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tient qu'à lui de se tirer d'affaire, en déclarant son commerce amoureux; mais il vaut mieux passer pour un voleur, et s'exposer à perdra la vie, que de commettre l'honneur de se dame.

Voilà un amant bien discret, dit l'écolier; il faut avouer que notre nation l'emporte sur les autres en fait de galanterie. Je vais parier qu'un Français, par exemple, ne serait pas capable, comme nous, de se laisser pendre par discrétion.

Non, je vous assure, dit le Diable; il monterait plutôt exprès à un balcon pour déshonorer une femme qui aurait des bontés pour lui. Dans un cabinet, auprès de ces quatre hommes, poursuivit-il est une fameus sorcière qui a la réputatio. de savoir faire de choses impossibles. Par le pouvoir de son art、› de vieilles douairières tr uvent, dit-on, des jeunes gens qui les aiment but à but; les maris deviennent fidèles à leurs femmes, et les coquettes véritablement amoureuses des riches cavaliers qui s'attachent à elles; mais il n'y a rien de plus faux que tout cela. Elle ne possède point d'autre secret que celui de persuader qu'elle en a, et de vivre commodément de cette opinion. Le saint office réclame cette créature-là, qui pourra être brûlée au premier acte de foi. Au dessous du cabinet, il y a un cachot noir qui sert de gîte à un jeune cabaretier.

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- Encore un hôte de taverne! s'écria Lean dro; ces sortes de gens-là veulent-ils donc empoisonner tout le monde?

Celui-ci, reprit Asmodée, n'est pas dans le même cas. On arrêta ce misérable avanthier, et l'inquisition le réclame aussi. Je vais en peu de mots vous dire le sujet de sa détention. Un vieux soldat, parvenu par son courage, ou plutôt par sa patience, à l'emploi de sergent dans sa compagnie, vint faire des recrues à Madrid; il alla demander un logement dans un cabaret: on lui dit qu'il y avait, à la vérité, des chambres vides, mais qu'on ne pouvait lui en donner aucune, parce qu'il revenait toute les nuits dans la maison un esprit qui maltraitait fort les étrangers quand ils avaient la témérité d'y vouloir coucher. Cette nouvelle ne rebuta point le sergent. «Que l'on me mette, dit-il, dans la chambre qu'on voudra; donnez-moi de la lumière, du vin, une pipe et du tabac, et soyez sans inquiétude sur le reste; les esprits ont de la considération pour les gens de guerre qui ont blanchi sous le harnais. » On mera le sergent dans une chambre, puisqu'il paraissait si résolu, et on lui porta tout ce qu'il avait demandé. Il se mit à boire et à fumer. Il était déjà plus de minuit, que l'esprit n'avait point encore troublé le profond silence qui régnait dans la maison: on eût dit qu'effectivement il respectait ce nou

vel hôte; mais entre une heure et deux, le grivois entendit tout à coup un bruit horrible, comme de ferrailles, et vit bientôt entrer dans sa chambre un fantôme épouvantable vêtu de drap noir, et tout entortillé de chaînes de fer. Notre fumeur ne fut pas autrement ému de cette apparition: il tira son épée, s'avança vers l'esprit, et lui en déchargea du plat sur la tête un assez rude coup. Le fantôme, peu accoutumé à trouvé des hôtes si hardis, fit un cri; et, remarquant que le soldat se préparait à recommencer, il se prosterna très humblement devant lui, en disant : « De grâce, seigneur sergent, ne m'en donnez pas davantage : ayez pitié d'un pauvre diable qui se jette à vos pieds pour implorer votre clémence; je vous en conjure par saint Jacques, qui était, comme vous, un grand spadassin. -Si tu veux conserver ta vie, répondit le soldat, il faut que tu me dises qui tu es, et que tu me parles sans déguisement, ou bien je vais te fendre en deux, comme les chevaliers du temps passé fendaient les géants qu'ils rencontraient. A ces mots, l'esprit voyant à qui il avait affaire, prit le parti d'avouer tout. « Je suis, dit-il au sergent, le maître-garçon de ce cabaret: je m'appelle Guillaume, j'aime Juanilla, qui est la fille unique du logis, et je ne lui déplais pas; mais comme son père et sa mère ont en vue une alliance plus relevée que la mienne, pour les obliger à me choisir

pour gendre, nous sommes convenus, la petite fille et moi, que je ferai toutes les nuits le personnage que je fais : je m'enveloppe le corps d'un long manteau noir, et je me pends au cou une chaîne de tournebroche, avec laquelle je cours toute la maison, depuis la cave jusqu'au grenier, en faisant tout le bruit que vous avez entendu. Quand je suis à la porte de la chambre du maître et de la maîtresse, je m'arrête et m'écrie: « N'espérez pas que » je vous laisse en reros que vous n'ayez » marié Juanilla avec votre maître-garçon. » Après avoir prononcé ces paroles d'une voix que j'affecte grosse et cassée, je continue mon carillon, et j'entre ensuite par une fenêtre dans un cabinet où Juanilla couche seule, et je lui rends compte de ce que j'ai fait. Seigneur sergent, continua Guillaume, vous jugez bien que je vous dis la vérité; je sais qu'après cet aveu vous pouvez me perdre, en apprenant à mon maître ce qui se passe; mais, si vous voulez me servir au lieu de me rendre ce mauvais office, je vous jure que ma reconnaissance... Et quel service peux-tu attendre de moi? interrompit le soldat.-Vous n'avez, reprit le jeune homme, qu'à dire demain que vous avez vu l'esprit, et qu'il vous a fait si grand'peur... - Comment, ventrebleu! grand'peur! interrompit encore le grivois; vous voulez que le sergent Annibal Antonio Quebrantador aille dire qu'il a eu peur?

J'aimerais mieux que cent mille diables m'eussent... Cela n'est pas absolument nécessaire, interrompit à son tour Guillaume, et, après tout, il m'importe peu de quelle façon vous parliez, pourvu que vous secondiez mon dessein. Lorsque j'aurai épousé Juanilla, et que je serai établi, je promets de vous régaler tous les jours pour rien, vous et tous vos amis, Vous êtes séduisant, monsieur Guillaume. s'écria le grivois; vous me proposez d'appuyer une fourberie; l'affaire ne laisse pas d'être sérieuse, mais vous vous y prenez d'une manière qui m'étourdit sur les conséquences. Allez, continuez de faire du bruit et d'en rendre compte à Juanilla, je me charge du reste. En effet, dès le lendemain matin, le sergent dit à l'hôte et à l'hôtesse: « J'ai vu l'esprit, et je l'ai entretenu; il est très raisonnable. Je suis, m'a-t-il dit, le bisaïeul du maître de ce cabaret. J'avais une fille que je promis au père du grand-père de son garçon; néanmoins, au mépris de ma foi, je la mariai à un autre, et je mourus peu de temps après. Je souffre depuis ce temps-là; je porte la peine de mon parjure, et je ne serai point en repos que quelqu'un de ma race n'ait épousé une personne de la famille de Guillaume; c'est pourquoi je reviens toutes les nuits dans cette maison. Cependant, j'ai beau dire que l'on marie ensemble Juanilla et le maître-garçon, le fils de mon petit-fils fait la sourde-oreille, aussi

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