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BOISRO

BERT.

F.DE déreglé fui a été reproché fouvent par des traits piquans. Ceux que Meage fit entrer dans fa Requête des Dictionnaires les brouillerent enfemble; mais ils fe raccommoderent depuis.

L'Academie Françoife s'intereffant à la difgrace de Boifrobert, fit une députation au Cardinal de Richelieu pour le lui redemander après quelques mois d'exil. Le Cardinal reçut fort bien les deputés, & après leur avoir dit, qu'ils meritoient d'avoir un Confrere moins étourdi que Boif robert, il ajouta que l'heure du pardon n'étoit pas encore venuë, mais qu'elle pourroit venir : en effet quelque temps après Boifrobert rentra dans fes bonnes graces, mais pour en jouir bien peu, car le Cardinal mourut la même année, 1642.

Il avoit employé pour cela M. de Bauru, qui avoit beaucoup de credit auprès de ce Miniftre, & n'avoit vien oublié pour fe juftifier dans fon efprit; fi vous aviez vû, lui dit-il, la perfonne au fujet de qui l'on m'accufe vous en feriez furpris; il ne faut que la voir pour connoire mon innocence. Bon,

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Tui repliqua M. de Bautru, fa laideur F. DE vous excufe-t'elle? vous n'en êtes que BOISROplus coupable. Allez, allez, je ferai BERT. votre paix.

M. de Bautru ne réussit pas entiere ment à le reconcilier avec le Cardinal; il fallut que M. Citois s'en mêlat, & profitât d'une indifpofition de ce Miniftre. Car connoiffant que cette indifpofition ne venoit que de quelque chagrin qu'il avoit eu, il lui donna pour tout ordonnance Recipe Boisrobert, pour lui faire comprendre que rien ne pouvoit contribuer davantage au retabliffement de fa fanté, que les contes plaifans de cet Abbé, Ordonnance qui cut l'effet qu'il fouhaitoit.

Une Lettre de Gui Patin à Spon, datée du 8. Juin 1655. nous apprend une autre difgrace de Boifrobert. Après avoir dit que le Roi & toute la Cour étoit partie le 18. de Mai pour Compiegne, il ajoute. » Avant: que de partir, il a fait commandement à l'Abbé Boifrobert, âgé de 63. ans, de fortir de Paris pour di vers juremens qu'il avoit proferés du nom de Dieu, après avoir per

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du fon argent à jouer contre les Nieces de fon Eminence. (Le Car dinal Mazarin.) On dit que le Pe»re Annat, Jefuite, & Confeffeur » du Roi, duquel il s'étoit moqué en le contrefaifant, a bien aidé à lui procurer cet exil, qu'il a bien merité d'ailleurs. C'eft un Prêtre qui vit en goinfre, fort dereglé & fort diffolu.

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Boifrobert aimoit en effet le jeu avec paffion; fur quoi on rapporte ce trait dans le Menagiana tom. I. P.-25. Il perdit une fois dix mille' » écus contre M. le Duc de Roque » laure. Ce Duc qui aimoit l'argent,

voulut être payé, & ce fut M. de » Bautru, qui fit l'accommodement. » L'Abbé de Boifrobert vendit ce qu'il savoir, dont il fit quatorze mille " francs. M. de Bautru dit à M. le Duc de Roquelaure, en lui donnant cette fomme, qu'il falloit qu'il lui » remît le furplus, & que l'Abbé de Boifrobert en reconnoiffance feroit une Ode à fa loüange, mais la plus mechante qu'il pourroit. Quand on feaura dans le monde ajouta-t'il, que M. le Duc de Ro

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quelaure aura fait prefent de feize F. mille francs pour une fi mechanie pié BOISRO » ce, que ne prefumera-t'on pas qu'il »eût fait pour une bonne?

Il aimoit auffi la bonne chere, & penfoit volontiers aux bons repas. Un jour occupé apparemment de penfées femblables, il paffoit dans la rue S. Anaftafe près d'un homme bleffé à mort, que plufieurs perfonnes entouroient, lorfqu'il s'entendit appeller pour le confeffer. Il s'approcha, pour toute exhortation lui dit : Mon Camarade, penfez à Dieu, dites votre Benedicité, & puis s'en alla. La Comedie étoit auffi une de fes paffions , & on le trouvoit plus » fouvent à l'Hôtel de Bourgogne que par tout ailleurs, particuliere»ment lorfque Mondori y jouoit. Un » jour qu'il étoit aux Minimes de la » Place Royale, où il entendoit la » Meffe à genoux fur un Prie-Dieu: »fort propre, fe faifant autant re» marquer par fa borne mine, que par un Breviaire en grand volume, » qui étoit ouvert devant lui; quelqu'un demanda à M. de Coupeau»ville, Abbé de la Victoire, qui étoie

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BERT

F. DE BOISROBERT.

cet Abbé? M. de Coupeauville re pondit: c'est l'Abbé Mondori, qui » doit prêcher cet après-midi à l'Hôtel » de Bourgogne. Quelques jours après M. de Coupeauville rencontra M. l'Abbé de Boifrobert, qui s'en revenoit de la Comedie à pied; il » lui demanda où étoit fon Caroffe. On me l'a faifi & enlevé, dit-il, » pendant que j'étois à la Comedie. Quoi, lui dit M. de Coupeauville tout étonné, quoi, Monfieur, à læ » porte de votre Cathedrale! Ah, continua t'il, l'affront n'eft pas fuppor » table!

Le nom d'Abbé Mondori ne man* qua pas d'être repeté par les rieurs. Boifrobert, bien loin de s'en offenfer, étoit le premier à fe le don

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ner dans les meilleures compagnies. » Mais comme tout depend de la ma»niere de dire ou de faire les cho» fes, & que tel mot, d'innocent » qu'il eft dans l'entretien fanulier. » devient injurieux dans un écrit, il arriva que Coftar dans la fuite de la défense de Voiture, ayant à justifier fon ami, que Girac avoit traité de Comedien, s'avifa de faire p. 195

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