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AN. 1116. retira à Albane. Leur fureur tomba principalement fur la maifon & les tours de Pierre de Leon. Le pape aïant gagné quelques feigneurs Romains par fes largeffes, il y eut un combat où les féditieux furent battus; mais la plupart de ceux qui avoient fait ferment au pape, l'abandonnerent, à l'exemple de Ptolomée qui en étoit le chef. Tout le pais fe fouleva contre lui; & la guerre civile ne fe ralentit que par les travaux de la moiffon & les chaleurs de l'été.

XL.

de Maïen

ce contre

perg. an. 1117.

L'empereur Henri étoit roûjours en LombarAlbert ar- die faifant negocier fa paix avec le pape, qui dichevêque foit: J'ai gardé ma parole, quoique donnée par force, je ne l'ai point excommunié; mais il l'a l'empereur été par les principaux membres de l'église, & je Ab Urf ne puis lever cette excommunication que par leur confeil, dans un concile où les parties foient entendues. Je reçois tous les jours des lettres des Ultramontains qui m'y exhortent, princi palement de l'archevêque de Mayence. En effet ce prélat nommé Albert étoit le plus declaré contre l'empereur. Il avoit été fon chancelier & fon plus intime confident; & ce fut principalement par fon confeil, que Henri fit arrêter le pape Pafcal. Mais quand Albert vit que privilege accordé par le pape étoit condamné de tout le monde, & l'empereur excommunić par l'archevêque de Vienne & par la plupart des évêques; il prit parti contre l'empereur,qui l'aïant découvert, le fit arrêter en 1112. & le retint trois ans dans une étroite & dure prifon.

Serrar. Magnus P.

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Sup. n. 3.

Visp. an.

ALL2.

Ed. 1115.

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A la Touffaints 1115. l'empereur indiqua une cour pleniere à Mayence, où les citoïens profitant de l'occafion, vinrent tout d'un coup en armes environner fon palais; quelques-uns même fe jetterent dans la cour en furie, & tous demanderent avec de grands cris la liberté

de leur prélat. L'empereur fut obligé de leur AN. 11164 promettre ce qu'ils demandoient & d'en donner des ôtages, puis il fortit de la ville; & peu de jours aprés il délivra le prélat, fi attenué des mauvais traitemens qu'il avoit foufferts dans sa prifon, qu'il ne lui reftoit que la peau & les os. Albert fe rendit à Cologne pour être facré par le legat Dietric; mais ce prelat étant mort en chemin, il fut facré au même lieu le jour de faint Etienne, 26. Decembre 1115. par Orton évêque de Bamberg. Depuis ce tems Albert fut an. 1116. le plus grand ennemi de l'empereur, & pendant l'abfence de ce prince, l'Allemagne étoit pleine de féditions, de meurtres, d'incendies & de pillages.

La comteffe Mathilde étoit morte la même annee 1115. le vingt-quatrième de Juillet, veille de S. Jacques, âgée de foixante & neuf ans, & ceux qui en avoient apporté la nouvelle à l'empereur, l'invitoient à venir recueillir cette ample fucceffion. Car il ne paroît pas que l'on eût alors égard aux donations que cette princeffe avoit faites à l'église Romaine, ni que le pape Pascal se foit mis en devoir d'en prendre poffeffion. Ce fut le principal motif du voïage de l'empereur en Italie; & il étoit pour ce fujet en Ligurie au tems de Pâques 1116, quand il apprit ce qui s'étoit paffé à Rome, & la fedition qui avoit obligé le pape à fe retirer. Il en eut bien de la joie, & il envoïa les prefens imperiaux au nouveau prefet & aux Romains, leur mandant qu'il iroit lui-même à Rome.

Ily vin en effet avec une armée l'année fuivante 1117. Le pape ne l'attendit pas, mais il fe retira au mont-Caffin, ou à la priere de toute la communauté, il rétablit Landulfe archevêque de Benevent, dépofé au concile de Ceperan; puis paffant par Capoue, il arrivą à

Dodech

Dimniz

Ab Urspi

Baron, and 15.

Chr. Caff

IV. c. 604

XLI. L'empe reur à Ro

me.

c. 61.

Sup. n. 26,

AN. 1117. Benevent. Cependant l'empereur entra à Rome où il attira à fon parti les confuls,les fenateurs & les grands, les uns par prefens, les autres par pro melles. Il donna en mariage fa fille Berthe à Prolomée chef du parti contraire au pape, qui étoi de la famille Octavia,& fils du conful Ptolomée Il lui fit de grands prefens, & lui confirma tou ce qu'avoient eu fon aïcul Gregoire & ses autres parens. L'empereur celebra à Rome, avec grande folemnité, la fête de Pâques, qui cette année Petr Pifan. 1117. fut le vingt-cinquiéme de Mars. Il alla à S. Pierre & deinanda la couronne au clergé de Rome; difant qu'il étoit venu pour la recevoir de la main du pape, dont il regardoit l'abfence comme un malheur pour lui, ne defirant que de rétablir l'union entr'eux. Le clergé de Rome répondit que la conduite de l'empereur ne répondoit pas à fes difcours; puifqu'il étoit venu en armes, & faifant autour de Rome toutes fortes d'actes d'hoftilité; prenant la protection de l'abbé de Farfe & de Ptolomée, tous deux excommuniez.

ep. 3.

Sur ce refus, l'empereur s'adressa à Maurice Bourdin archevêque de Brague, qui étoit auprès de lui en qualité de legat du pape pour traiter la Gelaf. II. paix; & reçut de fa main la couronne imperiale devant le corps de S. Gregoire, dans l'églife S. Pierre. Le pape & l'empereur envoïerent de part & d'autre, pour traiter de la paix ; mais ils ne pûrent convenir; & l'empereur craignant les chaleurs de l'êté, fe retira avec promeffe de revenir quand la faifon feroit adoucie. Il laifla à Ptolomée des troupes Allemande, qui repoufferent les Normans, que le pape avoit ap t. x. p.812. pellez. Le pape cependant tint un concile à Benevent au mois d'Avril, où il excommunia l'archevêque de Brague, qui avoit couronné l'empereur.

XLII.
Turftain

Pendant que le pape Pafcal étoit à Benevent, AN. 11174 Raoul archevêque de Cantorberi, arrivé en Itaie la même année 1117. lui envoïa de Rome, οι avoit été obligé de s'arrêter, des députez & archevèq. Hes lettres. Or voici le fujet de fon voiage. Le wingtiéme de Mars 1116. Henri roi d'Angle

d'Yorc. Edmer, S. Novor.

erre voulant paffer en Normandie, tint un p. 90
parlement où il fit reconnoître pour fon fuccef-
Teur Guillaume fon fils aîné. En même tems on
Examina le differend entre l'archevêque de Can-

orberi & celui d'Yorc. Car Thomas archevê- Goduin de que d'Yorc étant mort le dix-neuviéme de Fé- praf. Angl vrier 1114. un des chapelains du roi nommé Turftain fut élu pour lui fucceder du confentement de Raoul archevêque de Cantorberi; mais quand Raoul lui demanda la foûmission que fes rédeceffeurs avoient accoûtumé de faire aux archevêques de Cantorberi, il refufa d'être facré cette condition. Il envoïa même à Rome, efperant obtenir du pape la décharge de cette oumiffion; mais il n'y réüffit pas ; quoi qu'Ives de Chartres eût écrit au pape en fa faveur, rendant témoignage à fon merite, & traitant de outume indue la prétention de l'archevêque de Cantorberi. Le roi voïant que Turftain s'opi- Ivon, epift niâtroit à ce refus, par la confiance qu'il avoit en fa protection: lui déclara qu'il feroit la foûmiffion comme fes predeceffeurs, ou qu'il ne feroit pas archevêque d'Yorc. Turftain prit ce dernier parti affez legerement, & renonça à l'archevêché, mais voiant ceffer les honneurs aufquels il commençoit à s'accoûtumer, il s'en repentit & fuivit le roi en Normandie, efperant qu'il lui rendroit fa dignité. Le roi ne trouva point de meilleur moien pour le favo rifer, que de differer & ne point remplir le hege d'Yorc.

La même année 1116, vers le mois d'Août,

276.

Anfelme, neveu du faint archevêque; revint d Rome; & apporta des lettres du pape qui l'éta

bliffoient legat en Angleterre. La nouvelle e aiant été portée dans le roiaume, les évêque & les feigneurs s'affemblerent à Londres en prefence de la reine, & on refolut que l'archeve que de Cantorberi, que cette affaire regardoi principalement, iroit trouver le roi en Nor mandie, lui expoferoit l'ancienne coûtume & la liberté du roïaume; & fi le roi en étoit d'a vis, il iroit à Rome pour faire abolir ces nouveautez. L'archevêque qui defiroit de faire le voiage de Rome par devotion, embraffa volontiers cette refolution; il passa la mer avec une nombreuse suite & un équipage magnifique, aïant entr'autres avec lui le moine Edmer difciple de faint Anfelme, qui a écrit cette hiftoite. L'archevêque trouva le roi d'Angleterre à Rouen, où étoit auffi le legat Anfelme, attendant la permiffion de paffer en Angleterre pour y exercer fa legation; mais le roi le retenoit pour ne pas porter préjudice aux coûtumes de fon roïaume, & cependant le défraïoit liberalement.

L'archevêque Raoul aiant expliqué au roi le fujet de fon voïage, prit par fon avis le chemin de Rome. Une dangereufe maladie l'arrêta en France le refte de l'année 1116. & il celebra à Lion la fête de Noël. Etant entré en Italie,

il fut encore arrêté à Plaisance par la maladie de Hebert évêque de Norvic, qui l'accompagnoit en qualité d'envoïé du roi vers le pa pe. Cet évêque aïant été à l'extremité ne palla pas plus avant; & l'archevêque continua fon cheimin jufques à Rome; mais le pape étoit à Benevent, & il n'y avoit pas de sûreté à l'aller trouver. L'archevêque fe contenta donc de lui envoier des députez, avec des lettres, & il en

reçut

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