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des Rois.

il faut lui obéir, il te fera toujours favorable lorsque Idée des Chi- tu le feras à tes Sujets. Voici un autre trait qui nois fur l'origine confirme la même idée fur l'origine de la puiffance de la puiffance des Rois. Un Empereur ayant été pris par un rebelle & amené devant lui fans donner aucune marque de trouble, ce rebelle ne put avec toute fa férocité foutenir fa présence, & faifi d'une fueur froide, il s'écria, Qu'il eft dificile de résister à la Majefté d'une Puiffance qui vient du Ciel.

L'autorité de l'Empereur est

eft modérée.

L'autorité de l'Empereur eft defpotique, mais defpotique: fages pour peu qu'il foit sensible à sa réputation ou à ses moyens dont elle intérêts, il ne fauroit en abuser longtems. Les Loix lui font fi favorables qu'il ne peut les violer fans donner quelqu'ateinte à son autorité, ni en faire de nouvelles fans expofer l'Etat à quelque révolu→ tion. La maniere dont on expose l'histoire de fon régne eft feule capable de le modérer un certain nombre de perfonnes choifies remarquent avec foin toutes fes paroles & fes actions, chacun d'eux en particulier & fans le communiquer aux autres, les écrit fur une feüille volante à mesure que les chofes fe paffent, & les jette dans un Bureau par une ouverture qui y eft ménagée : le bien & le mal font racontez fimplement ; & afin la crainte que ou l'efperance n'y ayent aucune part, ce Bureau ne s'ouvre jamais durant la vie du Prince. De ces diférens mémoires confrontés les uns avec les autres, on compose l'histoire de sa vie, ou pour fervir d'exemple à la postérité, ou pour être l'objet de la cenfure publique.

Cours Souveraines de PEC

KIN.

y

L'Empereur tient la Cour à Peckin, & c'est dans cette Ville réfident les Cours Souveraines qui

que

gouvernent

gouvernent l'Etat sous fon autorité. La premiére (10) eft composée des Miniftres d'Etat qui examinent toutes les grandes afaires, qui en font le raport & qui reçoivent les derniéres réfolutions de I'Empereur. Chacune a fa Jurifdiction particuliére; & dans toutes il y a un Mandarin qui veille aux intérêts de lEmpereur, & les délibérations n'ont lieu qu'après que ce Prince les a autorisées.

La Juftice fe rend fans rétribution; le Juge a fes Administration apointemens réglés. L'Empereur Taïçum (11) avoit de laJustice. Edit d'un Empereur à fait un Edit qui défendoit aux Magiftrats de rece- ce fujet. voir aucun présent fous peine de mort; & en même tems pour les éprouver, il les avoit fait folliciter fous main: il condanna à mort ceux qui n'eurent point la force de résister, & fes ordres alloient être éxécutés, lorsque son Ministre lui remontra qu'à la vérité ces Magiftrats étoient coupables, mais qu'il l'étoit auffi de les avoir pouffés artificieusement à violer la Loi. Cette réfléxion toucha l'Empereur & il leur fit grace.

le mérite font l'ame du Gouverne

Les Charges ne s'achetent point, c'est l'Empe- La vertu & reur qui les donne, & pour les acquerir il faut s'en rendre digne. Avant que d'élever quelqu'un à quelque dignité, on fait une information de fa vie, de fes mœurs & de fa capacité. L'histoire des Chinois

(10) Outre cette Cour des Miniftres d'Etat, il y en a encore fix autres. La premiére a vûe fur les Mandarins; la feconde lève les tributs & tient compte de l'emploi des Finances; la troifiéme préfide à la confervation des anciennes Coutumes, & régle tout ce qui regarde la Religion, les Sciences, les Arts & les

Afaires Etrangeres; la quatrième a
jurifdiction fur les Troupes & les
Oficiers qui les commandent; la cin-
quiéme juge fouverainement des cri-
mes; enfin la fixiéme ordonne & di-
rige les Ouvrages publics & les Bâti-
mens Royaux.

(11) Vers l'an 630 depuis la ve-
nuë de Notre-Seigneur.

C

ment des Chinois.

nous aprend que fous le regne de Vûv AM, l'hom me le plus vertueux étoit le plus riche & le plus puiffant. Peut-on faire un plus bel éloge? ne rend-t'il pas croyable ce qu'on lit dans leur Chronologie, Que fous un de leurs Empereurs, plufieurs Nations touchées de leurs vertus, fe foúmirent à leurs

Loix.

que

Les Chinois ne reconnoiffent d'autre Nobleffe la vertu, & d'autre Rang que celui où l'on eft élevé par les Charges. Par cette fage politique, ils font fleurir le commerce que l'oifiveté de la NoBel exemple bleffe a coutume de ruiner. Plufieurs Empereurs de vertu dans les ont porté la vertu au point d'ordonner par des Edits, qu'on les avertît de leurs défauts.

Empereurs.

Manière au

l'Audience du

Quand un Mandarin s'affied fur fon Tribunal pour gufte d'anoncer donner audience, ou qu'il fe léve pour la finir, on Magiftrat. l'anonce au Peuple par une décharge de trois coups Chinois ne peut de canon. Aucun Mandarin ne peut être Gouverneur étre Gouverneur de fa propre Ville, ni de fa Province. Le Pace. Raifons de rent d'un Gouverneur de Province, ne peut être justice & de po- Gouverneur d'une Ville de son district. On prend

dans fa Provin

litique.

ces précautions afin que le Peuple foit gouverné avec plus d'équité: elles affûrent auffi la tranquilité de l'Etat. Un Gouverneur ne peut guéres fe faire un parti dans une Province où il eft pour ainfi dire étranger, & où rien ne le peut foutenir contre la puiffance de l'Empereur. L'abus qu'il feroit de fon autorité feroit moins propre à l'augmenter, qu'à la lui faire perdre entiérement.

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Fils des Man- On retient à la Cour les enfans des Mandadarins, ôtages de rins qui gouvernent les Provinces, fous préla fidélité de leurs texte de les bien élever; mais en éfet

Péres.

pour

fer

vir d'ôtages en cas que leurs Péres manquent
la fidélité qu'ils doivent à l'Empereur. Le moin-
dre foulévement dans une Province eft impu-
té au Gouverneur, & s'il continue plus de trois
jours, il en eft responsable fur fa tête: c'est, disent
les Loix, la faute d'un Pére fi fa famille n'eft pas
tranquille; un Peuple content de fes Maîtres ne
fonge point à s'en défaire, & lorfque le joug eft
doux, on se fait un plaifir de le porter. Quand il
s'eft commis dans une Ville un vol confidérable
ou un assassinat, il faut que le Mandarin découvre
les voleurs ou les affaffins, autrement il eft privé
de fa Charge.

Pour que les Mandarins ne fe relâchent point dans l'éxercice des devoirs que leur prefcrivent les Loix, les Empereurs font quelquefois une vifite générale de l'Empire; ils écoutent les plaintes de tout le monde & puniffent févérement les Magiftrats qui fe trouvent coupables d'injustice. Cette conduite infpire aux Mandarins une crainte qui produit le bien des Peuples, & qui rend un Empereur l'objet des plus cheres délices de fes Sujets. Quamvuti dans la vifite de fon pays natal, mangeoit avec les Gens de la Campagne : cet Empereur y avoit été élevé, & avoit apris à connoître les miferes du Peuple par fa propre expérience.

On fait tous les cinq ou fept ans une information des mœurs des Mandarins. Leur Nom, leur Patrie, leur dégré de Littérature, ainfi que ceux des Préfets Militaires font portés tous les trois mois dans un livre, & ce livre eft envoyé de la Cour dans toutes les Provinces. On y envoye pareillement

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Calendriersen- une espece de Calendrier qui anonce les éclipfes voyés par tout du Soleil & de la Lune, & les dernieres réfolutions l'Empire.

Police de l'Em

de l'Empereur dans fes Confeils. S'il est arrivé un événement extraordinaire dans une Province, on le fait favoir à la Cour après que la vérité en a été publiquement reconnue ; & de la Cour on le répand dans toutes les parties de l'Empire par des Couriers qui font pofés à une certaine distance l'un de l'autre.

La Police de l'Empire de la Chine est tout-à-fait pire de la Chine. admirable. Les portes des Villes fe ferment à la

Adminiftration des Finances.

nuit & chacun fe retire dans fa Maison. Les honêtes gens, difent les Chinois, doivent au tems de la nuit veiller à la fûreté de leurs enfans, ou prendre du repos pour être le jour plus en état de procurer celui de leur famille. En un mot, l'Etat a réglé toutes chofes & même les moindres minuties, les faluts, les vifites, les feftins, & les lettres qu'on

s'écrit.

La levée des deniers publics fe fait avec un grand ordre, fans qu'il foit befoin d'y employer un grand nombre d'Oficiers. On a mefuré toutes les Terres, on a compté toutes les familles ; & ce que l'Emdoit retirer des fruits ou de la Capitation pereur est déterminé : chacun porte fa contribution chez le Gouverneur de la Ville; on ne confifque point les biens de ceux qui y manquent, de crainte que cette confiscation n'entraîne après elle la ruine entiére d'une famille, mais on met les perfonnes en prison, on les châtie févérement jufqu'à ce qu'ils ayent fatisfait. Ces Gouverneurs portent leur recette à un des premiers Mandarins de la Province qui en est comptable à la Cour Souveraine des Fi

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