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& lelibre arbitre exclut toute neceffité; mais
cette neceffité que nous concluons de la pré-
fience de Dieu, n'est qu'une neceffité subse- ». 2,
quente & non antecedente; autrement il ne fe-

roit rien librement lui-même. Or la fience de

Dieu ne dépend pas des chofes, mais elles font

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c. 3.

2.3. 6. Tá

par fa fience. La predeftination semble apporter une plus grande neceffité, parce qu'elle enferme un decret; mais en effet elle n'impofe pas plus de neceffité que la préfience, parce que Dieu ne predeftine pas en contraignant la volonté, mais la laiffant libre. Ce qui fait la difficulté touchant la grace, c'eft ce que l'écriture dit avec une égale force, que nous ne pouvons rien fans la grace,& que nous agiffons librement, d'où vient que quelques efprits fuperbes ont attribué toute la vertu au libre arbitre,& plufieurs de nôtre tems, dit l'auteur, doutent que le libre arbitre foit quelque chose. Mais nous ne pouvons c. 3. avoir que par la grace la droiture de volonté,qui nous fait aimer la juftice, & qui eft effentielle au merite;& l'écriture en établissant la grace, n'exclut point le libre arbitre, comme en établissant le libre arbitre elle n'exclut point la grace. Il n'eft jamais impoffible d'avancer dans le bien ou de n'en pas decheoir,mais la grande difficulté paroît quelquefois impoffibilité.

Outre les ouvrages dogmatiques de S Anfelme, nous avons de lui plufieurs homelies, plufieurs meditations & grand nombre d'oraifons, qui refpirent une tendre pieté, & enfin plus de quatre cens lettres. Sa vie à été écrite en deux livres par le moine Edmer fon difciple & fon compagnon inféparable, qui dans cet ouvrage s'eft attaché particulierement à décrire fes moeurs, fon efprit & fes miracles. Mais il a laiffé une autre hiftoire fous le nom de Nouvelles, pu il rapporte exactement & fuivant l'ordre des

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AN. 1109. tems tout ce qui s'eft paffé entre S. Anfelme & les rois d'Angleterre, depuis le commencement du regne de Guillaume le conquerant jusques à la mort du prélat; & la fuite de quelques affaires ecclefiaftiques jufques à l'an 1122.

LXIV.

Thomas archevêq. 'd' Yorc.

Fdm 4. Nov. n.38.

LXV.

Fin de S. Hugues de

Clugni.

Peu de jours après la mort de S. Anfelme, arriva en Angleterre un cardinal envoié par le pape Pafcal,avec le pallium pour l'archevêque d'Yorc, qu'il étoit chargé de remettre à S. Anfelme afin d'en difpofer, fuivant fon avis. A la Pentecôte fuivante, treiziéme de Juin 1 09. le roi tenant fa cour pleniere à Londres, fit examiner l'affaire de l'archevêque d'Yorc. On lut la derniere lettre que S. Anfelme lui avoit écrite, & onze évêques qui étoient profeus,refolurent d'y obéir, quand

devroient être dépouillez de leurs dignitez. Ils firent venir Sapfon évêque de Vorchestre dont l'archevêque Thomas étoit fils legitime;& il déclara qu'il étoit du même avis, & qu'il vouloit auffi obéir à la défense d'Anfelme. Le roi fut du même fentiment, & déclara à Thomas qu'il promettroit à l'églife de Cantorberi la même obéiflance que fes prédeceffeurs, ou qu'il renonccroit à l'archevêché. Il fe foumit & fut facré le dimanche vingt-feptiéme de Juin par Richard évêque de Londres, qui lui fit auparavant prêter ce ferment; le cardinal lui donna enfuite le pallium. Mais Thomas eut regret toute fa vie de n'avoir pas été facré de la main de S. Anfelme. Au refte l'évêque de Londres fit cette fonction comme le doïen de l'églife de Cantorberi. La même année & huit jours après S. Anfelme, mourut S. Hugues qui gouvernoit depuis foixante ans l'ordre de Clugni. Il avoit cu pour difciples, comme j'ai marqué,le pape Urbain II. S. Ulric qui écrivit les coûtumes du monaftere, & plufieurs autres grands perfonuages. Il fut ami de S. Pierre Damien, de Didier abbé du Mont

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up. liv. LXn 18 D..29.

Apr 10.2.

D629.
Bibl. lun

P. 414.
Sup. n. 42,

1x11, n. 6.

Caffin, & de tous les plus grands faints de fon AN. 15:9. tems. Il fut cheri & refpecté par l'empereur Henri le Noir, l'imperatrice Agnes fon époufe, Henri IV.leur fils, qui dans fes premieres années le demandoit pour juge. Philippe roi de France, Alfonfe VI. roi de Caftille, par les liberalitez duquel il bâtit cette églife magnifique de Cugni, qui fubfifte encore. Enfin l'ordre de Clugni fut de fon tems au plus haut point de fa fplendeur, dont il commença à décheoir depuis la mort. Elle arriva le vingt-neuviéme d'Avril 09. qui étoit la quatre-vingt-cinquième année de fon âge. Sa vie fut écrite environ fix ans après, par Hildebert évêque du Mans, qui s'eft plus appliqué à relever ce qu'il a cru miraculeux, que le détail de fes actions. S. Hugues fut canonifé peu de tems après par le pape Callifte II. & l'églife honore fa memoire le jour de fa mort. Son fucceffeur fut Pons, qui du monastere de S. Pons de Tomiers, avoit paffé à celui de Clugni;il en fut le feptiéme abbé & le gouverna paifiblement pendant douze ans. Alfonfe VI. roi de Caftille, qui avoit tant aimé l'abbé S. Hugues, ne le furvêquit que de trois Mort d'Almois,& mourut le jeudi premier de juillet, Ere 1147. qui est la même année 1109. Il vécut foixante & dix ans, & en regna trente-fix; il fut enterré dans l'églife de S. Fagon. Il laiffa la couronne à fa fille Urraque, qu'il avoit remariée malgré elle & malgré les feigneurs de Caftille, à Alfonse roi d'Arragon, quoiqu'elle eût un fils nommé auffi Alfonfe, de fon premier mariage avec Raimond de Bourgogne fils de Guillaume comte de Vienue. Le fecond mariage d'Urraque fe fit par le confeil de Bernard archevêque de Tolede & des évêques de Caftille; mais après la mort d'Alfonfe VI. les feigneurs & la princeffe elle même foûtinrent que fon mariage avec le roi d'Artagon, étoit nul pour caufe de parenté;

Bibl. Clyni p. 551.

LXVI.

fonfe VI.

roi de Cáf

tille.

Sup. liv. LXIII.7.6. P.lag.Quer P 77

Roder.

c. 33.

AN. 1199.

Id Vi..

car ils defcendoient l'un & l'autre de Sanche le grand roi de Navarre. On envoïa au pape Pascal, qui commit Diegue évêque de Compoftelle pour prendre connoiffance de l'affaire; lui ordonnant d'obliger la princeffe à fe feparer, fous peine d'être excommuniée & de perdre fa puifMariana fance temporelle. On ne voit pas ce qui fut ju. hift.c.8. gé; mais il eft certain qu'Alfonfe d'Arragon fit fentir fon indignation aux prelats. L'évêque de Burgos & celui de Leon furent chaffez, celui de Palence pris, l'abbé de S. Fagon dépoüillé, & le moine Ramir, frere du roi, mis à fa place. Bernard archevêque de Tolede, quoique legat du faint fiege, fut banni de fon diocefe pendant

deux ans,

LIVRE

121

LIVRE SOIXANTE-SIXIE' ME.

A

:

AN. 1110.

1.

ri V.en

Italic.

Rome le pape PafcalII.tint un concile dans l'églife de Latran le feptié- LeR fa me jour de Mars l'an 1110.indiction troifiéme où il renouvella les de-x.com. crets contre les inveftitures, & les p. 794• canons qui défendent aux laïques de difpofer les biens des églifes. On y excommunia aussi ceux qui pilleroient les débris des naufrages. La même année Richard évêque d'Albane legat du pape tint trois conciles en France : l'un à Clermont en Auvergne à la Pentecôte, qui fut le vingt-neu- p.765.766. viéme de Mai, le second à Toulouse, le troifiéme à S. Benoit fur Loire le premier jour d'Octobrc.A ce dernier concile fe trouverent quatre archevêques, Daïmbert de Sens, Raoul de Reims, Raoul de Tours & Leger de Bourges. Il ne fe tenoit plus gueres de conciles fans legats du pape.

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Ab Urf

Au mois de Juin le pape foitit de Rome & alla en Poüille, où il affembla le duc, le prince 1v, 6, 35. de Capoüe & les comtes du païs; & leur fit promettre de l'aider contre le roi Henri d'Allemagne, s'il en étoit befoin, & s'ils en étoient requis. Il revint enfuite à Rome où il fit faire le même ferment à tous les grands. C'est qu'il favoit la refolution du roi de venir en Italie, & en prévoïcit les fuites. En effet dès le jour de l'Epiphanie de la même année 1110. le roi peg. avoit tenu avec les feigneurs une conference à Ratisbone, où il leur avoit declaré fon def fein de paffer les Alpes, pour aller à Rome recevoir la couronne imperiale de la main du pape; & réunir l'Italie à l'Allemagne, fuivant les anciennes loix. La propofition fut très-bien rue, les feigneurs promirent de fuivre le Tome XIV.

F

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