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Châlons, & donna de grands biens à la nouvel- AN. i 14. le communauté: ordonnant qu'elle éliroit librement fon abbé fans attendre le confentement du roi, ni d'aucune autre perfonne que de l'évêque de Paris, à qui il feroit prefenté pour recevoir la benediction abbatiale. C'est ce qui paroît par les lettres patentes datées de l'an 1113. & foufcrites par Raoul archevêque de Reims, Lifiard évêque de Soiffons, Ives de Chartres, Galon de Paris, Manaffés de Meaux, Jean d'Orleans, Godefroi d'Amiens, Humbaud d'Auxerre, Philippe de Troïes, Humbert de Senlis. L'année fuivante le pape Pafcal, à la priere du roi, confirma cette fondation par sa bulle du premier de Decembre 1114. & Gilduin qui jufques-là avoit gouverné ce monaftere en quaiité de prieur, en fut le premier abbé. Les chanoines y celebroient avec grande exactitude l'office divin à toutes les heures du jour & de la nuit : ils travailloient de leurs mains, gardoient un grand filence & ne laifloient pas d'étudier & d'enfeigner: en forte que cette maifon devint une des plus fameufes écoles de la Chrétienté. Elle fut chef de congregation, & plufieurs monafteres de chanoines reguliers fuivoient la même obfervance.

Il y avoit cinq ans que le fiege de Cantorberi étoit vacant depuis la mort de faint Anfelme, & cependant le roi Henri, à l'exemple du roi Guillaume fon frere, s'étoit mis en pofleffion de tous les biens de cet archevêché, à la referve de la menfe monacale. C'étoit Raoul évêque de Rochefter, qui faifoit à Cantorberi les fonctions épifcopales. Enfin le roi Henri preffé par les admonitions du pape & les pricres des moines de Cantorberi & de plufieurs autres perfonnes, affembla les évêques & les feigncurs d'Angleterre à Qüindfor, pour les con

XXVI.

Raoul ar cheque beri.

de Cantor

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6.

AN. 1114, fulter fur le choix d'un archevêque. Quand la cour fut assemblée, l'opinion commune étoit, que ce feroit Farice abbé d'Abendon, & en effet c'étoit la penfée du roi. Farice étoit un Italien,homme d'un grand merite: mais les évêques & quelques-uns des feigneurs vouloient que l'on prit un évêque d'entre le clergé, ou un clerc de la chapelle du roi. On leur objecta que depuis faint Auguftin; tous les archevêques de Cantorberi avoient été tirez de l'ordre monaftique, & qu'il n'y avoit aucune raifon de changer une coûtume fi ancienne; à quoi ils furent obligez d'acquiefcer. Tous les évêques donnerent donc leurs fuffrages à Raoul évêque de Rochefter; & le roi y confentit, pourvu que les moines & le peuple de Cantorberi en fuffent d'accord. Ainfi il fut élu avec une approbation generale le vingt-fixiéme d'Avril 1114. & prit poffeffion à Cantorberi le dix-feptiéme de

1 Pontif. P. 230.

Mai.

Raoul étoit né en Normandie, & étant moiGoduin ne à faint Etienne de Caen, il avoit étudié fous Malmesb. Lanfranc. Enfuite il fut abbé de faint Martin de Sées, & à l'occafion d'un differend qu'il eut avec Robert feigneur de Bellefine, il paffa en Angleterre, où il s'attacha à faint Anfelme qui le fit évêque de Rochefter en 1108. Il étoit déja vieux & valetudinaire quand il fut élevé fur le fiege de Cantorberi qu'il remplit pendant huit ans. Ses mœurs étoient fans reproche, on l'accufoit feulement d'aimer trop la plaifauterie. Au mois de Novembre 1114. il envoïa trois deputez à Rome pour lui apporter le pallium; & Ives de Chartres écrivit ainfi au pape Pascal en fa faveur : Vous favez combien de tems l'églife de Cantorberi eft demeurée fans pafteur depuis la mort de l'archevêque Anfelme: comme le roi d'Angleterre en à emploïé les biens

epist. 258.

en des ufages profanes, & quel foin il a eu de An. 14, ne pas permettre que l'on y fit d'élection. Maintenant après vos reproches, après les avertiffemens des évêques du pais, cette église a enfin élû, du confentement du roi, Raoul évêque de Rochester, homme recommandable par fa fience & fa vertu. Il auroit voulu vifiter en perfonne le faint fiege, felon la coûtume: mais il en a été empêché, tant par la foiblesse de sa fanté que par le péril du voïage. Ives exhorte enfuite le pape à ufer de condescendance, en confirmant l'élection de Raoul & lui accordant le pallium: de peur que l'églife d'Angleterre ne retombe dans fon ancienne confufion.

Cependant le pape tint un concile à Ceperan petite ville fur le Garillan, à l'occafion du defordre arrivé à Benevent. Landulfe archevêque de cette ville, au lieu de procurer la paix avec les Normans, comme le pape lui avoit ordonné, y excita une fedition contre le conétable que le pape y avoit mis, nommé aussi Landulfe, en forte qu'il fut bleffé & contraint de renoncer à fa charge & fe retirer. Le pape en fut indigué jufques à repandre des larmes; il dépofa l'archevêque de Benevent & excommunia tous ceux de fon parti jufques à ce qu'ils fatisfiffent. Enfuite il envoia à Benevent le cardinal Anastase évêque d'Albane, qui calma le peuple & le ramena à l'obéiffance du pape.

XXVII. Concile de Ceperan. chr. Binee vet. an.

Baren, an 1114.

Au retour de ce cardinal, le pape tint le concile de Ceperan au mois d'Octobre 1114. A ce concile vinrent Guillaume duc de Calabre, Robert comte de Capoüe & le conétable Landul- to.x. conce fe qui avoit été chaffé. L'archevêque de Bene- P. 794. vent y vint avec le comte Rbbert, & y apporta une grande quantité d'or & d'argent. Le pape confirma à Cuillaume le duché d'Italie, de Calabre & de Sicile. A l'ouverture du concile le pa

AN, 14. pe fe plaignit de l'archevêque de Benevent, qui n'ofant fe prefenter fe tenoit dans une île près de Ceperan; & il fit prier le pape par le prefet de Rome & quelques autres Romains, de le rétablir en levant la fentence de dépofition prononcée contre lui: ce que le pape lui accorda. Il vint donc prendre fe place au concile, & le pape le fit appeller par un diacre pour faire juftice. L'archevêque fe leva & commença par demander grace, de ce qu'aïant été appellé par des lettres du pape, il n'étoit pas venu à fa

cour.

Il propofa des excufes, que le pape fit examiner par des cardinaux & des archevêques établis juges par le faint ficge. Ils fe retirérent à part; & après avoir long-tems conferé enfemble, ils dirent à l'archevêque de Benevent en prefence de tout le concile: Puifque vous dites que ce n'eft pas par mépris, mais par crainte que vous n'êtes pas venu à la cour, y étant appellé, nous jugeons que cette excufe n'eft pas canonique. On lut enfuite les canons fur ce fujet. Ce préliminaire étant jugé, le diacre appella une feconde fois l'archevêque de Benevent pour faire juftice. Il fe leva & demanda: Sur quoi? Sur ce, dit le pape, que vous avez pris les regales de faint Pierre contre nôtre volonté : vous vous êtes faifi des clefs des portes, vous avez envahi le palais & chaflé Landulfe, vous avez porté un cafque & un bouclier: vous avez obligé Foulques à prêter ferment, introduit les Normans, & le refte. L'archevêque répondit : Je n'ai pris les regales de faint Pierre que pour vôtre fervice: car quand vous étiez à Benevent yous m'avez recommandé la ville. Je n'avois pas pris les clefs, & nous favons tous que celui qui les gardes vous eft fidele. Je n'ai point pris de bouclier: il est vrai que j'ai porté un cafque

J

pour me garantir des coups de pierre: Je n'ai AN. 11 41
point fait entrer de Normans dans la ville
mais feulement feize Lombards pour fecourir
le peuple. Le ferment de Foulques & celui du
peuple n'ont point été faits par mon ordre.

Alors le pape commanda encore aux cardi-
naux & aux autres juges de dire leur avis fur ces
faits. Ce que voïant l'archevêque de Benevent,
il pria le duc Guillaume, le comte Robert,
Pierre de Leon & les évêques de prier le pape
de ne le pas deshonorer publiquement; offrant
d'aller en exil, même outre mer. Ils fe jette-
rent aux pieds du pape, mais ils n'en pûrent
rien obtenir. Les juges eux-mêmes après avoir
deliberé ne pouvoient fe réfoudre à prononcer:
mais le pape leur ordonna par la foi qu'ils de-
voient à faint Pierre & à lui, de dire ce qui
étoit conforme aux canons. Alors l'évêque de
Porto parla le premier, & dit avec de grands
fentimens de douleur: parce que vous avez
pris les regales de faint Pierre, gardé les clefs
des portes, envahi le palais, chaffé Landulfe,
& méprifé de venir à la cour, y étant appellé :
nous prononçons contre vous la fentence de
dépofition. L'archevêque de Capoue & le car-
dinal Gregoire prononcerent de même ; & com-
me les autres juges vouloient parler en confor-
mité, l'archevêque de Benevent fe leva pâle &
3 défait: on ôta fon fiege, & il fortit du concile
comme hors de lui. Cette affaire au fonds étoit
purement temporelle, mais on y voit encore
la forme des jugemens canoniques.

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3

En ce même concile l'archevêque de Cofence accufa Roger comte de Sicile, de l'avoir chaffé de fon ficge, & contraint de fe rendre moine au mont-Caffin. Sur quoi le pape dit : Ce n'eft pas moi que regarde cette affaire; c'eft l'abbé du mont-Caffin, fuivant le pouvoir que

Chr. Caff iv. c. 49.

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