M. IN- dicationes adverfus Tubam alteram, CHOFER. Aprofio, Viziera Alzata.

Cet article m'a été envoyé par une perfonne de merite, & je le donne tel que je l'ai reçu.

SAMUEL CLARKE.

Amuel Clarke naquit le 11. Octobre 1675. à Norkich, Capitalo du Comté de Nortfolk en Angle

terre.

Son pere, qui étoit Aldermand ou Sénateur de cette Ville, prit un grand foin de fon éducation, & l'envoya dès qu'il eut atteint l'âge de feize ans à l'Univerfité de Cambridge, où il fe diftingua bien-tôt d'une maniére furprenante.

On n'enfeignoit alors dans cette Univerfité que la Philofophie de Defcartes; mais le Livre de M. Newton, intitulé Principia Mathematica, étant tombé entre les maiņs du jeune Clarke, il n'y eut pas plûtôt jetté les yeux, qu'il y prit goût, & à force d'étude il fut en peu de temps en état de l'entendre. Il entra même si bien dans les idées de cet

Auteur, , que lorfqu'il fut reçu Ba-S. CLARchelier il lut publiquement un K E. difcours Latin fur une question tirée de fon Livre, lequel charma tous les Auditeurs tant par la folidité & la jufteffe des raïfonnemens, que par la beauté de l'élocu

tion.

Peu de temps après, c'est-à-dire à l'âge d'environ vingt ans il publia une traduction Latine de la Phyfique de Robault, qui lui fit beaucoup d'honneur.

Ayant enfuite formé le deffein d'entrer dans le Miniftere, il tourna toutes les études du côté de la Théologie. Le fameux Docteur Moore, alors Evêque de Norwich Jui fut à cet égard d'un grand fecours, foit par fes confeils, foit par fa magnifique Bibliotheque. Cet Evêque n'eut pas plûtôt appris le mérite de ce jeune homme, qu'il réfolut de le pouffer, & pour cela de le faire fon Chapelain, dès qu'il auroit l'âge néceffaire pour entrer dans les Ordres. En effet peu de temps après, c'est-àdire en 1698. Clarke fucceda dans ce Pofte à M. hifton, avec lequel il

KE.

S. CLAR-étoit déja lié d'amitié, & pendant douze ans qu'il l'occupa, le Prélat eut toujours pour lui tant d'eftime & de confiance, qu'il le fit fon feul Exécuteur Teftamentaire.

qua

Clarke fçut bien mettre à profit la fituation avantageufe, où il fe trouva alors pour les études. Il s'applid'abord tout entier à la lecture de l'Ancien & du Nouveau Teftament dans les Langues originales, & enfuite à celle des Auteurs de la primitive Eglife. Il ne tarda pas રે faire connoître les progrès qu'il y avoit faits par differens ouvrages qu'it publia alors, & dont je parlerai dans la fuite.

L'Evêque de Norwich touché de fes talens, & de fes bonnes qualités, avoit deffein de lui procurer quelque pofte avantageux dans la capitale du Royaume; mais en attendant que l'occafion s'en préfentât, il lui donna deux petits bénéfices dans fon Diocèfe. Clarke prit dès lors le parti de prêcher par méditation. Il avoit une préfence d'efprit fi merveilleufe une fi grande facilité d'expreffion, & avec cela tant d'acquis, qu'il pou

voit fur le champ traiter les fujets les S. CLAR plus difficiles d'une manière fatif- KE. faifante pour fes Auditeurs.

Ayant été pourvû de la Cure de S. Benoît à Londres, par l'entremifel de l'Evêque de Norwich, il alla faire fa réfidence dans cette ville, & deffervit avec beaucoup de foin cette Eglife compofée en grande partie des Juges & Avocats des Cours Ec. clefiaftiques, dont il acquit l'estime & l'amitié. Mais il n'y exerça pas long-temps fon miniftere; car ayant été fait Chapelain ordinaire de la Reine Anne à la recommandation de l'Evêque fon Patron; & cette Princeffe ayant bientôt connu fonmérite, elle lui donna en 1709. la Cure de S. Fames, qui eft une des plus confiderables de la Ville, foit par fes revenus, foit par le voisinage de la Cour, & le grand nombre de gens de qualité, qui demeurent dans la Paroiffe.

Clarke n'en fut pas pas plûtôt pourvû, qu'il quitta fa maniére de prêcher par méditation, & s'attacha à compofer & à écrire fes Sermons; non qu'il n'eût pû en suivant fa pre

S. CLAR- miere méthode, fatisfaire l'Audito re le plus diftingué, mais il craignoit de n'avoir pas toujours la même facilité & il fe propofoit de donner un jour les Sermons au Public.

,

Il crut alors qu'il lui convenoit de prendre le degré de Docteur en Théologie. Pour cet effet il alla à Cambridge, où il foûtint publiquement deux Thefes, dont les fujets étoient, Nullum fidei Christiane dogma in S. Scripturis traditum, eft reda rationi diffentaneum. Sine actionum humanarum libertate nulla poteft effe Religio.

L'Ouvrage, qu'il publia en 1712. fur la Trinité, lui fit bien des affaires. Il déplût fort à ceux qui avoient des fentimens Orthodoxes fur cette matiére, parce qu'il y favorifoit l'Arianifme, & les Ariens eux-mêmes n'en furent pas contens, parce que l'Auteur s'y étoit exprimé en termes trop foibles ou trop obfcurs à leur gré, & qu'ils croyoient qu'il avoit déguifé fes véritables fentimens. Il fut vivement attaqué par plufieurs perfonnes, & Clarke leur répondit