ceux qui font à votre main droite, ne le pratiquez point à l'égard de ceux qui font à votre main gauche ; & ce que vous blâmez dans ceux qui font à votre main gauche, gardez-vous de le pratiquer à l'égard de ceux qui font à votre main droite. Etats. LA VERTU eft la baze d'un Empire & la four- La vertu eft ce d'où découle tout ce qui peut le rendre floriffant. le fondement des C'est ce qui faifoit dire à un Ambaffadeur du Royaume de Çu, à qui l'on demandoit fi dans le Royaume de fon Maître il y avoit de grandes richeffes & beaucoup de pierres précieuses, Il n'y a rien, dit-il, qu'on eftime précieux dans le Royaume de Çʊ que la Vertu. Le point de vue où les Rois Un Roi a au-deffus de lui le Ciel, au-deffous le Peuple : le Ciel & le Peuple le regardent toujours. doivent fe confiIl doit donc agir avec circonfpection & dans toutes dérer. fes actions regarder le Ciel comme fon juge & fon Souverain: il doit être bon à fon Peuple, aimer fes Sujets comme fes Enfans, & vouloir que le moindre de tous reffente l'éfet de fes bontés. Par cette conduite il atirera fur lui & fur fon Etat les faveurs du Ciel; & fon Peuple fera rempli pour lui d'amour, de respect & de vénération. Que fi au contraire il abandonne la vertu pour se plonger dans le vice, il s'atirera l'indignation du Ciel & l'averfion de fes Peuples. ah! s'écrie Confucius, que la dignité dont le Ciel revêtit les Rois, eft grande & formidable! Les Peuples fe Les Rois ont un intérêt effentiel de pratiquer la conforment à l'é- vertu, parcequ'on ne manque point de les imiter : xemple de leurs ils doivent s'en faire une habitude, & furtout régner leurs actions. Leur mouvement détermine celui Rois. Les Rois doi leur caractère. vent du respect Moyens d'inf par de leurs Sujets, il est comparable à celui d'un grand n'étoient Toutes les fois qu'un Roi fe montre à fon Peuple, il doit le faire avec majesté : la vertu qui n'est à point foutenue par la gravité, n'acquiert point d'autorité fur les hommes. Confucius fe fert de cette comparaison. Le Prêtre qui va facrifier s'aproche des Autels avec un grand filence; fon grand filence; fon port eft majeftueux, fa vue imprime du refpect; la modeftie, fa gravité, sa vertu fait que tout le monde fans efpérer de récompenses, fans craindre de châtimens obferve un étroit filence. L'exemple d'un Roi vertueux agit de la même maniére fur fon Peuple: la crainte qu'on a de lui déplaire fait plus d'éfets que la crainte des plus rudes châtimens. Celui qui veut inspirer l'amour de la vertu à fes pirer l'amour de Sujets, doit premiérement la pratiquer, & enfuite n'élever aux dignités que ceux qui font d'une vertu la vertu Peuples. aux reconnue reconnue & éprouvée. Les Grandeurs font des biens que tous les hommes défirent naturellement, chacun pour les pofféder, tâchera de s'en rendre digne. L'Etat en retirera encore une autre utilité : le Peu ple fe foumet fans peine aux impofitions, lorsque le Ministre s'est acquis une réputation de bonne foi, autrement il croit toujours qu'on le vexe. Il en est comme d'un courtifan qui eft reconnu pour fincére, il peut avertir fidélement fon Prince, il en fera écouté, même aimé ; mais s'il n'a point cette réputation de fincérité, quoique d'ailleurs il la mérite, loin de s'atirer l'eftime de fon Prince, il s'atirera fes mépris & fon averfion. être bien fervi Si les Rois veulent être fervis fidélement, ils Un Roi pour doivent par leur conduite perfuader à leurs Sujets, doit régner par qu'ils ne penfent qu'à les rendre heureux. Jamais les Peuples ne font bons fujets quand ils ne le font que par crainte. Il faudroit, s'il étoit poffible, qu'ils ne s'aperçuffent point qu'ils ont un Maître. Les Rois doi vent demander Un Roi devroit travailler à gagner la confiance de fes Sujets ; il devroit leur demander confeil: par confeil: précaulà il les acoutumeroit à lui donner de tems en tems tion judicieufe des avertiffemens avec liberté. Confucius remarque que leur preferit Confucius. qu'un Prince peut, avec beaucoup d'efprit, manquer de confeil, en disant son fentiment le premier la crainte de lui déplaire fait que l'on n'ofe pas paroître en avoir un autre. : Réflexion de impofitions. Le moyen le plus fûr pour s'atirer l'amour des Peuples eft de diminuer les impôts & le nombre de Confucius fur les ceux qui vivent au dépens du Public; le falut de l'Etat dépend de celui du Peuple : le Prince qui le furcharge, loin d'en devenir plus riche s'apauvrit tous les jours. E Modération & toutes chofes. Confucius pour faire fentir cette vérité se sert d'une comparaison peut-être trop dure, mais qui n'en est que plus fenfible. Un tel Prince, dit-il, fait de même que celui qui couperoit ses propres membres pour s'en remplir le ventre; le ventre se rempliroit, mais le corps diminueroit & périroit. De trop grands maux acablent le Peuple ; & un difcernement en bonheur trop grand le rend fainéant & orgueilleux: il faut dans toutes choses garder un juste milieu : cette régle a également lieu à l'égard des Sujets : il y en a qu'il faut traiter avec douceur, d'autres avec févérité : il y en a fur la fidélité defquels doit fe repofer, & il y en a dont on ne fauroit affés fe défier: un Roi doit favoir aimer & haïr; cet amour & cette haine doivent être guidés par le difcernement qui eft la vertu des Souverains, FIN. J'A APROBATION Pour la premiére impreffion. 'Ai lû par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux un Manufcrit intitulé, Idée générale du Gouvernement & de la Morale des Chinois. A Paris le premier Février 1729, CHERIER. PERMISSION Pour la première impreffion. OUIS par la grace de Dieu Roi de France & de Navarre, nos amez & feaux Confeillers les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenants Civils, & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra: SALUT. Notre bien amé le Sieur ***, Nous ayant fait fupplier de lui accorder nos Lettres de Permiffion pour l'impreffion d'un Manufcrit qui a pour titre: Idée générale du Gouvernement & de la Morale des Chinois, tirée des Ouvrages de Confucius; offrant pour cet effet de le faire imprimer en bon papier & beaux caracteres suivant la feuille imprimée & attachée pour modele fons le contrefcel des Prefentes; Nous lui avons permis & permettons par ces Presentes de faire imprimer ledit livre ci-deffus fpecifié, en un ou plufienrs volumes, conjointement ou féparément, & autant de fois que bon lui femblera, fur papier & caracteres conformes à ladite feuille imprimée & attachée fous notredit contrefcel; & de le vendre, faire vendre & débiter par tout notre Royaume, pendant le tems de trois années confécutives, à compter du jour de la datte defdites Prefentes. Faisons défenses à tous Libraires, Imprimeurs & autres perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient d'en introduire d'impreffion étrangere dans aucun lieu de notre obéiffance. A la charge que ces Prefentes feront enregistrées tout au long fur le regiftre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris dans trois mois de la datte d'icelles ; que l'impreffion de ce livre fera faite dans notre Royaume & non ailleurs ; & que l'Impetrant fe conformera en tout aux Reglemens de la Librairie, & notamment à celui du dixième Avril 1725; & qu'avant que de l'expofer en vente, le Manufcrit ou Imprimé qui aura fervi de copie à l'impreffion dudit livre fera remis dans le même état où l'approbation y aura été donné, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier Garde des Sceaux |