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de France, le fieur Chauvelin, & qu'il en fera enfuite remis deux exemplaires dans notre Bibliotheque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, & un dans celle de notredit très-cher & féal Chevalier Garde des Sceaux de France le fieur Chauvelin: le tout à peine de nullité des Prefentes; du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir l'Expofant ou fes Ayans-caufes pleinement & paisiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons qu'à la copie defdites Prefentes qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit livre, foi foit ajoutée comme à l'original. Commandons au premier notre Huiffier ou Sergent de faire pour l'execution d'icelles tous actes requis & neceffaires, fans demander autre permiffion, & non-obstant clameur de Haro, Charte Normande & Lettres à ce contraires: Car tel eft notre plaifir. Donné à Paris le quatrième jour de Février l'an de grace 1729, & de notre Regne le quatorziéme. Par le Roi en fon Confeil. CARPOT.

Registré fur le Registre VII. de la Chambre Royale & Syndicale de la Librairie & Imprimerie de Paris, Num. 307, fol. 258, conformément au Reglement de 1723, qui fait défenfes, Art. IV. à toutes perfonnes de quelque qualité qu'elles foient, autres que les Libraires & Imprimeurs, de vendre, débiter & faire afficher aucuns livres pour les vendre en leurs noms, foit qu'ils s'en difent les auteurs, ou autrement, & à la charge de fournir les Exemplaires preferits par l'Article CVIII. du même Reglement. A Paris, le 8 Février 1729.

COIGNARD, Syndic.

Imprimé pour la premiere fois chez CLAUDE SIMON, rue Hautefeüille, vis-à-vis M. LE PROCUREUR GENERAL.

Imprimé pour la feconde fois chez G. F. QUILLA V, rue
Galande, près la Place Maubert, à l'Annonciation.

REPONSE

RÉPONSE

A L'AUTEUR

DES

NOUVELLES ÉCLÉSIASTIQUES.

LES

E S nouvelles Ecléfiaftiques font un libelle profcrit par le Parlement: tout ce qu'il y a de plus refpectable dans l'Etat y a été éfrontément calomnié; il ne peut faire impreffion que fur ceux dont l'efprit envénimé ou féduit, trouve en le lifant de quoi entretenir ou flater leur paffion ou leur erreur. La nature du libelle me difpenfoit de répondre, mais la nature de la calomnie ne me permettoit pas de me taire. Pour ne pas diminuer la force des malignes réflexions du Nouvellifte, je raporterai fes propres paroles; Et pour donner un ordre à mes réponses, chaque article fera fuivi de fa réfutation.

Nouvelles Eclefiaftiques. Il nous eft tombé entre les mains un petit inquarto contenant diférens ouvrages. Le premier a pour titre ; Réflexions poLitiques de Baltafar Gracian, &c. Par M. D. S. 1730, pages 1 20. Le fecond; Idée générale du gouvernement & de la Morale des Chinois, tirée particuliérement des Ouvrages de Confucius par M. D. S. 1729, pages 38, fans nom d'Imprimeur, fans privilége, ni aprobation. Nous favons très certainement que ces deux ouvrages d'un beau caractére, ont été imprimés chez Barthelemi Alix, rue faint Jacques, à l'Image du Grifon : mais on ne trouve point chez lui le fecond. L'Auteur prétendu en a

pris tous les Exemplaires, pour en faire des préfens; & le premier même ne fe diftribue féparément qu'in-12. Celui qui paffe pour en être l'Auteur & qui en cette qualité en a fait les préfens, se nomme Silhouette, jeune homme d'environ 22 ans, ami particulier & éléve du P.Tournemine. Les connoiffeurs qui liront ces deux ouvrages, reconnoîtront fans peine dans le ftile & dans les notes hiftoriques, la plume & l'érudition profane de ce fameux Jéfuite. On y voit d'ailleurs des recherches & des réflexions politiques, qui font au-deffus de la portée du jeune homme dont il a emprunté

le nom.

;

REPONSE. Ce qui eft dit de moi m'honoreroit, fi les éloges faits par l'Auteur d'un libelle pouvoient honorer. Selon lui on reconnoit dans ces ouvrages la plume & l'érudition du P. Tournemine c'eft me faire trop d'honneur, & n'en point faire affés au P.Tournemine. Je fuis, ajoute-t'il, fon éléve: il eft vrai que je me fais gloire de l'être, & que j'ai pour ce Pere une eftime finguliére que je ne fais pas refufer à un caractére vrai, & à des fentimens toujours fondés fur le véritable honneur & fur la véritable dévotion. Comme le P. Tournemine perdroit beaucoup à paffer pour l'Auteur de ces ouvrages, je vais tâ

F

cher de le juftifier. Il est rare d'avoir fur un fait de cette nature, des conjectures auffi fortes celles que je que que je

dois au hazard.

Premiérement, le Nouvellifte du Parnaffe qui fe pique fans doute d'être connoiffeur, car qui ne croit l'être, dit dans fa vingtiéme lettre, où il parle de l'idée générale du gouvernement & de la morale des Chinois, que l'on reconnoit l'ouvrage d'un jeune homme peu exercé dans la Dialectique: Et par raport aux Réflexions de Gracian, on n'a qu'à jetter les yeux fur le Journal de fur le Journal de Trévoux du mois de Février 1731; on y dit affez de mal de l'ouvrage, pour qu'on puiffe être perfuadé qu'il n'eft pas de la main d'un Jéfuite.Voila trois efpeces de critiques diférens, qui fe contredifent bien formellement. En vérité peut-on s'imaginer que le Pere Tournemine, capable comme perfonne n'en doute de faire des ouvrages importans, s'amuferoit à la traduction d'un ouvrage de Gracian? cela eft bon pour un jeune homme qui a envie de s'inftruire, & qui veut en aprenant une langue, l'étudier dans un traité hiftorique. J'ai fait cette traduction durant mon voiage en Efpagne: je confultai de favans Efpagnols, & l'Aumonier de l'Hôpital de faint Louis de Madrid qui eft François & de l'Oratoire, en pourroit rendre té moignage; il m'a aidé à entendre quelques endroits obfcurs : il a été en quelque façon témoin de mon travail autant que cela eft poffible. De retour à Paris, je lus mon ouvrage à quelques perfonnes verfées dans l'étude de l'hiftoire. Je priai le P. la Bastide le jeune de l'Oratoire, de confulter le P. Defiolets Bibliothécaire de leur maison, fur plufieurs traits hiftoriques dont la vérification m'embaraffoit : je lui en donnai même une note par écrit. Cela ne défigne point un ouvra

ge fait par le Pere Tournemine. Secondement, je raporterai le cours de mes études, & ce récit fimple, vrai & fidéle donnera de la force aux raifons qui fervent à me juftifier. Après avoir achevé mon droit, je voulus m'apliquer plus particuliérement que je n'avois fait à l'étude des loix. Je lus premiérement l'excellent livre de Domat. Je fus auffi peu content de la feconde partie de fon ouvrage qui regarde le droit public, que j'avois été charmé de la premiere partie qui eft fur les Loix Civiles. Je ne trouvai pas dans Paris une perfonne qui eût en même tems la capacité & la volonté de montrer le droit public. Ce fut dans ce tems que je fis part de mon embarras au P. Tournemine, & il voulut bien me fervir de guide. Il me fit relire les Ofices de Ciceron, & fes trois livres fur les loix. Il jugea à propos que pour mieux connoître les loix de la nature, dont les principes fe trouvent liés à ceux du droit des gens & du droit public, je devois lire les ouvrages de Platon & ceux de Confucius. Je lus enfuite le traité de Grotius fur les droits de la paix & de la guerre,& j'ai lû depuis le fiftéme du droit des gens par Pufendorf, & le droit Public-Romain-Germanique par Vi triarius. Pour continuer ce genre d'étude, je dois aller en Hollande à Leide, où il y a une Univerfité & de fameux Profeffeurs pour le droit public. Je fis fur Ciceron, fur Platon, fur Confucius, & fur Grotius des extraits dont j'ai encore les minutes écrites de ma main, avec des ratures & des barbouillages, tels qu'il y en a toujours, ou qu'il doit y en avoir fur de premiers effais. La lecture & l'extrait de Confucius, dont le Nouvellifte Ecléfiaftique parle comme d'un ouvrage qui mérite une atention particuliere, fut commencé & terminé dans l'efpace de fix

femaines. J'ai indiqué le motif de mon travail par cette note marginale page 2. Lecture des ouvrages de Confucius utile pour l'étude des loix naturelles, & dans cette même page, je dis en parlant des ouvrages de Confucius, un autre motif encore m'engage d'en faire l'extrait : Les livres du Philofophe Chinois nous font voir ce que la nature feule eft capable de faire lorfqu'on écoute fes confeils. Ces fortes d'ouvrages nous font beaucoup mieux connoître les loix naturelles que ceux des Jurifconfultes modernes. Beaucoup ont traité des Loix Civiles, enforte même qu'on peut dire qu'il y en a trop ; quelques-uns, mais trop peu, ont traité du droit naturel : aucun ne l'a fait d'une manière à n'en laiffer point fouhaiter un nouveau traité. Ces réflexions qui paroiffent déplacées, ne l'étoient pas, par raport à l'objet que j'envifageois. Je fis lire mon manufcrit par les P. P. la Baftide & Defmolets de l'Oratoire. J'avois mis pour titre, Extrait des ouvrages de Confucius: ce fut par le confeil & avec le fecours du P. Defmolets, que je le changeai. Il me rectifia plufieurs défauts de stile ; je lui ai cette obligation & celle de m'avoir prêté plufieurs livres, lorfque je travaillois aux notes hiftoriques fur l'ouvrage de Gracian. Le P. la Bastide avec qui & avec la famille de qui mon pere eft lié depuis longtems, jugea à propos d'engager M. l'Abbé de Montigni qui eft des miffions étrangères & qui a été plufieurs années à la Chine, à relire mon ouvrage; il le fit avec bonté & avec atention, le P. la Baftide préfent. Il me fit ôter plufieurs endroits qui auroient foufrir conteftation; il me fit éviter les dificultés, & il me dit qu'il croioit qu'on y trouveroit un jufte milieu qui ne déplairoit à per

pu

fonne. Toutes ces démarches dénotent-elles un ouvrage fait par le Pere Tournemine ? Le Nouvellifte croit-il

qu'avancer un fait, eft l'établir, particuliérement lorfqu'on ataque la réputation de quelqu'un ? Il remarque que ces ouvrages font fans nom d'imprimeur, fans privilége, ni aprobation: a-t'il par la prétendu donner à mes écrits le caractére d'un Libelle ? cette remarque qui eut pu être faite par un autre avec bienséance, ne fied pas à l'Auteur des nouvelles Ecléfiaftiques:

le cenfeur de l'un des livres eft M. l'Abbé Cherrier, celui de l'autre est M. de La Serre: ces deux ouvrages ont été imprimés avec permiffion, & à la fuite de la permiffion fe trouve le nom de l'Imprimeur. Nous favons TRES-CERTAINEMENT,dit le Nouvelliste, que ces deux ouvrages d'un très-beau caractére ont été imprimés chez Barthelemi Alix. Pour parler avec certitude, il faut parler avec exactitude. Barthelemi Alix n'imprime point; celui qui les a imprimés, c'eft Claude Simon qui demeure rue Hautefeuille, vis-àvis M. le Procureur Général. Je laisse penfer qu'elle eftime l'on doit faire d'un homine qui fe rend public, & qui avance des faits fi évidemment faux, faute de s'être inftruit.

Nouvelles Ecléfiaftiques. Nous ne nous propofons point de parler de Baltafar Gracian. On fait l'empreffement qu'ont eu les Jéfuites de traduire en françois tous les ouvrages de ce bel efprit Espagnol leur confrere, tout ocupé à traiter de la politique dans le goût d'une morale profane, & moins exacte que celle que les Jéfuites euxmêmes atribuent à Confucius.

REPONSE. 1°. Quoique le Nouvellifte fe propose de ne point parler de Gracian, il le déchire' par un trait de médifance, & lui fait un reproche qu'il ne mérite pas.Gracian n'étoit pas tout ocupé de politique. Il a fait une Réthorique & un ouvrage affés long intitulé le Criticon; c'eft une critique

du monde, & une image de l'homme: l'idée en est allégorique ; il le prend dès le berceau, le fait voyager, réfléchir, tomber, fe relever; il le confidére dans tous les états & dans

tous les âges : c'est un traité de Morale où tout n'eft pas excellent, mais où il y a beaucoup de bon, d'utile, & d'inftructif. Baltafar Gracian étoit fi délicat dans fa maniére de penser, qu'il n'a point voulu que ces deux ouvrages, & à plus forte raifon ceux qui traitent de politique,paruffent fous fon nom: ils font imprimés fous le nom de Lorenzo Gracian. Un feul de fes traités eft imprimé fous le nom de Baltafar: ce font des méditations avant & après la communion; ainsi encore une fois Gracian n'étoit point tout ocupé à traiter de la politique.Ces méditations pieuses font à mon fens ce qu'il a fait de mieux.

2o. Sans me charger de la juftification des Jéfuites, je remarque que L'empreffement que le Nouvellifte leur atribue pour traduire en françois tous les ouvrages de ce bel efprit Espagnol leur confrere, eft une calomnie fauffe & avancée d'une maniere hardie (c'est l'ufage du Nouvelliste) ON SAIT l'empreffe ment, &c, Il n'y a perfonne qui connoiffe les ouvrages de Gracian & le tems où vivoit cet Auteur, qui ne fçache précisément le contraire. Longtems avant que le P. Courbeville fe fut déterminé par fon inclination & non par ordre de Supérieurs, à traduire les ouvrages de Gracian, M. Amelot de la Houffaye avoit donné la traduction de l'homme de Cour. D'ailleurs quand même les traductions faites par le P. Courbeville aule P. Courbeville auroient fuivi de près la naiffance des ouvrages qu'il a traduits, le reproche fait par le Nouvellifte ne devroit être que perfonnel: en ataquant le corps, il découvre fon animofité & fa paffion,

& par la il fe dépouille lui-même & volontairement du titre d'Auteur défintéreffé & véridique.

Nouvelles Ecléfiaftiques. Le fecond ouvrage mérite une atention particuliere. L'auteur dans un petit avertiffement qui eft à la tête, dit qu'il a tiré cette I DE'E GENERALE du grand ouvrage du Pere Couplet & autres Jéfuites, imprimé à Paris en 1687. C'eft la même fource où le Pere le Comte avoit puifé fes nouveaux mémoires fur l'Etat préfent de la Chine, cenfurés par la faculté de Théologie, le 18 Octobre 1700: auffi ce nouvel ouvrage contient-il la même doctrine en termes plus cachés ?

RE'PONSE. Où le Nouvelliste a-t'il pris que le livre du P. Couplet eft la fource où le P. le Comte avoit puifé fes Mémoires? Il a paru à tous ceux qui ont lu les ouvrages de ces deux Peres, que le P. le Comte n'avoit jamais lu le livre du P. Couplet. Il ne joint ces deux livres ensemble que pour les mieux décréditer, & par un même trait. Enfin le Nouvellifte prétend que mon ouvrage contient la doctrine que la Sorbonne a cenfurée dans le P. le Comte: il m'ataque fur fix propofitions. Ma juftification fera fondée fur une preuve de détail, & j'y fuivrai l'ordre que je me fuis preferit. Nouvelles Eclefiaftiques. Premiére Propofition. Les fentimens des Chinois fur la Divinité & le culte dont on doit l'honorer, font le sujet de plufieurs livres qui ont paru en grand nombre, & dont les difcuffions tiennent plus de L'ANIMOSITE' que de l'examen.... L'ESPRIT DE PARTI dont on étoit ocupé, n'a point permis de l'envisager par les endroits efti mables. Page 2. Voilà le refpect qu'ont les Jéfuites pour le jugement contradictoire & folennel, porté par Clément XI. dans la Bulle du 20. Nov. 1704. après les difcuffions les plus lon

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