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Le legat Conon tint deux autres conciles cette année 1 15 l'un à Cologne dans l'églife de faint Gereon, le lundi de Pâques, qui étoit le dix-neuvième d'Avril: l'autre à Châlons le #douzième de Juillet; & dans l'un & l'autre de

ces conciles, il réitera l'excommunication con! tre l'empereur. D'un autre côté les Saxons re=voltez contre ce prince, appellerent le cardinal Thierri legat en Hongrie, qui publia chez eux les decrets du concile de Latran de l'an III2. & reconcilia à l'églife Romaine l'archevêque de Magdebourg & les autres évêques du

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pais.

AN. 111.

. x. cons.

P. 79%

Ab. ViJ

perg. an. 11315•

XXX.
Guigues
Prieur de
la Char-
treule.
Sup. liv.

LXII'.". O
De inftit.

Guigues qui reçut faint Godefroi à la Chartreufe, en étoit le cinquième prieur. Le fecond fut Landuin, qui fucceda à faint Bruno en 1090. & mourut en 1100. Le troifiéme fut Pierre furnommé François, qui après avoir gouverné un an demanda mifericorde, c'est-àdire permiffion de renoncer à la fuperiorité; & Cart. rom l'obtint. Le quatrième prieur fut jean, né en Tofcane; qui gouverna fagement pendant huit ans, & mourut l'an 1109. vingt-cinq ans après la fondation de la Chartreufe.

Son fucceffeur fut Guigues, furnommé de faint Romain, du château où il nâquit dans le diocefe de Valence. Ses parens étoient nobles; & il fut très-bien inftruit des lettres humaines & divines; il avoit l'efprit vif, la memoire füre, beaucoup d'éloquence & de force à per

en forte qu'aucun de fes predeceffeurs n'eut plus d'autorité & de reputation que lui. De fon tems furent fondées plufieurs maifons du même inftitut: entr'autres la Chartreufe des Portes au diocefe de Lion, en 1115. & celle du Mont-Dieu au diocefe de Reims en 1134. car Guigues gouverna la Chartreufe vingt-fept ans.

1.bib'.Lab,

P. 639.

AN. 11.
XXXI.

re.

Sup. n. 25.

Edmer. 5.

Les députez que Raoul archevêque de Cantorberi avoit envoïés à Rome demander fon Anfelme pallium, demeurerent quelque tems fans oblegat en tenir de réponse favorable, & ne favoient à qui Angleter- s'adreffer. Il y avoit à Rome un neveu de faint Anfelme nommé Anfelme comme lui, & aimé du pape, qui l'avoit fait abbé de faint Sabas. Nov.p.87. Il avoit demeuré long-tems en Angleterre du vivant de fon oncle, & il y étoit aimé comme s'il eût été du païs. Quand il fut que ces députez étoient à Rome, il vint les trouver au palais de Latran, & leur rendit tous les offices d'un veritable ami. Il leur concilia tellement le pape & ceux de fon confeil, qu'on leur accorda gratuitement ce qu'ils demandoient; & le pape feur donna Anfelme lui-même pour porter de fa part le pallium à Cantorbeti. Les députez partirent devant; & étant arrivez en Normandie, ils rendirent compte au roi de leur voïage; & attendirent auprès de lui le legat Anfelme, qui fut reçu avec honneur, & passa avec eux en Angleterre.

ep. ics.

Il apporta au roi une lettre du en date pape du trentiéme de Mars, où il fe plaignoit de lui en ces termes: Les nonces ou les lettres du faint fiege ne font point reçus dans vos états fans vôtre ordre. Il n'en vient aucune plainte ni aucune affaire pour être jugée par le faint fiege: p. 106. c'est-pourquoi il fe fait chez vous plufieurs ordinations illicites ; & ceux-là pechent impunément, qui devroient corriger les autres. Il se plaint encore à la fin, que l'aumône de faint Pierre, c'eft ainfi qu'il la nomme, a été levée fi negligemment, que l'églife Romaine n'en a pas reçu la moitié. Il y avoit auffi une lettre à l'églife de Cantorberi, datée du dix-huitiéme de Fevrier, & apportée par les députez, où le pape fe plaint de la translation de l'évêque de

Rochefter. Ce qui ne devoit point, dit-il, fe AN. 111. faire fans nôtre confentement, suivant les faints decrets: toutefois nous le tolerons à cause du merite de la perfonne.

L'archevêque Raoul reçut folemnellement le pallium le dimanche vingt-feptiéme de Juin 1115. ce qui fe fit ainfi. Les évêques, les abbez & les nobles s'affemblerent dans l'églife metropolitaine de Cantorberi, avec une multitude innombrable de peuple. Le legat Anselme apportant le pallium dans un vafe d'argent, fut reçu à la porte de la ville, par les deux communautez de moines de l'églife metropolitaine p. 89. & de faint Auguftin. L'archevêque vint auffi au-devant accompagné des évêques & revêtu de fes ornemens, mais nuds pieds. Le pallium fut mis fur l'autel, où il le prit après avoir fait ferment de fidelité & d'obéiffance au pape. Il fit baifer fon pallium à tous les affiftans; & s'en étant revêtu, il fut intronisé dans la chaire patriarcale.

La même année le roi d'Angleterre ordonna à tous les évêques & les feigneurs de fe rendre à fa cour: ce qui fit courir le bruit que l'archevêque devoit tenir un concile general en préfence du legat, & y publier de nouveaux reglemens pour la reformation de l'églife. L'allembléc fe tint en effet le dix-feptiéme de Septembre à Oüestminster: mais ce ne fut point un concile: feulement le legat Anfelme y prefenta une lettre du pape adreffée au roi & aux évêques d'Angleterre, datée du premier d'Avril de rfch. epa la même année 1115. indiction huitième. Le 107. pape y demande comment il peut confirmer dans leur dignité les évêques d'Angleterre, dont il ne connoît ni les mœurs ni la fience: ce qui veut dire qu'ils devoient aller à Rome, ou être examinez par fes legats. Il ajoûte que Nô

AN. 115. tre-Seigneur diftribuant tout le monde à fes dif ciples, a fingulierement commis l'Europe à faint Pierre & faint Paul. Cependant, ajoute-t-il, vous terminez même les affaires des évêques, quoique le jugement définitif en foit refervé au Vittorep.. faint ficge. Sur quoi il cite deux fauffes decre4.3.Zephyr. tales, l'une du pape Victor, l'autre du pape Ze

ep. 1.

phyrin. Vous celebrez des conciles fans nôtre participation: vous faites fans nôtre autorité des tranflations d'évêques. Si vous voulez conserver la dignité du faint fiege fur tous ces chefs, nous vous conferverons la charité que nous vous devons, comme à nos freres & à nos enfans: mais fi vous demeurez dans vôtre obftination, nous fecouërons contre vous la pouffiere de nos pieds, felon l'évangile, & vous livrerons au jugement de Dieu, comme vous retirant de l'églife catholique.

Le roi confulta les évêques fur cettre lettre & fur plufieurs autres fujets de mécontentement contre le pape. Car quelque tems auparavant le legat Conon tenant fes conciles en France,avoit fufpendu & excommnunié les évêques de Normandie pour n'y avoir pas voulu venir, après avoir été appellez trois fois. Le roi avoit été extrémement choqué de cette excommunication, -principalement parce qu'il lui fembloit que le pape violoit les privileges accordez par l'églife Romaine à fon frere & à lui, quoi qu'il n'eût pas merité ce traitement. Il réfolut donc par le confeil des évêques, d'envoïer à Rome des députez pour s'expliquer plus sûrement avec le pape. On choifit pour cette negociation Guillaume de Varelvalt évêque d'Excefter, quoiqu'il cût perdu la vûë, parce qu'il étoit fort connu du pape, vers lequel il avoit été plufieurs fois envoïé du tems de faint Anfelme ; & le roi étoit affuré de fon habileté & de fa fidelité.

Cependant l'Ordre de Cifteaux croiffoit de jour en jour. Dès l'année precedente 114, l'abbaie de Pontigny fa feconde fille, fut fondée à quatre lieues d'Auxerre, dans la terre d'un chanoine de cette églife nommé Hebert, & Hervé comte de Nevers contribua à cette fondation: on en reconnoît toutefois pour fondateur Thibaut comte de Champagne, parce qu'il en fit depuis bâtir l'églife. Le premier abbé de Pontigni fut Hugues de Mafcon, depuis évêque d'Auxerre. Cette année 1115. furent fondées les deux autres filles de Cifteaux, Clairvaux & Morimond, toutes deux dans le diocefe de Langres. Les fondateurs de Morimond furent Orri d'Aigremont & Adeline fa femme feigneur de Choifcul: le premier abbé fe nommoir Arnold. Voilà les quatre premieres filles de Cifteaux, la Ferté, dont j'ai déja parlé, Pontigni, Clairvaux, & Morimond; toutes les autres en dépendent, & la plupart en font forties.

La fondation de Clairvaux merite d'être rapportée plus au long. Cette terre fituée fur la ri

AN. 111.

XXXII.

S. Bernard abbé de Clairvaux.

viere d'Aube, fut donnée par Hugues comte Vite lib. 12 de Troïes; & la maifon établie le vingt-cinquiés.Exord. me de Juin 1115. C'étoit auparavant une re- dift. 2. Golg traite de voleurs; & le lieu fe nommoit la vallée d'Abfinthe, foit à caufe de cette herbe qui y croiffuit abondamment, foit à caufe de la détreffe de ceux qui tomboient entre les mains des voleurs. Etienne abbé de Cifteaux y envoïa de fes moines, & leur donna pour abbé faint Bernard, quoi qu'il n'cût que vingt-quatre ans d'âge & un an de profeffion. Auffi fes confreres s'en étonnoient, & craignoient qu'il ne pût feûttenir cette charge: tant à caufe de fa jeunesse, que de la foibleffe de fa fanté. Comme Jofceran évêque de Langres étoit abfent, Bernard s'adreila à l'évêque de Châlons, Guillaume de

Vit. c. 7.

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