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que le jour des noces, qui font célé→ brées au fon des inftrumens, & par le chant des Almes, qui expriment aves une fingulière énergie lajoie & le bon heur des époux.

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M.

LA

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Le premier Septembre 17774

A nature femble concentrer fes beautés dans les lieux d'un difficile accès, & fe plaît à retenir celui qui a ofé Y pénétrer, en lui développant fes attraits ou l'environnant d'obftacles qui rendent fa fortie difficile, je viens d'en faire l'épreuve en quittant Damiette & fes charmans environs. Les regrets de m'en éloigner & la crainte du péril, l'on court à la traversée de la barriere qui la fépare de la mer accompagnés jufqu'au vaiffeau.

que

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m'ont

Je me fuis rendu le 29, à minuit, près du Bourg de Lujbi, fur une barque découverte, & c'eft - là que j'ai attendu que le lever du foleil vînt éclairer le dangereux paffage du Bougas; ce mot, qui en langue arabe fignifie

lieu de tempête, n'exprime que foi

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blement toute l'horreur de cet endroit. C'est-là que le Nil s'embouchant dans la mer force cette derniere à le recevoir dans fon fein. Ce combat eft terrible : la mer, comme irritée, en mêlant fes flots aux eaux rouffâtres du Nil les amoncele pour repouffer leur violence. L'un & l'autre cherchant à fe furmonter, élevent leurs eaux à une très-grande hauteur, & accompagnent d'un bruit effrayant leur horrible conflit. Les vents venant bientôt psendre part à la querelle, fe déclarent tantôt l'un, pour tantôt pour Pautre l'hiver ils favorifent la mer l'été: ils protegent le fleuve; auffi ce paffage toujours dangereux l'eft-il moins au mois d'Août. C'eft dans cette faifon que le vent profpere qui accompa

gne.

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le Nil enflé de fa crue, preffe la mer de lui donner place; mais jamais elle n'accorde cet avantage audelà d'une ou de deux lieues d'étendue : on diftingue aifément les limites qu'elle: met à cette faveur par la couleur dif férente des deux eaux..

J'ai mis deux heures à traverser le
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paffage du Bougas. Les montagnes d'eau qui occupoient l'efpace ne nous permettoient pas d'aller plus vite. Il falloit attendre que leur chute nous ouvrit le paffage; mais on ne l'avoit pas plutôt franchi, qu'il s'en formoit de nouvelles, qui préfentoient la même difficulté à furmonter. Tantôt de minces lames d'eau, qui defcendant de leur cime, venoient fe brifer contre les flancs de notre légere barque, tantôt des napes énormes s'en détachoient & venoient nous inonder en paffant rapidement fur nos têtes. Occupés à rejetter l'eau qui appefantiffoit notre barque, il fembloit que nous préparions une place à celles qui voudroient s'y jetter de nouveau ; elles y entrerent deux fois de fuite en fi grand volume, que fi une troifieme leur eût immédiatement fuccédé, nous euffions éprouvé le fort de pufieurs paffagers, enfevelis fous les eaux depuis trois jours. Les rameurs vigoureux s'excitoient au travail par des cris pénibles qui ranimerent notre courage. Enfin, nous vimes que notre barque avoit paffé les plus hautes montagnes, & paroif

foit en defcendant s'éloigner de leur cime, & nous nous félicitâmes mutuellement d'être échappés à un fi grand danger.

J'effuyai le 23 Novembre de l'année derniere au Cap Sainte-Marie près la bouche du golfe Adriatique une violente tempête qui dura trois jours; mais le danger que je courus ne fut pas auffi grand, & ne me caufa pas autant de crainte que la traversée du Bougas. J'étois impatient d'aller à bord du vaiffeau qui étoit en rade ; & je croyois être en fûreté lorfque je l'aurois joint; mais, voulant monter fur le pont par une échelle de corde qu'on me tendit, mes pieds glifferent & je me vis fufpendu, me tenant accroché à une corde dont l'extrêmité étoit attachée fur le gaillard. Le canot que la mer élevoit par fecouffes me fervit de foutien, & me donna la facilité de rencontrer l'efcalier par lequel je montai à bord. Le vaiffeau étoit rempli de deux cents Turcs paffagers, qui venoient de quitter le fer-vice des Beys exilés du Caire. Deux heures après on tendit les voiles; le

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