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AN. . & contre fa bulle. Le pape en aïant eu avis leur écrivit de Terracine le cinquiéme de Juillet, reprenant l'indifcretion de leur zele, & promettant toutefois de corriger ce qu'il n'avoit fair que pour éviter la ruïne de Rome & de toute la province.

Chr. Caff. iv. c. 42.

Un autre chef de ceux qui blâmoient la conduite du pape, étoit Brunon évêque de Segni & abbé du mont-Caffin. Il avoit avec lui deux évêques & plufieurs cardinaux; & ils preffoient le pape de caffer fa bulle & d'excommunier l'empereur. Ceux qui avoient été prisonniers avec le pape étoient partagez : les uns difoient qu'ils n'avoient point changé de fentiment, & qu'ils condamnoient les inveftitures comme auparavant les autres s'efforçoient de foûtenir ce qui avoit été fait. Brunon aïant appris qu'on l'avoit dénoncé au pape comme chef de cette divifion, lui écrivit une lettte où il difoit: Mes ennemis vous difent que je ne vous aime pas, & que je parle mal de vous, mais ils mentent. Je vous aime comme mon pere & mon feigneur, & je ne veux point avoir d'autre pape de vôtre vivant, comme je vous l'ai promis avec plufieurs autres. Mais je dois plus aimer encore celui qui nous a faits vous & moi. Je n'approuve point ce, traité fi honteux, fi forcé, fi contraire à la religion;& j'apprens que vous ne l'approuvez pas vous-même.Qui peut approuver un traité qui ôte la liberté de l'églife, qui ferme l'unique porte pour y entrer, & en ouvre plufieurs autres pour y faire entrer les voleurs. Nous avons les canons depuis les apôtres jufques à vous; c'eft le grand chemin dont il ne Can apo faut point fe détourner. Les apôtres condamnent tous ceux qui obtiennent une églife par la puiffance feculiere; car les laïques, quelques picux qu'ils foient, n'ont aucun pouvoir de dif

31.

apoft.

pofer des églifes. Vôtre conftitution condam- AN.. ̧ ne de même tous les clercs qui reçoivent l'inftitution de la main d'un laïque. Ces conftitutions font faintes, & quiconque y contredit n'eft pas catholique. Confirmez-les donc, & condamnez l'erreur contraire que vous avez fouvent vous-même qualifiée d'herefie : vous verrez auffi-tôt l'églife paifible & tout le monde à vos pieds. Pour moi je fais peu de cas du ferment que vous avez fait ; & quand vous l'auriez violé, je ne vous en ferois pas moins foumis.

Le pape ne laiffa pas d'être piqué de cette lettre, & de craindre que Brunon ne voulût le faire dépofer: c'eft-pourquoi il réfolut de lui ôter l'abbaie du Mont-Caffin qui lui donnoit un grand credit. C'étoit la quatrième année qu'il la gouvernoit. Car après qu'il fut revenu de fa legation en France, il rentra dans ce monaftere; & l'abbé Otton étant mort le premier d'Octobre 1107. il fut élû par les moines pour lui fucceder. Le pape Pafcal étant venu enfuite au Mont-Cuffin, dit en plein chapitre que Brunon n'étoit pas feulement digne de remplir certe place, mais d'être à la fienne dans le faiut fiege. Toutefois aïant reçû la lettre touchant les inveftitures, il lui écrivit qu'il ne pouvoit plus fouffrir qu'il fut évêque & abbé. Car Brunon étoit toûjours évêque de Segni ; & quelque inftance qu'il eût faite pour étre déchargé de cette église, le pape n'avoit jamais voulu admettre fa renonciation. Le pape écrivit auffi aux moines du mont-Caffin, & chargea de la lettre Leon évêque d'Oftie, tiré de ce monaftere : leur défendant de plus obéir à Brunon, & leur ordonnant d'élire un autre abbé. Alors Brunon affembla la communauté, & voulut leur donner pour abbé un de leurs confre

VII.

Brunon de Segni refonévêché.

tourne á

Chr Cuff

v. c. 31.

Sup. Liv. L:V. Not

c. 4a

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res nommé Peregrin fon compatriote mais ils lui dirent: Tant que vous voudrez nous gouverner, nous vous obéirons comme à nôtre pere: mais fi vous voulez quitter, laissez-nous l'élection libre. Brunon crut pouvoir le faire obéir par force, & fit venir des gens armez, qui furprirent les moines comme ils entroient à la meffe, demandant en furie qui étoient ceux qui ne vouloient pas faire la volonté de l'abbé. Les moines indignez les mirent dehors; & l'abbé l'aïant appris, assembla les freres & leur dit Je ne veux pas être cause d'un fcandale entre vous & l'églife Romaine : c'est-pourquoi je vous rends le bâton paftoral que vous. m'avez donné. Auffi-tôt il le remit fur l'autel ; & prenant congé des moines, il retourna à fon évêché, où il paffa les quatorze ans qu'il vêcut encore. Il avoit gouverné l'abbaie du montCaffin trois ans & dix mois ; & fon fucceffeur fut Girard qui la gouverna onze ans

Leon évêque d'Oftie que le pape emploïa en cette affaire, étoit de Marfique en Campanie, & entra dès l'enfance au mont-Caffin, où il embraffa la vie monaftique ; & s'étant diftingué par fa doctrine & par fa vertu, il devint bibliothe quaire & doïen du monaftere. L'abbé Oderife lui ordonna d'écrire la vie de l'abbé Didier fon prédeceffeur, qui fut le pape Victor III. & lui aïant demandé quelque tems après s'il l'avoit fait; Leon lui avoüa qu'il n'avoit pas commencé, & lui reprefenta que diverfes occupations l'en avoient détourné. Oderife promit de kui donner du loifir; & lui ordonna d'écrire l'hiftoire entiere du mont-Caffin depuis S. Benoît : marquant non-feulement la fuite des abbez & leurs actions, mais les acquifitions des domaines du monaftere par les donations des empereurs & des princes ou autrement. Leon execu

Sub. liv.

ta cet ordre, fe fervant de quelques memoires écrits groffierement par les inoines précedents;. des hiftoires des Lombards & de celles des empereurs & des papes, avec les anciens titres du monaftere, qu'il rechercha foigneufement. De tous ces materiaux il compofa la cronique. du mont-Caffin, & la divifa en trois livres : dont le premier commença à S. Benoît: le second à l'abbé Aligerne vers l'an 959. le troifié- LVII. e me ne contient que l'hiftoire de l'abbé Didier ; En 101. Leon de Marfique fut tiré du montCallin par le pape Pascal II. qui le fit cardinal évêque d'Oftie: il vêcut au moins jufques en 5. & eut pour fucceffeur Lambert de Fagdepuis pape fous le nom d'Honorius II. La cronique du mont-Caffin fut continuée après la mort de Leon, par le moïen de Pierre, diacre & bibliothequaire du même monaftere, né à Rome de la premiere noblesse, & offert à la maifon dès l'âge de cinq ans en III. Il ajoûta à cette cronique un quatrième. livre qui commence à l'abbé Oderife en 1087.. & finit à Rainald II. & à la mort de l'antipape Anaclet en 1138. mais ce quatriéme livre n'est pas écrit avec la même fidelité que les precedens.

nan,

pre

A Conftantinople le patriarche Nicolas le Grammairien mourut cette année 11. après avoir tenu ce fiege vingt-fept ans, & être arrivé à une extrême vieilleffe. Nous avons deux conftitutions de ce patriarche, toutes deux de l'année 1092. indiction quinziéme La miere du quatorziême de juin, fut faite dans un concile de treize métropolitains avec quelques officiers de l'empereur. On y décida la queftion propofée un mois auparavant dans une affemblée plus nombreufe, favoir fi l'onde & la niece, le nevcu & la tante d'alliance

Prolog lib.

4. cunner..

IX. Mort de Nicolas le Grammai

rien. Jean
patriarche

de C. P.
Su. liv.
LXIII .25..
Zenatr

xv. 25.
Jus Grace

Rom.lib.3

P. 215

P. 216.

X.

Euthym. Zigah, Pa. nolp.tit.23 Annal. Comm. lib. xv. p. 486.

Sup. hv. XIX. 7. 25.

Sun. liv. XLV. n. 58.

LII. n. 18.

feulement, pouvoient fe marier ensemble, & ces meriages furent déclarez valables. La feconde conftitution du mercredi vingt-uniéme de Juillet déclare valable un mariage contracté en confequence de fiançailles, qui étoient illegitimes, parce que la fille n'avoit que fept ans: mais les noces n'avoient été celebrées que huit ans après. Les affemblées où furent faites ces conftitutions, fe tenoient au palais patriarcal, dans la falle nommée Thomaïte.

Du tems du patriarche Nicolas, l'empereur Fogomiles Alexis fit brûler Bafile chef des Bogomiles. heretiques. C'étoit des heretiques Bulgares, ainfi nommez, comme qui diroit ceux qui implorent la mifericorde divine; car Bog en leur langue; la même que la Sclavone, fignifie Dieu, & Miloži, aïez pitié de nous. Or ils vantoient extrêmement la priere, comme les anciens Maffaliens, dont ils tenoient plufieurs erreurs mais au fonds ils étoient Manichéens, où plûtôt une branche des Pauliciens dont j'ai parlé. Ceux-ci affectoient un grand exterieur de pieté, coupoient leurs cheveux & portoient des manteaux & des cucules abaiffées jufques fur le nez, marchant la tête panchée, & marmotant quelques prieres: on les cût pris pour des moines. Comme de tous côtez on parloit beaucoup de cette fecte, l'empereur Alexis s'en informa, & fit amener à fon palais quelques-uns de ceux qui la profeffoient. Ils dirent tous que leur chef étoit Bafile, qui fuivi de douze difciples qu'il nommoit fes apôtres, & de quelques femmes, alloit par tout femant fa doctrine. Il étoit medecin de profef-. Xvx 1.7.23. - fion, avoit été quinze ans à apprendre cette doctrine, & l'enfeignoit depuis cinquante-deux,

Zomar li

ans.

L'empereur le fit fi bien chercher, qu'on le arouva, & il lui fut prefenté. C'étoit un vieil

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