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nances. Une grande partie des deniers Royaux fe Emploi des Ficonfomme dans les Provinces mêmes

pour

les penfions, les apointemens, le payement des Troupes & les ouvrages publics; le refte eft porté à Peckin pour les befoins ordinaires du Palais, de la Ville & de l'Empire.

Les Chinois ne soufrent guéres que les Etrans'établissent dans leur pays. Ce ne font plus, gers difent-ils, les membres d'une même famille, élevés dans les mêmes fentimens, acoutumés aux mêmes idées. La diférence des Peuples entraîne nécessairement une diverfité de coutumes, de langues, d'humeurs & de religions qui produisent la division & le défordre. Le refpect qu'ont les Chinois pour leurs Ancêtres & pour tout ce qui vient d'eux, les rend énemis de toutes nouveautés & par conféquent des Etrangers qu'ils regardent comme des Gens nouveaux. Leur Monarchie qui eft la plus ancienne de l'Univers ne s'eft foutenue fi longtems, que par l'aversion naturelle qu'ils ont pour le changement, & par un usage uniforme & continuel de Loix & de coutumes.

V.

DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE

DES CHINOIS.

nances.

Chinois énemis des Etrangers.

de la nouveauté

L'AGRICULTURE eft un des principaux objets de Eloge de l'Al'atention du Gouvernement Chinois. Confucius griculture. Elle eft éxercée par l'apelle la Baze de l'Empire & l'Elément du Peu- les Empereurs. ple. Au Printems l'Empereur lui-même va folen

rin.

nélement labourer quelques fillons pour animer par fon éxemple les laboureurs à la culture des terres. Autrefois les fruits qui provenoient de ce labour étoient oferts au Ciel. Les Mandarins de chaque Ville en ufent de même. Une pluye tombée à propos est un sujet de leur rendre visite & de les complimenter. La Chasse est défenduë pendant cinq mois de l'année, afin qu'on ne faffe point de tort Caractère d'un aux moiffons. Un parfait Mandarin (c'eft le caraparfait Manda- &tére qu'en a fait un Mandarin même) visite au Printems toutes les Campagnes, il honore de quelque distinction le Laboureur vigilant, & punit celui qui néglige fes terres & les laisse en friche; il aide ceux qui ne font pas en état de les cultiver : fi le Laboureur n'a pas de quoi avoir un bœuf pour cultiver fon champ & manque de grains pour l'enfemencer, il lui avance l'argent néceffaire & lui fournit des grains: en Automne quand la récolte est faite, il fe contente de reprendre fon avance fans intérêt. Par cette conduite le Peuple goûte le plaifir d'avoir un Magistrat charitable, le Laboureur n'épargne point sa peine, les campagnes devien‐ nent un spectacle agréable aux yeux; dans les hameaux femmes & enfans, tout eft dans la joye: partout on comble le Mandarin de bénédictions.La Chine eft coupée par des canaux qui augnois pour l'Agri- mentent beaucoup la fertilité naturelle des terdiftribution des res. Il y a dans chaque Province un large canal renfermé entre deux petites levées de pierre, & qui tient lieu de grand chemin. Ce canal se décharge à droit & à gauche dans plufieurs autres qui fe divisent en un grand nombre de ruiffeaux pour porter par

Soins des Chi

culture & la

eaux.

tout la fertilité & l'abondance. Les terres font prefque toutes au niveau afin que dans les tems de pluye Feau fe diftribue également partout, fans quoi les hauteurs demeureroient dans la féchereffe, tandis que les fonds feroient noyés. C'est ainfi même qu'en ufe le Laboureur dans la culture des colines; car il les coupe par dégrés & par étages depuis le pied jufqu'au fommet, pour que l'eau s'y imbibe & n'entraîne pas avec elle les femences & les fels de la terre.

Les Laboureurs jettent d'abord leurs grains fans ordre; enfuite lorfque l'herbe a commencé de croître, ils l'arrachent avec la racine & en font de petites gerbes qu'ils plantent au cordeau, afin que les épics apuyés les uns contre les autres foient plus

Industrie & adresse des Chinois dans l'Agriculture.

la terre. Grands

en état de réfifter à la force des vents. On recueille du froment dans quelques Provin- Productions de ces du Nord, & du ris dans toutes les autres. Il y magasins remplis a de grands magazins à Peckin qui font toujours de grains. remplis fufifamment pour la subsistance de cette grande Ville pendant 3 ou 4 ans. L'empereur Venti avoit fait bâtir par tout l'Empire des greniers publics: chaque famille y aportoit une certaine quantité de bled fuivant son état & fa condition; ce bled étoit réservé pour enfemencer les terres & pour foulager les pauvres dans le tems de la difete.

A

On ne voit dans les Plaines prefqu'aucun arbre, tant les Chinois craignent de perdre un pouce de terre le bois fe tire de quelques montagnes qui

se font trouvées moins propres à la culture: il y en Mines de dia où l'on trouve des mines de Fer, d'Eftain, de Cui- ferens métaux. vre, de Mercure, d'Or & d'Argent.

s'a

Le nombre des Peuples eft fi grand dans la Chine, que fans tous ces foins la terre ne produiroit pas affés de grains pour les nourrir tous. Il n'y a perfonne qui ne travaille : il n'eft permis qu'aux aveugles & aux lépreux de demander l'aumône. Ceux qui ne travaillent point à la culture des terres, Chinois inte- pliquent au commerce. Les Chinois font fort intéreffes & rufes reffés & fort industrieux ; il ne faut point compter fur leur bonne foi : ils s'imaginent que le plus habile dans le commerce, eft celui qui fait le mieux tromper. Pour le moindre gain, ils entreprennent les voyages les plus dificiles ; le commerce y eft l'ame du peuple, & le principe de toutes ses actions.

dans le com

merce.

ne.

Commerce in

:

Le grand commerce des Chinois se fait dans la térieur de la Chi- Chine même, d'une Province à l'autre par le moyen des Canaux elles fe communiquent leurs richeffes, & portent réciproquement dans le fein les unes des autres l'abondance de toutes choses. L'or n'y est point regardé comme monoye, il s'y achete avec de l'argent : la proportion entre ces deux métaux n'est pas la même qu'ici: on y donne une livre d'or pour dix d'argent, au lieu qu'en France il vaut quatorze fois & demi davantage.

Commerce des

Sous les Empereurs Chinois, il n'étoit pas permis aux Etrangers d'entrer dans les Ports de la Chine, mais les Tartares plus paffionnés pour l'argent que pour l'obfervation des anciennes Coutumes, les ont ouverts à toutes les Nations.

Les Chinois vont trafiquer dans les Indes où Chinois dans les ils portent de la Soye, du Thé, des Porcelaines, des Ouvrages de Vernis, & cent autres curiofités de leur pays : ils vont furtout au Japon d'où ils ra

Japon,

portent

portent beaucoup (12) d'or,& aux Philippines d'où ils raportent beaucoup d'argent, en forte que tout celui qui y vient du Mexique par la Mer Pacifique, se va rendre à Kanton, d'où il se répand dans tout l'Empire.

V I.

DE LA VERTU, DU SAGE,
ET DES LOIX.

Extrait des Ouvrages de Confucius.

du

te à l'homme fes

LA RAISON eft un présent céleste, c'est d'elle Laraison vient que nous devons prendre des regles de vertu : elle Ciel's elle diceft intérieure à l'homme même & n'en peut être devoirs. féparée. Elle est le principe de cette atention continuelle que le Sage a fur lui-même, de cet examen scrupuleux avec lequel il confidére les moindres mouvemens qui s'élèvent dans fon cœur, de cette circonfpection & de cette réserve qu'il obferve même dans les chofes qui ne font ni vûës ni sçûës de personne, & de cette uniformité qui doit toujours régner entre fes paroles & fes actions. Le Sage est à lui-même un rigoureux censeur, il ne fait rien qu'il n'ait confulté fa vertu, il fe cite au tribunal de fa confcience,il y eft à lui-même son témoin, fon acusateur & fon Juge: il ne fait rien qu'il ne veuille bien qu'on sache que c'est lui qui l'a fait.

(12) Il eft certain par les Relations les plus fûres du Japon, entr'autres,par celles des Jéfuites qui y ont demeuré fi longtems, qu'il n'y a ni dans les Iles du Japon, ni dans la Terre d'Effo aucune mine d'or, & cependant l'or abonde dans le Ja

pon: de quel Pays y vient donc une
fi grande quantité d'or? La recher-
che de ce Pays eft intéreffante, & la
découverte n'en feroit point d'une
grande dificulté, fi c'étoit celui que
j'imagine fur des conjectures qui
ont quelque fondement.

D

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