans l'Ifle de Candie. On le cultive au Jardin du Roi, où il fleurit vers le milieu de Juillet. L'hiver on le tient dans l'orangerie. L'ébene de Crete eft un arbriffeau haut de quatre ou cinq pieds: fon tronc eft tortueux; le bois dur & d'un blanc-jaunâtre; le tronc n'acquiert qu'environ deux pouces de diametre; fon écorce eft brune, mais celle des rameaux eft plus ou moins chargée d'un duvet fin; fon feuillage eft d'un blanc-argenté & luifant; les fleurs font terminales, difpofées en épis denfes, purpurines, affez grandes; leur calice est très-velu, Le fruit eft une gouffe petite, arrondie

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