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droiture & la probité dirigent toutes leurs actions; chaque foir ils s'entretiennent de la culture des terres, de l'accroiffement des plantes, de la fertilité que les faifons amenent, d'un côteau embelli, d'un pâturage verdoyant, d'un terrain fufceptible d'amélioration, du travail du lendemain, d'un naufrage évité, d'une pêche abondante. C'eft ainfi qu'ils prennent leurs délaffemens; mais toujours leur converfation finit par des actes de Religion, & des remercimens adreffés au fouverain Maître qui leur difpenfe fes dons. Les chefs, attentifs à l'éducation des enfans, ne leur laiffent ignorer l'obéiffance due au Pasteur qui les inftruit de leur devoir. J'aurois bien d'autres chofes à vous dire fur ce fujet, mais l'île de Melida, qui fe préfentoit à nous, fit diverfion à nos entretiens. Elle me parut beaucoup plus étendue que celle dont je viens de parler : je ne fais fi les habitans y jouiffent du même bonheur ; elle eft fous la domination de la République de Ragufe. Près delà on voit un beau couvent de Bénédictins

pas

bâti au milieu d'un étang. Ces parages abondent en poiffons qu'on appelle Sardes, dont les marins font un trèsgrand commerce.

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LETTRE XI

LA

M.

En pleine mer.

A marche de notre vaiffeau nous a conduit vis-à-vis l'ile d'Agousta puis nous avons découvert celles de Liffa, Caffa & Corfola. Liffa & Corfola appartiennent aux Vénitiens, Caffa aux Ragufiens; toutes font couvertes de forêts. L'île de Corfola eft plus grande que les deux autres; elle eft prefque couverte de fapins; notre bâtiment y a fait fa provifion de chauffage. On ne voit autour du port qu'un rang de cabanes de pêcheurs, bâties de pierres larges, difpofées en plan incliné, pour faciliter l'écoulement des eaux, Ses habitans n'ont d'autre reffource, pour fe procurer les objets de premiere néceffité, que le profit de la pêche. Etant def

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cendu à terre, je me fuis promené dans une vafte forêt, qui m'a conduit à une petite plaine couverte d'arbres, dont le fruit qui reffemble à une groffe cérife eft bon à manger & très-rafraîchiffant. Le gazouillement des oifeaux qui s'y faifoit entendre me fit augurer qu'elle étoit à l'abri des frimats. Le rapport des pêcheurs que j'interrogeai, fut conforme à ma conjecture; mais une curiofité paffagere nous ayant conduit dans cet agréable féjour, nous le quittâmes bientôt pour continuer notre route vers Lezina, ville capitale de l'île qui porte ce nom. Elle dépend de la République de Venise, & peut avoir environ vingt milles d'étendue. Elle eft plus grande & plus fertile_que celles dont je viens de parler. Tout y eft cultivé, & l'on y voit peu de forêts. Le port de la ville, construit en demi-cercle, eft entouré de jolies maifons: on voit aux côtés du mole un couvent de Capucins, dont les dehors & les jardins font fort agréables. L'autre couvent, qui eft du côté oppofé, s'appelle en Italien la Ve

neranda. A l'entrée de la ville eft un Bureau de fanté diftingué par fix arceaux foutenus par autant de piliers. Plus avant eft une tour carrée, qui domine les maifons de la ville: la fortereffe eft bâtie fur l'endroit le plus

élevé.

Nous fommes entrés dans le canal de Lezina laiffant Efpalatro à la droite. C'est une des villes capitales de la Dalmatie Vénitienne; elle eft très-commerçante fon port est trèsbeau. Parmi les monumens extérieurs, un clocher d'une ftructure hardie & d'une élévation prodigieufe tient le premier rang. Nous avons laiffé à droite Traou, ville de commerce; ces deux endroits font à fix lieues de diftance l'un de l'autre. Les côtes de cette partie de la Dalmatie paroiffent fertiles & bien cultivées. Les hommes font robuftes & d'une taille au-deffu s de la médiocre ; ils ne fe marient qu'à trente & quarante ans. Les tronpes que la République de Venife tire de ces divers endroits font toutes compofées d'hommes auffi beaux que courageux. Bientôt après nous avons eu

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