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que

Dieu nourrit. Car c'eft ainfi que les Bogomiles prouvoient leur doctrine par des paflage= de l'Ecriture tournés en allegories arbitraires Ils fe croïoient permis de diffimuler leur do&trine, & d'ufer de tous les moïens poffibles 24. pour fauver leur vie: ce qui les rendoit trèsdifficiles à découvrir. Leur habit femblable à celui des moines, fervoit encore à les cacher& leur donnoit moïen de s'infinuer plus facilement pour communiquer leurs erreurs. Ils condamnoient le mariage, & défendoient toute union des fexes, comme s'ils n'avoient point de Ils défendoient de manger de la chait corps. ni des œufs, & ordonnoient de jeûner tous les mercredis & les vendredis: mais fi on les prioit à manger ils mangeoient plus que d'autres, ce qui faifoit juger qu'ils n'étoient pas plus retenus dans le refte. La princeffe Anne Comnene dit qu'elle eût voulu expofer leur herefie, mais que la pudeur & la bienféance de fon fexe l'en empêche pour ne pas fouiller fa langue; & elle renvoie au livre d'Euthymius.

326

25.

Alex. lib.

25. p. 492.

Aut.bibl.

PP. 1624.

to.2.p.290.

Après les Bogomiles, Euthymius refute auffi les Ifmaëlites, c'est-à-dire les Mufulmans. D'abord il rapporte fommairement l'histoire de Mahomet, & montre qu'il n'a été promis par aucune prophetie, & n'a donné aucune preuve de fa prêtendue miffion. Il rapporte fes principaux dogmes tirez de l'Alcoran, dont il cite les chapitres & les paroles; & releve les abfurditez contenues en ce livre : comme d'avoir confondu Marie foeur de Moïfe avec la Vicige mere de JESUS, & d'avoir mélé à des difcours qu'il donne pour divins plufieurs fables imperti

nentes.

Le fucceffeur de Nicolas le Grammairien fur Jean, diacre & hieromnemon de l'églife de C. P. & frere de l'évêque de Calcedoine : c'est

2

pourquoi le furnom de cette ville lui demeura; Ax. iz. il étoit nourri dans l'étude des lettres facrées & profanes. Il fut nommé patriarche par l'empereur Alexis, qui vint lui-même le déclarer dans l'églife; & il tint le fiege vingt - trois

ans.

Guil

XII. Concile de

Lattan conte les inveltitu.

res.

10. X. conc.

Baluz. ad concord P. de Marea.

A Rome le pape Pafcal voulant fe justifier au fujet des inveftitures,& prévenir le schisme dont l'églife étoit menacée, affembla un concile dans l'églife de Latran, où se trouverent environ cent évêques ; entr'autres, Cencius de Sabine, Pierre de Porto, Leon d'Oftie, Conon de Pa. leftrine, évêques, cardinaux, Jean patriarche p 767. de Venife, Sennes archevêque de Capouë, Landulfe de Benevent, Maur d'Amalfi, laume de Syracufe, Geofroi de Sienne. Il n'y p. 1292. avoit que deux évêques de deçà les monts, Girard d'Angoulefme & Galon de Leon en Bretagne, députez des archevêques de Bourges & de Vienne. Il y avoit plufieurs abbez, & une multitude innombrable de clercs & de laïques. Le concile commença le dix-huitième jour de Mars 12. Le quatrième jour on parla des Guibertins; qui faifoient leurs fonctions, nonobstant l'interdiction, prétendant en avoir permiffion du pape. Le pape dit: Je n'ai point abfous generalement les excommuniez comme difent quelques-uns; car il eft certain que perfonne ne peut être abfous fans penitence & fatisfaction. Je n'ai point rétabli les Guibertins; au contraire, je confirme la fentence que l'églife a prononcée

contr'eux.

&

Le cinquième jour le pape raconta à tout le concile, comment il avoit été pris par le roi Henri, avec des évêques, des cardinaux, plufieurs autres; pour la délivrance des prifonniers, la paix du peuple & la liberté de l'églife, de donner au

& forcé contre fa réfolution

AN. 112.

roi par écrit une conceffion des inveftitures qu'il avoit fouvent défendues. J'ai fait jurer, ajoûta-t-il, par les évêques & les cardinaux, que je n'inquieterois plus le roi, à ce sujet, & que je ne prononcerois point d'anathême contre lui. Or quoique le roi Henri ait mal observé fon ferment, toutefois je ne l'anathematiserai jamais, & ne l'inquieterai jamais au fujer des inveftitures, lui & les fiens auront Dieu pour . juge d'avoir rejetté nos avertiffemens. Mais quant à l'écrit que j'ai fait par contrainte, fans le confeil de mes freres & fans leurs foufcriptions, je reconnois qu'il a été mal fait, & je defire qu'il foit corrigé, laiffant la maniere de la correction au jugement de cette affemblée, afin que ni l'églife ni mon ame n'en souffre aucun préjudice. Tout le concile réfolut que les plus fages & les plus favans d'entr'eux délibereroient mûrement fur ce fujet, pour rendre leur réponse le lendemain.

Le fixième jour du concile, qui fut le dernier, le pape commença par fe purger du foupçon d'herefie, dont on accufoit ceux qui approu voient les inveftitures; & pour cet effet il fit fa profeffion de foi en prefence de tout le concile. Il y déclara qu'il recevoit toutes les faintes écritures, tant de l'ancien que du Louveau Tef tament; les quatre premiers conciles generaux & le concile d'Antioche; les decrets des pap es, & principalement de Gregoire VII. & d'Urbain II. J'approuve, ajoûta-t-il, ce qu'ils ont approuvé, je condamne ce qu'ils ont condamné, je défends tout ce qu'ils ont défendu; & je perfevererai toujours dans ces fen

timens.

Enfuite Girard évêque d'Angoulefine;legat en Aquitaine, fe leva au milieu de l'assemblée, & du confentement du pape & du concile, lut

up

un écrit en ces termes: Nous tous affemblez AN. 1112 en ce faint concile, condamnons par l'autorité ecclefiaftique & le jugement du Saint- Efprit, le privilege extorqué du pape Pascal par la violence du roi Henri: nous le jugeons nul & le caffons abfolument; & défendons fous peine d'excommuniation qu'il ait aucune autorité. Ce que nous faisons à cause de ce qui eft contenu dans ce privilege, qu'un évêque élu canoniquement par le clergé & le peuple, ne fera point facré qu'il n'ait reçu auparavant l'inveftiture du roi: ce qui eft contre le Saint-Esprit & l'institution canonique. Après cette lecture tous s'écrierent: Amen, amen: ainsi soit-il, ainfi foit-il. Cet écrit avoit été dreffé par Gi=rard évêque d'Angoulefme, Leon d'Oftie, Gregoire de Terracine, Galon de Leon; & par Robert cardinal du titre de faint Eusebe, & Gregoire du titre des faints Apôtres. Il fut foufcrit par ceux qui affiftoient au concile. Deux - évêques, Brunon de Segni, & Jean de Tuf=culum, & deux cardinaux, Pierre de faint Sixte, & Alberic de fainte Sabine, quoiqu'ils fuffent à Rome, n'affifterent pas au concile: mais enfuite aïant lû la condamnation du priviElege, ils l'approuverent comme les autres.

On rapporte à ce concile une lettre du pape Pascal au roi Henri & aux empereurs fes fucceffeurs, où il dit: la Loi divine & les faints canons défendent aux évêques de s'occuper d'affaires feculieres, ou d'aller à la cour, fi ce n'eft pour délivrer les condamnez & les autres qui fouffrent oppreffion. Mais dans vôtre roiaume on contraint les évêques & les abbez mêmes à porter les armes : ce qui ne fe fait guere fans commettre des pillages, des facriEleges, des incendies & des homicides. Les miniftres de l'autel font devenus les miniftres de G

Tome XIV.

Pafc. epift

22.

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la cour: parce qu'ils ont reçu des rois, des villes, des tours, des duchez, des marqui fats, des droits de monoye & d'autres biens appartenans à l'état d'où eft venu la coutume de ne point facrer les évêques qu'ils n'aient reçu l'inveftiture de la main du roi. Ces defordres ont excité nos prédeceffeurs Gregoire VII. & Pascal II. à condamner en plufieurs conciles ces inveftitures, fous peine d'excommunication; & nous confirmons leur jugement dans ce concile.

Nous avons donc ordonné qu'on vous laiffat à vous nôtre cher fils Henri, qui êtes maintenant par nôtre miniftere empereur Romain, & à votre roïaume, tous les droits royaux qui manifeftement appartenoient au roïaume du tems de Charles, de Louis, d'Otton, & de vos autres prédecefleurs. Nous défendons auffi aux évêques & aux abbez d'ufurper les droits roïaux, ni les exercer que du confentement des rois mais les églifes avec leurs oblations & leurs domaines demeureront libres, comme vous avez promis à Dieu au jour de vôtre couronnement. Le pape raconte enfuite la maniere dont il fut arrêté par les gens de l'empereur, & la lettre femble imparfaite.

Godefroi de Viterbe, auteur du même fiecle, dit qu'en ce concile de Latran le pape Pafcal voulut renoncer au pontificat, s'en jugeant indigne, à caufe de cette conceffion faite à l'empereur: qu'il quitta la mittre & la chape, & pria le concile d'ordonner fans lui ce qu'il jugeroit à propos: mais que le concile ne vou lut point recevoir fa démiffion, & l'obligea à garder fa dignité, tournant toute fon indignation contre Henri V. qui fut déclaré ennemi de l'églife comme fon pere.

Entre plufieurs lettres que le pape Pafcal

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