fculpture & l'architecture avoient de plus beau, & le choix des matériaux a dû être le principal objet auquel ils fe font attachés; mais qu'ils aient fuivi cette marche naturelle, ou que les difficultés en aient empêché l'effet, il reste toujours la même pofition, qui préfente des agrémens avec fimplicité; & quoiqu'on puiffe la fuppoffer autrefois plus ornée de monumens, on y voit une ville dont les édifices bâtis en pierres de taille & d'une blancheur éclatante, contraftent agréablement avec les eaux & la verdure de la plaine qui l'envie ronnent je l'ai parcourue, dans fa longueur, qui borde le Nil, dans l'efpace d'un quart d'heure, fur un bateau à rames & à voiles. Le comble des maifons qui regardent le fleuve eft en plate-forme les eaux dans leur crue s'élevent au niveau des fallons, bâtis en forme de galeries ouvertes, ombragés par des pampres de vigne ou par d'autres arbriffeaux; c'eft-là que fe tiennent de préférence les Propriétaires, pour admirer le cours rapide du fleuve & la diver fité des bateaux qui le couvrent mais le plus grand avantage qu'ils retirent de ce voifinage c'eft la fraî cheur qu'il leur communique, & qui tempére les chaleurs exceffives de l'été. Environ trente mille habitans peuplent cette jolie ville, fujette au gouvernement du. Caire.. La religion Mahométane eft la dominante: le culte des Catholiques n'y eft pas fi vifiblement toléré que dans la Capitale. Les Maronites & les Grecs, qui font les feuls qui tiennent au fiege de Rome, n'ont qu'un fimple Oratoire, fermé comme un buffet à deux battans & placé dans un coin de falle ;. ils ont un Prêtre pour leur adminif trer les Sacremens. On voit à l'extrémité orientale de la ville les restes de l'ancien château appellé le fort Saint-Louis. On affure que vis-à-vis la rive oppofée, ce Roi avoit fait conftruire une feconda fortereffe,. liée à la premiere par une chaîne capable d'arrêter les vaiffeaux ennemis qui auroient voulu l'ate taquer.. Les Grecs catholiques ou fchifmatiques obfervent plufieurs temps d'ab ftinence: ils ont quatre carêmes dans l'année; durant le premier, qui eft celui de Pâques, ils ne mangent ni œufs ni poiffons, & ne commencent lenrs repas qu'un peu de temps avant le coucher du foleil: les Prêtres necélebrent la Meffe qu'à quatre heures après midi, à laquelle fuccede un déjeûner; il leur eft permis, ainsi qu'aux nôtres, de faire un ou deux repas avant minuit : le fecond carême commence dans l'Octave. de la Pentecôte, & finit aux fêtes de faint Pierre & S. Paul; le troifieme com-mence le premier Août, & finit le jour de l'Affomption; le quatrieme dure fept femaines, & finit à Noël : pendant ces trois derniers carêmes, les Prêtres ont la liberté de dire la Meffe à midi & de prendre enfuite Feur repas ainfi que les Séculiers de leur religion; it leur eft permis de manger du poiffon, ils ne jeûnent point le famedi ni le dimanche, hors le temps d'abstinence,,& ils mangent. de la viande le samedi, mais jamais le mercredi ni le vendredi. Damiette eft commerçante, & préfente dans fes abords le double avantage qu'elle retire du Nil & de la mer, on y voit un reflux continuel de diverfes marchandises, telles que le ris, le coton, les grains, toiles, &c. Il regne dans ces Moles une grande activité; les Turcs & les Egyptiens paroiffent en favorifer les progrès par leur affabilité. La févérité du Gouvernement ne s'étend qu'aux occafions où il la croit néceffaire. Trois voleurs qui avoient tenté d'enlever l'argent de la douane viennent d'en éprouver les effets; ils n'ont pas été plutôt furpris dans leur entreprise, que leur condamnation l'a fuivie de près la baftonnade & un exil perpétuel font le décret qu'on leur a prononcé; mais avant de leur en faire fubir la peine, on les a promenés fix heures dans la ville, montés fur des ânes, le vifage tourné vers la queue, ayant fur leur tête un cornet de papier doré, & fur le dos un écriteau |