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antique. Les Cophtes font pour la plupart fchifmatiques, & menent une vie auftere & retirée : leurs jeûnes font fréquens & rigides; ils fuivent les rits de l'ancienne liturgie Egyptienne. Ils n'ont point de commerce avec leurs femmes en Carême, ni lorfqu'ils doivent célébrer la Meffe. Les Francifcains ont une maifon que l'on appelle l'Hofpice de Terre-Sainte. La France leur paie deux Janiffaires pour en garder la porte, & chaque vaiffeau François qui va à Livourne leur donne deux pataques; ils ont dans leur jardin des palmiers vignes, & une citerne dont l'eau eft excellente. Voilà ce qui me reftoit à vous dire de cette ville: je ne vous parle pas de fa pofition voifine de la mer, de l'affluence des vaiffeaux qui viennent dans ses parts, de la multitude de chameaux & de dromadaires qu'on y voit, de la variété des oifeaux dont le plumage eft charmant, ni de la quantité d'autruches qui prennent leur naiffance dans ce pays.

Je fuis, &c.

des

LETTRE L.

De Rofette, le 23 Juillet 1777.

M.

Nos

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os matelots étant prêts, nous Tommes partis d'Alexandrie au nombre de trente, parmi lefquels fe trou voit le Baron de Durfort, Commandant l'Athalante & les autres Officiers qui fervoient cette frégate laifsée en rade. Mes compagnons de voyage étoient munis d'armes défenfives ; il faifoit beau les entendre s'entretenir des Arabes qui oferoient les arrêter en chemin. Nous avons vu à la gauche, en fortant de la ville, le palais & T'obélifque de la fameufe Cléopatre, qui a environ foixante palmes de hauteur & dix de large. Bientôt après nous fommes entrés dans des déferts

fablonneux les bêtes de fomme, accoutumées à ces routes, nous ont merveilleufement tiré d'affaire: elles entroient dans le fable jufqu'au ventre, & s'en dégageoient. Des ouragans élevant des tourbillons de pouffiere & de fable, obfcurciffoient la route que nous devions tenir; mais de grandes colonnes placées de diftance en diftance étoient nos guides dans ces lieux déferts. Quelque temps après nous avons quitté les fables mouvans pour marcher fur celui qui eft baigné par les flots de la mer. La nuit nous a furpris entre la mer & le défert; mais un Moucre muni d'un falot allumé, marchoit devant nous; on le fúivoit en file. Sa lumiere étoit prefque doublée par les flots de la mer qui la réfléchiffoient vers nous. Ces vagues venoient fe brifer fur les pieds de nos mulets, même quelquefois fur les nôtres; mais nous préférions ce défagrément à la féchereffe du fable que nous avions quitté. Enfin à onze heures du foir nous avons trouvé un Amadi ou habitation déferte, à

quatre cents pas de la mer. Nous nous y fommes répofés deux heures & nous avons mangé les mets que nous portions avec nous. Cet Amadi, conftruit pour la commodité des voyageurs, eft un large bâtiment carré, dans lequel eft une vafte falle couverte de vieilles nattes, & à côté un espace pour placer les chevaux. Cet hôtel ayant pour concierge & pour hôte la folitude, la mer & les fables, fut témoin de notre appétit & de la gaieté du repas. Etant partis après-minuit nous fommes rentrés fur les fables humides, où nous avons marché pendant quatre heures; nous avons enfuite repris les collines fablonneuses & arides, que nous avons fuivies pendant une heure jufqu'aux portes de la ville de Rofette, où nous fommes arrivés à cinq heures du matin. On ne voit dans la traverfée d'Alexandrie à Rofette que mer, plaine, fable des chameaux paiffans dans de maigres pâturages & des palmiers épars à de grandes distances les uns des autres. Nous avons tâché de réparer

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dans l'hôtel de la Nation Françoise,

par un léger repos, nous avions perdu.

Je fuis, &c.

le fommeil que

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