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y reçut une infulte de la part de G. Scior I'Ambaffadeur d'Angleterre, qui pius. voulant vanger fon Maître, que Scioppius avoit violemment déchiré dans plufieurs de fes Ouvrages, lui fit donner quelques coups de bâton, ou d'épée, qui ne lui firent pas grand mal, malgré toutes les exagerations dont il a rempli l'écrit qu'il a compofé fur ce fujet.

Il commença de bonne heure,c'eftà-dire, dès fa 17e année, à être Auteur. Il donna d'abord des Ouvrages de Critique & de Grammaire, qui lui firent honneur. Leur fuccès lui infpira une vanité & une préfomption, qui ne firent qu'augmenter en lui avec les années. Il voulut bien-tôt affujettir tout le monde fous le joug de fes idées, la contradiction lui devint infupportable, & fa bile fe répandit à grands flots fur tous ceux qui n'eurent pas la complaifance de penfer comme lui. A peine eut-il embraffé la Religion Catholique, que les Luthériens, qu'il avoit abandonnés, fe virent accablés d'une foule d'écrits, où il les traita moins en freres, qu'il vouloit convertir,

PIUS.

G. SCIOP- qu'en ennemis qu'il falloit exters miner.Jofeph Scaliger reffentit enfuite les traits les plus violens & les plus fatyriques de fa jaloufie & de fon animofité;mais il fçut bien lui rendre la pareille. L'autorité suprême ne mit point Jacques I. Roi d'Angleterre à couvert de fes coups;il alla l'attaquer jufques fur le Thrône fans aucun ménagement, & avec une impudence cynique. Cafaubon, & Du Pleffis Mornay, qui s'étoient avancés pour la défenfe de ce Prince, eurent auffi part aux coups qu'il lui porta. Mais les Jéfuites furent ceux, fur qui il s'acharna avec le plus de fureur. Il publia contre eux pendant plufieurs années fous des noms empruntés un grand nombre d'Ouvra ges, où il les déchira cruellement.

Dans tous ces Ouvrages, que l'humeur violente, emportée, & fatyrique de Scioppius lui a fait produire, & dans lefquels il a répandu tout le venin dont il étoit rempli, il ne faut pas chercher la verité ; c'é toit une chofe dont il ne s'embar- raffoit gueres. Tout ce qui pouvoit fatisfaire fa malignité naturelle lui

étoit bon; & pourvû qu'il pût mor- G. Sciory dre ceux à qui il en vouloit, il se pius, foucioit peu que les chofes dont il fe fervoit pour cela, fuffent vrayes ou fauffes.

Il fe rendit par là odieux à bien du monde, & fe fit un fi grand nombre d'ennemis, qu'il appréhenda fur la fin de fes jours de ne pouvoir trouver de retraite affurée.

Il fe retira cependant vers l'an 1636. à Padoue, où il vécut jufqu'à fa mort. Il s'y occupa de la lecture de l'Ecriture, & y donna dans d'étranges vifions, qu'il voulut perfuader au Cardinal Mazarin par plufieurs lettres, que Naudé affure dans fon Mafcurat p. 455. avoir lûës. Il prétendoit qu'il n'y avoit jamais eu de Pere ni de Docteur de l'Eglife qui eût mieux entendu l'Ecriture Sainte, ni plus affûrément connu par fon moyen la fin du monde, & les fecrets de l'Apocalypfe, que lui; il vouloit même réduire en fyftéme l'Art Prophétique. C'eft ce qui paroît par une lettre qu'il écrivit de Padonë le 20. Février 1642. à Voffius, & qui eft la 334°. parmi celles de ce

PIUS.

G. SCIOP-Sçavant. Il y marque, qu'il avoit déja fait quatre Ouvrages fur cette matiere, dont voici les titres. 1o. Fons fapientia intento digito monstratus;hoc eft, Ecloga ex Sacra Scriptura Sanctis Patribus, de Sacra Scrip tura ftudio, ejufque ftudii neceffitate utilitate, adjumentis & temporibus. 2°. Clavis fcientia ad aperienda Regnic Cœlorum myfteria propemodum confummanda: hoc eft, Specimen Exegefeos Prophetica in Pfalmum XLV. 3°. Annunciatio Regni Chrifti ac Populi Chriftiani in Orbem Terra futurum ufque ad noviffimum annorum & expeditionem Gog & internecionem ejus. 4.° Syftema Artis prophetandi, continens ejus Artis finem, officia, materiam fubjectam, & inftrumenta, exemplo Galeni in fyftemate Artis Medica.. Rien de tout cela n'a paru au jour.

Scioppius mourut à Padoue le 19. Novembre 1649. dans fa 74°.année, & fut enterré dans l'Eglife de S. Thomas. Cette date rapportée par Jacques-Philippe Thomafini dans fon Gymnafium Patavinum p. 464. a été ignorée de la plupart de ceux qui ont parlé de Scioppius, qui ont été

que

incertains fur le tems de fa mort. G. SCIOPGui Patin l'a mife à la verité en 1649.PIUS. mais il l'a trop avancée, puifqu'il l'annonce fur un faux bruit dans une lettre du 13. Juillet de cette année. Pope-Blount s'eft trompé doublement dans fa Cenfura celebriorum Autorum, en le faifant mourir en 1663, âgé de plus de 80. ans. Geor ge-Matthias Konig retarde encore davantage fa mort, puifqu'il die dans fa Bibliotheca vetus & nova imprimée en 1678. qu'il y avoit peu d'années qu'il étoit mort. Quelques Auteurs ont avancé Scioppius eut fur la fin de fa vie quelque deffein de rentrer dans la communion des Proteftans,& qu'il écrivit à Leyde pour voir s'il trouveroit ane retraite dans cette Ville, en embraffant le Calvinifme mais qu'on n'eut que du mépris pour lui, & qu'on refufa de le recevoir.Ceux qui ont rapporté ce fait, n'ont pour garant de fa verité, que George Hornius, qui en parle ainfi dans fon Hiftoire Eccléfiaftique. Mais outre qu'il ne paroit nullement probable on fçait qu'Hornius eft un Auteur

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