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J'ai été trompé par la reffemblance des mots, & d'autant plus facilement, que pour exprimer un canon, on fe fert plus communément du mot Canon. Le Journaliste ataque malicieufement l'observation que j'ai faite ; que l'ufage des bombes n'étoit pas connu lors de la naissance de Ferdinand, en substituant dans fa Critique au mot de Bombe celui d'Artillerie. L'invention de la bombe eft poftérieure à celle de l'artillerie. La premiere bombe, comme le remarque M. Blondel dans le premier chapitre de fon Traité des Bombes, ne fut jet tée qu'en 1588 au fiége de la ville de Wacthendonch en Gueldres, que le Comte de Mansfeld affiégoit fous le Prince de Parme; & Ferdinand mourut en 1516, après avoir régné quarante ans. Le Journaliste dans les endroits où il me reprend avec raifon, outre fa critique: me faire des complimens & m'ataquer fi vivement, c'est soufler le froid & le chaud. S'imaginer que de ces deux. contraires l'un fervira à faire croire l'autre, c'est faire injure à l'efprit & au difcernement des Lecteurs. Ni moi, ni perfonne par conféquent ne fera la dupe des éloges qu'il me donne; éloges outrés, femblables en cela à ceux que fait Gracian. Le Journaliste tout pénétré de Gracian, l'a imité; c'est fort naturel. Le reproche que j'ai fait à Gracian, que fon imagination échaufée lui fait fouvent avancer des chofes peu exactes, n'a plus lieu pour le trait dont il eft queftion mais on peut l'apliquer à d'autres endroits.

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J'ai eu raifon de reprocher à Gracian d'avoir loué ce qu'il avoit blâmé: c'est au fujet de Louis XI. Le Journaliste remarque que je conviens que c'eft un Prince en qui le mélange du bien & du mal donnoit fujet de

louer & de blâmer. Quelle épithéte mérite un Critique qui tronque un paffage c'eft le cas où fe trouve le Journaliste de Trevoux. Voici ce que j'ai dit, note 137. Ce n'est point que Louis XI. ne mérite en même tems d'être loué & d'être blâmé; mais lorf qu'on le fait, on devroit faire fentir en quoi il eft blamable, &c. Le Journalifte a détaché le premier membre de cette phrase, & a laiffé le fecond. Bien loin que Gracian ait fait cette diftinction, il blâme Louis XI. précifément fur les mêmes chofes fur lefquelles il l'avoit loué. En voici la preuve. Il dit page 86. Tibére & Louis XI. doivent plus leur réputation aux commentaires de leurs hiftoriens.... qu'à la prudence de leurs actions. Leur manie politique prefque toujours inutile, fouvent très-funefte, les réduifit prefqu'au point de perdre leurs Etats. Ils fe flatérent d'acquerir par leurs afectations ce qu'ils ne pouvoient par leur mérite. Et page 195 il dit, La capacité eft le fondement de la politique, ce grand art d'être Roi, qui ne peut fe fixer que dans les grands génies, dans Louis XI. &c. C'est une contradiction que le Jour naliste, apologiste continuel de Gracian, ne fauroit juftifier.

Le Journaliste, fur le reproche que j'ai fait à Gracian de n'avoir pas donné connoiffance des Mémoires de Ferdinand qu'il indique dinand qu'il indique, demande, A qui, & pourquoi donner connoiffance de ces Mémoires? Il eft en vérité bien inutile de répondre à une critique de cette nature. Il ajoute que Gracian les avoit du Duc de Nochéra, comme il l'infinue dans fa Dédicace. On 1 peut fur ces paroles faire plufieurs obfervations. 19. Si le Journaliste ne fait, comme il y a aparence, que par l'ouvrage de Gracian, que cet Auteur Ef pagnol eût ces Mémoires du Duc de Nochéra, il a très-mal exprimé fa

pensée, il devoit dire, Gracian infinue dans fa Dédicace qu'il les avoit du Duc de Nochéra. Il faut de l'atention pour faifir la diférence de ces expreffions: Dans celle du Journaliste, ces termes, comme il l'infinue dans fa Dédicace, ne paroiffent qu'un fuplément de preuve, & je veux dire que c'eft s'exprimer d'une maniere fauffe, fi réellement ce n'eft point un fuplément de preuve, & qu'au contraire ce foit l'unique preuve. 2o. Gracian dans fon ouvrage adreffe la parole au Duc de Nochera; les termes du Journaliste feroient croire qu'il y a une Epître dédicatoire, il n'y en a point. 3°. Gracian n'infinue dans aucun endroit de

fon ouvrage qu'il tint du Duc de Nochéra les Mémoires de Ferdinand : il dit pofitivement qu'il les doit à un heureux hazard; & il n'eut point fait fa cour au Duc de Nochéra, en atribuant au hazard, ce qu'il auroit dû à fes bontés ? 4°. Quand même Gracian eût dit qu'il tenoit du Duc de Nochéra les Mémoires de Ferdinand, cela ne fatisfait point l'efprit d'un Lecteur curieux à qui l'on cite des Mémoires, & que l'on ne met pas en état de les connoitre. Si aujourd'hui je faifois réimprimer l'ouvrage de Gracian, je fubftituerois une autre note à celle qui renferme le reproche fait à Gracian; mais ce ne feroit point à caufe des raifons alléguées par le Journaliste : ce feroit pour y fubftituer une note inftructive, fçavoir que le titre d'un livre qui fe trouve dans le Cathalogue des Hiftoriens à la fuite de la Méthode de l'hiftoire de M. l'Abbé Langlet Dufrefnoy, femble indiquer qu'il y a des Mémoires imprimés de Ferdinand le Catholique. Voici ce titre traduit de l'Espagnol. Parfaite raison d'Etat, déduite des actions de Ferdinand le Catholique, contre les Politiques Athées, par

D. Jean Blafquès Mayoralgo, avec les Mémoires auguftes & Panegyriques du même Roi Ferdinand, par D. François de Samaniego. In-4°. à Mexique, en 1646. Je dois marquer ici que des Espagnols ont pû être favans, & ignorer le livre dont j'ai cité le titre, puifqu'il ne fe trouve pas dans la Bibliothéque Efpagnole de Nicolas An

toine.

Sur ces paroles de Gracian, J'envie à Tacite & à Comines leur efprit, leurs plumes, mais non point leur Héros; j'ai remarqué que cette pensée n'eft point à

l'avantage de Ferdinand. Le Journaliste ne trouve pas mon reproche fondé. Tibére & Louis XI. étoient fourbes, & politiques; & pour louer quelqu'un, le préférer à des perfonnes vicieuses, ce n'eft point en faire le panégyrique en homme d'efprit & de goût.

Lleno el Oriente Tamerlan, mas de terror que de Señorio. Barbaro Cometa que con la facilidad con que fe forjo fe deshizo y commençava affi en nuestros dias Gustavo Adolfo de Suecia. Voici la maniére dont le Journaliste eût voulu que le commencement & la fin de cette phrase euffent été traduits. Tamerlan remplit plus de terreur l'Orient que fa domination... Guftave de Suéde en nos jours commençoit de la forte. 1°. Ce François eft mauvais : un livre ainsi traduit ne feroit pas fuportable. 2o. Cette phrafe, Remplir plus de terreur un pays que de fa domination, ne s'entend point; & parce que Gracian n'a point été exact dans fon expreffion, un Traducteur ne doit pas l'imiter dans fes défauts. Cette phrase veut dire que Tamerlan n'a point maintenu fa domination, confervé la poffeffion des pays qu'il avoit remplis de terreur; & j'ai marqué dans une note, que Gracian eft dans l'erreur puifque Tamerlan a laiffé la Perfe à

fes

ses descendans; & qu'ils régnent encore aujourd'hui dans le Mogol. 3°. Le Journaliste dit que Gracian remarque feulement que ce Prince Tartare ne furvéquit pas longtems à fa domination. Gracian a dit en parlant de Tamerlan, Barbare Cométe qui difparut avec Is même promtitude qu'elle s'étoit formée. Il n'eft pas queftion ni de la naiffance, ni de la mort de Tamerlan, mais du commencement, de la durée, & de la fin de ses courfes victorieuses. Voici la manière dont j'ai traduit cette phrafe entiére: Tamerlan remplit tout l'Orient de terreur, fans s'affûrer aucune poffeffion: Barbare Cométe qui difparut avec la même promtitude qu'elle s'étcit formée. De nos jours Guftave Adolfe de Suéde fembloit vouloir l'imiter.

Sur ce que j'ai remarqué que le fentiment du P. Daniel, favoir que Clovis eft le premier de nos Rois qui ait

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régné en-deçà du Rhin, est un sentiment rejetté par la plupart des Savans. Le Journaliste en critique ingénieux dit génieux dit que des Savans peuvent s'en tenir au fentiment du P. Daniel. Je fuis très-zélé partifan de fon hiftoire: elle a fes défauts ; & l'éloge le plus grand que l'on en puisse faire, c'est de dire que c'eft la moins imparfaite. Pour affûrer le fait dont il eft ici queftion, il faudroit une differtation historique, mais cette réponse au Journalifte de Trévoux eft déja trop longue. Je crois qu'on eût pû me critiquer beaucoup mieux, j'en aurois été charmé, car je le répéte, n'aiant fait cet ouvrage que pour m'inftruire; on fût par-là entré dans mes vûes, on eût concouru à mon deffein. Il est de tous les âges, mais furtout de celui d'un jeune homme, d'aprendre, & d'être corrigé.

FIN.

APPROBATION.

'Ai lû par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Manuscrit intitulé, J'idée générale du Gouvernement & de la Morale des Chinois, & Réponse à trois Critiques, dont on peut permetre l'impression. Fait à Paris le 5 Juillet 1731.

CHERIER.

PERMISSION.

OUIS PAR LA GRACE DE DIEU ROY DE FRANCE ET DE NAVARRE,

à nos

Lanez Faux Confeillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requê

tes ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prevôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra: SALUT. Notre bien-amé le Sieur ***, Nous ayant fait fupplier de lui accorder nos Lettres de Permiffion pour l'impreffion d'un Manufcrit qui a pour titre: Idée générale du Gouvernement & de la Morale des Chinois, & Réponses à trois Critiques; offrant pour cet effet de le faire imprimer en bon papier & en beaux caracteres, fuivant la feuille imprimée & attachée pour modele fous le contrefcel des Prefentes: Nous lui avons permis & permettons par ces Préfentes de faire imprimer ledit Livre ci-deffus fpecifié, en un ou plufieurs volumes, conjointement ou féparément, & autant de fois que bon lui femblera, fur papier & caracteres conformes à ladite feuille imprimée & attachée sous notredit contrefcel; & de le vendre, faire vendre & débiter par tout notre Royaume, pendant le tems de trois années confecutives, à compter du jour de la datte defdites Préfentes. Faisons défenses à tous Libraires, Imprimeurs & autres perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient d'en introduire d'impreffion étrangère dans aucun lieu de notre obéiffan ce. A la charge que ces Préfentes feront enregistrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris dans trois mois de la datte d'icelles; que l'im preffion de ce Livre fera faite dans notre Royaume, & non ailleurs, & que l'Impetrant fe conformera en tout aux Reglemens de la Librairie, & notamment à celui du 10 Avril 1725; & qu'avant que de l'expofer en vente, le Manufcrit ou Imprimé qui aura fervi de copie à l'im preffion dudit Livre, fera remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & feal Chevalier Garde des Sceaux de France le Sieur CHAUVELIN, & qu'il en fera enfuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliotheque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, & un dans celle de notre trés-cher & feal Chevalier Garde des Sceaux de France, le Sieur CHAUVELIN, le tout à peine de nullité des Préfentes: Du contenu desquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir l'Expofant, ou fes ayant caufe, pleinement & paifiblement, fans fouffrir qu'il leur foir fait aucun trouble ni empêchement. Voulons que la copie defdites Préfentes, qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Livre, foi foit ajoutée comme à l'original. Commandons au premier notre Huiffier ou Sergent de faire pour l'execution d'icelles tous Actes requis & néceffaires, fans demander autre permiffion, & nonobftant clameur de Haro, Charte Normande & Lettres à ce contraires: CAR tel eft notre plaifir. DoNNE' à Fontainebleau le dix-neuvième jour du mois de Juillet, l'an de grace mil fept cens trente-un, & de notre Regne le feiziéme. Par le Roy en fon Confeil. VERNIER,

Registré, fur le Registre VIII. de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, N. 1188. fol. 193. conformément aux Reglemens confirmez par celui du 28 Fevrier 1723, A Paris le 27 Juillet 1731.

Signé, P. A. LE MERCIER, Syndic.

De l'Imprimerie de G. F. QUILLAU, rue Galande, près la
Place Maubert, à l'Annonciation,

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