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plicité de mes équipages, étoient des objets à n'être enviés de perfonne. Auffi ai-je paffé au milieu de ces troupes fans en recevoir d'infulte. J'ai cru, à la vérité, que je ferois arrêté dans les lieux où les Arabes avoient dreffé leurs tentes; elles étoient rangées autour de la plaine, le centre étoit occupé par les chameaux & leurs nourriffons; dont le nombre alloit à deux cents. Les brebis & les agneaux y avoient leur quartier diftinct ces animaux paifibles, qui ne s'occupoient qu'à paître l'herbe, étoient furveillés par deux Arabes à cheval, qui alloient de côté & d'autre pour empêcher que l'étranger ne vint les troubler dans leur repas. Un d'eux m'ayant apperçu vint à toute bride, & fe rangea à mon côté ; j'allois comme un voyageur qui, uniquement occupé de fa route, barraffe peu de ce qui n'eft pas relatif à fon voyage; il me fuivit avec cette même indifférence, mais lorfque nous fumes arrivés près d'un coteau où finit cette plaine, il tourna la bride de fon cheval, & fe retira en galopant vers une troupe d'Arméniens & de Grecs

s'em

qui entroient dans la plaine. Je con tinuai ma route, mais j'ai appris par un Grec, qui étoit de la troupe, que les deux Arabes les avoient rançonnés, & qu'ils avoient fur-tout exigé une forte fomme d'une femme Arménienne qui étoit avec eux.

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Les plaines que j'ai trouvées dans ma traversée sont charmantes; les cotonniers qui y croiffent fans éclat, se diftinguent par des productions utiles, & fe font rechercher avec autant d'empreffement, que les orangers, les grenadiers & les oliviers qu'on voit épars dans leur voifinage. On trouve dans la route, d'heure en heure, trois ou quatre petits monticules dont la traverfée ne dure guère plus de fix minutes, tout le refte eft en plaine. On apperçoit de loin les débris de la ville d'Accaron, qui appartenoit aux Philiftins, & à environ un mille d'elle, une grande tour appellée la Tour des quarante Martyrs : c'est un monument élevé par les Catholiques pour conferver le fouvenir du martyre fait en cet endroit. Deux lieues

avant d'arriver à Rama

on trouve

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des citernes de diftance en distance, auxquelles une plus grande population avoit recours, & dont les habitans actuels fe paffent fans fe gêner.

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LETTRE LXXVII.

A Rama, le 24 Septembre 1777 =

M.

CETTE ville doit être distinguée

de Rama la noble, qui étoit fituée près de Béthléem, & dont il ne refte qu'une tour & de vieilles mafures; c'eft dans cette ancienne Rama qu'on entendit les cris des meres défolées qui virent maffacrer leurs enfans au berceau par les ordres d'Hérode.

La ville de Rama où je fuis, s'ap pelloit Arimathie vers le temps où Jofeph, qui en étoit originaire, embauma Jefus-Chrift. L'hofpice de la Terre-fainte fe flatte d'être bâti fur le lieu où étoit la maifon de ce vénérable perfonnage, mais fa plus grande gloire eft de fervit d'afyle aux Chré tiens paffagers qui vont à Jérufalem. Les Récollets, qu'on appelle ici Peres

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de Terre-Sainte, en font les gardiens; cet édifice eft très-vafte, & bâti en pierres de taille: on le prendroit pour une forterefle.

L'ancienne Arimathie, que les habitans avoient abandonnée aux approches des troupes de Saladin, en 1177, devoit être favorablement traitée par des ennemis qui avoient la liberté de la poffeder; cependant un des Chefs de l'armée mit le feu à fes quatre coins & les flammes confumerent en peu d'heures fes plus beaux monumens. Ceux qu'elle épargna ont été détruits par le temps, & il n'en refte plus que quelques débris. Les portes de Rama font baffes & étroites, fes rues font remplies de mafures & de vieux débris; elle poffédoit anciennement une Eglife dédiée à faint Jean, que les Turcs ont changée en mofquée. Ce qu'elle a de plus entier eft une tour élevée, qui a dix-huit pieds en quarré; deux étages l'un for l'autre, marqués par des arceaux, foutenus de deux colonnes de marbre blanc: j'ai monté par cent vingt marches au fommet de cet édifice, qui paroît avoir eu un troi

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